Le verset 38 du chapitre 3 du livre de Baruch a toujours été considéré, et à juste titre puisqu’il l’est de façon éclatante, comme une prophétie christique. Le voici avec les deux versets précédents (pour ne pas recopier tout le chapitre, mais c’est encore plus impressionnant de lire le verset 38, qui est le dernier, comme la conclusion de tout le chapitre) :
« C’est lui qui est notre Dieu, et aucun autre ne lui est comparable. Il a trouvé (ou : scruté) toute voie de connaissance, et l’a donnée à Jacob son serviteur, et à Israël son bien-aimé. Après cela il a été vu (ou : il a apparu) sur la terre, et il a conversé avec (ou : parmi) les hommes. »
On fait immédiatement le rapprochement avec le prologue de l’Evangile de saint Jean : « Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. »
C’est toujours ainsi que la tradition l’a compris, selon son sens obvie, et ce texte se trouve même deux fois dans la liturgie byzantine de Noël (aux « grandes heures » du 24 décembre et aux premières vêpres de la Nativité).
Inutile de préciser que dans la soi-disant Bible de la liturgie, le texte a été maquillé :
« Ainsi, la Sagesse est apparue sur la terre, elle a vécu parmi les hommes. »
On ajoute « la Sagesse » qui ne se trouve pas dans le texte, et, certes, par « la Sagesse » on peut comprendre le Christ, mais ce n’est pas évident quand on n’isole pas le verset de ceux qui précèdent.
Et si l’on va voir dans la Bible de Jérusalem s’il y a une explication, on découvre cette traduction :
« puis elle est apparue sur terre, et elle a vécu parmi les hommes ».
Qui, elle ? « La voie entière de la connaissance », semble-t-il.
Et il y a une note qui dit :
« En s’incarnant dans la loi juive : ce n’est pas une pensée universaliste. »
Bref, non seulement « la voie entière de la connaissance » ne doit pas être vue comme la Sagesse qui représente le Christ, mais il s’agit uniquement de la loi juive. Dans son exclusivité. A rebours de l’enseignement des prophètes…
Le plus fort est que les nouveaux traducteurs ne font même pas cela par servilité envers le texte massorétique, comme à leur habitude, puisque les juifs considèrent le livre de Baruch comme apocryphe, donc ils se moquent bien de savoir comment on le traduit. Et d’ailleurs on n’en a plus le texte hébreu. Il ne reste que le texte grec. Or, si le texte lui-même ne permet pas de déterminer quel est le sujet des deux verbes du dernier verset, toute la tradition, corroborée par le texte latin de la Vulgate qui est très ancien, très antérieur à saint Jérôme, montre qu’il s’agit de Dieu.
Les nouveaux traducteurs sont tellement à plat ventre devant les rabbins que, même si les rabbins n’ont rien à faire de la traduction d’un texte qu’ils ne reconnaissent pas comme inspiré, il faut quand même qu’ils fassent comme si les rabbins étaient derrière leur dos pour surveiller qu’ils ne succombent pas à cette idée farfelue qu’il y aurait dans l’Ancien Testament des prophéties qui annoncent le Christ…
D’ailleurs il y a longtemps qu’il n’y a plus besoin de rabbins, c’est devenu chez eux une seconde nature.
Commentaires
Merci encore une fois pour ces commentaires éclairants sur les Bibles actuelles. Juste une question : la traduction du chanoine Crampon souffre-t-elle des mêmes défauts ?
Je m'associe à la question.
Je ne connais pas assez la Bible Crampon pour vous répondre de façon générale, sinon qu'elle se base elle aussi sur les prétendus "textes originaux".
Mais en l'occurrence Baruch 3, 38 est correctement traduit.
Il n'y a pas de doute on va vers le noachisme à grand pas !
Merci infiniment pour ces commentaires sur la Bible de Jérusalem. Plus que jamais, il est important de souligner que l'Ancien Testament annonce le Nouveau, que les prophéties relatives à Notre Seigneur se sont bien réalisées. C'est d'ailleurs un argument puissant pour convertir les musulmans car cela montre la cohérence et la force des deux Testaments qui n'ont nullement été falsifiés comme on l'entend désormais partout y compris dans les cours de récréation...