La prophétie d’Isaïe 40, 3 est célèbre parce qu’elle est reprise dans les quatre évangiles, soit pour évoquer saint Jean Baptiste, soit mise dans la bouche même du Précurseur (par l’évangéliste saint Jean), et parce qu'elle se trouve aux laudes de tous les jours de l'Avent :
Voix de celui qui crie dans le désert : « Préparez la voie du Seigneur… »
En fait c’est tout le chapitre qui est une claire prophétie christique, puisqu’il annonce la consolation par la rémission des péchés, et la venue du Seigneur dans la puissance mais comme un pasteur qui va paître son troupeau, rassembler ses agneaux et les mettre dans son sein, et porter les brebis pleines.
La Bible de Jérusalem dit :
Une voix crie : « Dans le désert, frayez le chemin de Yahvé… »
De nombreuses autres Bibles modernes (pas toutes, cependant) adoptent cette ponctuation. Parce que c’est celle de la Bible massorétique, stupidement considérée comme le « texte original ».
La Bible de Jérusalem met une note pour dire que « les évangélistes (…), citant ce texte d’après les LXX (…), l’ont appliqué à Jean-Baptiste annonçant la venue prochaine du Messie ». Toujours cette distanciation, perpétuelle : c’est pas nous, c’est les évangélistes, nous on ne prend pas parti…
Mais ce n’est pas seulement le texte des Septante. Lorsque saint Jérôme a effectué sa propre traduction (d’après un authentique original, comme l’avaient fait les Septante), il a lui aussi traduit de la même façon : Vox clamantis in deserto : Parate viam Domini.
C’est un des nombreux exemples où la Bible juive cherche à amoindrir, à estomper, les prophéties christiques, ici à l’aide de la ponctuation.
La « voix de celui qui crie dans le désert », cela renvoie immédiatement à Jean Baptiste, parce qu’il est la voix qui annonce le Verbe, et qu’il vit dans le désert, ce que soulignait Jésus dans l’évangile de dimanche dernier : « Qu’êtes-vous allé voir dans le désert ? »
Mais si c’est une voix qui crie qu’il faut préparer le chemin de Dieu dans le désert, ce n’est plus du tout aussi évident.
Or dans les vrais textes originaux (que nous n’avons pas) il n’y avait pas de ponctuation. La ponctuation qui s’impose naturellement est celle des Septante et de saint Jérôme, ou plutôt celle qu’on a traditionnellement et naturellement et unanimement ajoutée, puisqu’il n’y avait pas non plus de ponctuation dans les manuscrits grecs et latins.
Non seulement la ponctuation massorétique découpe le texte de façon non naturelle, mais en outre elle met « deux points ouvrez les guillemets » au beau milieu de l’expression qui est devenue en hébreu celle qui veut dire « prêcher dans le désert ». Ce qui souligne encore le côté artificiel de l’entreprise. Artificiel, et surtout antichrétien. Et repris benoîtement par des Bibles « catholiques »…
Commentaires
Merci pour ces commentaires. Il est vraiment important de remettre à leurs places respectives les différentes versions de la Bible.
la version massorétique de la Bible est la plus récente de toutes les "sources" actuelles
elle a été faite très tard, pour contrer les versions chrétiennes
il faut toute la stupidité ou toute la mauvaise foi des traducteurs modernes pour lui donner une valeur supérieure à celles de la Septantes ou de la Vulgate sous prétexte qu'elle est en hébreux
Les notes et les introductions contenues dans les dernières éditions de la Bible de Jérusalem sont à tomber par terre, un catholique qui n'a aucune formation orthodoxe en critique textuelle aura bien du mal à ne pas devenir athée en les lisant! Les sites musulmans qui attaquent le christianisme ne se privent pas pour reprendre ces notes à cœur joie pour démolir l'intégrité textuelle de la Bible. Il ne faut pas s'étonner que l'un des premiers éléments que mentionne un converti à l'islam pour justifier son apostasie, concerne la prétendu falsification de la bible et la reconnaissance de cette prétendu falsification, par ces exégètes crypto-athées distillant leur poison corrupteur à travers des choix de traductions douteux et des notes relevant de l'hyper-scepticisme. Hélas comme les prêtres s'accrochent à des catéchismes ne répondant plus aux attentes du débat inter-religieux, je crains le pire le jour où des musulmans lanceront un tractage sur le sujet aux abords des églises...