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Saint Antoine-Marie Claret

Pendant ma deuxième année de philosophie à Vic, il m'est arrivé ce qui suit: au cours de l’hiver, j'ai été enrhumé et on m'obligea à garder le lit. Un jour, alors que j'étais au lit, à dix heures et demie, une terrible tentation me survint [contre la chasteté]. J'ai eu aussitôt recours à la Sainte Vierge, j'ai invoqué mon ange gardien et je me suis adressé aux saints pour lesquels j'avais une plus grande dévotion. Je m'efforçais de fixer mon attention sur des objets quelconques pour me distraire et faire évanouir la tentation. Je faisais des signes de croix en demandant à Dieu de me délivrer de ces mauvaises pensées, mais en vain.

Finalement, je me suis retourné de l’autre côté de mon lit pour voir si la tentation m'abandonnerait. Tout à coup, je vois la très sainte Vierge qui se présente à moi, très gracieuse et très belle; sa robe était rouge foncé et son manteau bleu. J'ai vu entre ses bras une grosse guirlande formée des plus belles roses. J'en avais vu de belles à Barcelone, mais jamais d'aussi splendides que ces fleurs du ciel. Que tout me paraissait merveilleux! Bien qu'étendu dans mon lit, je me voyais sous la forme d'un enfant très beau, agenouillé et les mains jointes. Je ne perdais pas de vue la très sainte Vierge, fixant mes yeux sur elle, et je me souviens d'avoir eu cette pensée: "Comment! C’est une femme et c'est-elle qui t'enlève toutes ses mauvaises pensées." La Mère de Dieu m'adressa la parole: "Antoine, me dit-elle, si tu vaincs, tu auras cette couronne". J'étais si ému que je n'arrivais pas à dire un seul mot. Et je vis qu'elle me plaçait sur la tête une couronne de roses qu'elle avait à la main droite, indépendamment de la guirlande dont j'ai déjà parlé. Je me voyais couronné de roses, toujours sous la forme de ce petit enfant et je ne disais pas un mot.

J'ai vu aussi un groupe de saints qui étaient à la droite de Marie, dans une attitude de prière. Je ne les ai pas reconnus; l’un d'eux semblait être saint Étienne. Je croyais en ce moment, et je le crois encore, que c'était mes saints patrons, qui priaient et intercédaient afin que je ne succombe pas à la tentation. Ensuite, j'ai vu, à ma gauche, un grand nombre de démons qui se repliaient en ordre, comme des soldats après une bataille, et je me disais: "Quelle troupe nombreuse et redoutable !" Pendant toute cette scène, je demeurais muet de saisissement et je ne me rendais pas compte de ce qui se passait. Dès que la scène s'évanouit, je me suis senti délivré de la tentation et rempli d'un contentement si grand que je ne comprenais pas ce qui m'était arrivé.

Et pourtant, je sais pertinemment que je ne dormais pas et que je n'éprouvais ni vertiges ni d'autres malaises capables de produire une telle illusion. Ce qui me donne à croire que c'était une réalité et une grâce spéciale de la très sainte Vierge, c'est que j'ai été immédiatement délivré de la tentation et que pendant de longues années, jamais je n'ai éprouvé aucune tentation contre la chasteté. Si j'en ai ressenti, elles ont été si faibles qu'elles ne méritent pas le nom de tentations. Gloire à Marie ! Victoire de Marie !

Autobiographie, 95-98

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