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Saint Alphonse de Liguori

Alors que les moralistes laxistes et jansénistes, par leurs exagérations en faveur du probabilisme ou contre lui, avaient contribué à faire perdre jusqu’au sens moral à la classe la plus cultivée et la plus aisée, les Ordres religieux, dans le royaume de Naples, s’étaient comme repliés sur eux-mêmes, attentifs à conserver leur patrimoine et à défendre contre l’État, les évêques et les barons, leurs immunités et leurs exemptions. Quant à la Cour, elle regardait l’Église comme ayant confisqué à son avantage les droits de la couronne ; et, par l’intermédiaire de Tanucci elle préparait déjà un système de lois éversives, pour substituer au pouvoir pontifical le pouvoir royal jusque dans les intimes retraites du sanctuaire. Le clergé du royaume de Naples était nombreux, mais la vocation ecclésiastique était considérée fort souvent comme une simple carrière, assurant au candidat les revenus d’un bénéfice. Il ne faut donc pas s’étonner si, en un tel état de choses, le peuple des campagnes était abandonné à lui-même, plongé dans l’ignorance et dans le vice.

A de si grands maux, saint Alphonse vint enfin apporter remède, revêtu de la triple mission de docteur, d’évêque et de fondateur d’une nouvelle famille religieuse. Comme docteur, il traça la voie moyenne entre les excès des laxistes et ceux des rigoristes ; il popularisa dans ses livres ascétiques la piété catholique, la dévotion à Marie, à Jésus au Saint-Sacrement, à la Passion, et défendit contre les disciples de Tanucci les droits suprêmes de l’Église et du Pape. Pour cela il fut parfois obligé de faire imprimer ses œuvres en cachette et hors du territoire napolitain.

Comme apôtre et évêque, saint Alphonse se proposa d’imiter le Divin Rédempteur dans ses courses évangéliques à travers les villages de la Galilée et de la Judée, et il fonda une congrégation de missionnaires qu’il destina spécialement, non aux cités populeuses, mais aux pauvres paysans et aux montagnards.

Enfin, fondateur d’une nouvelle famille religieuse, le Saint a le mérite d’en avoir adapté les buts aux besoins du temps, et d’avoir mené à bonne fin son édifice spirituel à travers mille contradictions. Au lieu de fonder de nouveaux ordres réguliers, le pouvoir royal voulait alors supprimer les anciens, et allait jusqu’à exiger de Clément XIV la suppression de la Compagnie de Jésus.

Que la congrégation fondée par Alphonse ait pu demeurer pendant un si grand nombre d’années flottant en pleine mer orageuse, ce fut un vrai miracle. Le roi de Naples refusa jusqu’à la fin d’accorder l’exsequatur au décret pontifical d’approbation. Cet état illégal ne pouvait pas ne pas décourager les disciples mêmes du Saint ; aussi plusieurs d’entre eux désertèrent-ils ; les maisons de la Congrégation du Très-Saint-Rédempteur ouvertes dans l’État Pontifical finirent par proclamer un schisme, et exclurent de l’Institut le Fondateur lui-même, avec les maisons du royaume de Naples. Alphonse supporta tout avec sérénité ; il succomba bien au déchirement intérieur, mais confiant en Dieu il comprit quand il mourut (le 1er août 1787) que son sacrifice mettrait fin à l’épreuve. Après la mort de saint Alphonse la scène change : le Fondateur expulsé est élevé sur les autels, et sa congrégation étend ses frontières au delà de l’Italie et de l’Europe.

Bienheureux cardinal Schuster

Commentaires

  • Grâce à cette note biographique, on réfléchit à cette période qui va de la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle pré-révolutionnaire des cours "catholiques" de l'Europe du sud et de la France.

    On constate alors c'est probablement la Révolution française qui a sauvé la papauté (comme le prétend monsieur Besançon). Les Bourbon (de France, d'Espagne et du sud de l'Italie), les rois du Portugal, violant la liberté religieuse de façon récurrente, supportaient de plus en plus mal le pape et la religion. Ils voulaient en réduire l'influence.

    Selon monsieur Besançon, les Bourbon méditaient la suppression de la papauté lorsque survint la Révolution...

    L'histoire est plus compliquée que ne l'imaginent nos maurrassiens et autres traditionalistes.

    Plus spécialement sur saint Alphonse:

    On m'a raconté que saint Alphonse de Liguori, usant probablement de son autorité d'évêque sur les catholiques, condamnait les concubinaires à la prison. Je ne sais si c'est vrai ou si c'est une rumeur infondée.

    À ceux qui se scandaliseraient des condamnations de saint Alphonse (si elles étaient avérées), je répondrais que c'est la publicité du péché qu'il aurait condamné, car ce n'étaient pas les rapports sexuels hors mariage qu'il condamnait pénalement (ces rapport sexuels hors mariage font partie probablement de ce droit à faire le mal que, selon moi, visait Pie XII), mais la publicité. C'est cette publicité qui aurait fait tomber ces agissements sous le coup de la répression pénale.

    Saint Alphonse mourut dans de grandes peines morales comme le laisse supposer le récit du cardinal Schuster: exclu de l'ordre qu'il avait fondé, sa vie se terminait en complet échec apparent. Ce fut le sort de Jésus-Christ lui-même et de tous les martyrs dans le fond. Devictus, vincit.

  • Vous déraillez complètement en parlant de droit à faire le mal. Le mal n'a jamais de droit. La Bible condamnait les homosexuels à la peine de mort. Et elle avait raison.

  • Bien sûr, c'est très choquant de lire cela. Mais songez que le droit n'atteint pas tout, il n'est pas superposable à la morale (dont il n'est pas indépendant cependant).

    La liberté religieuse, si l'on y réfléchit bien, fonde des droits à faire le mal et n'est limitée que par l'ordre public, qui n'atteint pas tout acte mauvais.

    Cela écrit, je ne sais s'il est très prudent de ma part d'écrire cela, car des lecteurs pourraient s'imaginer qu'il y aurait un "droit à l'avortement" ou un "droit à tuer mon prochain". Ce n'est évidemment pas le cas. Cela veut simplement dire que dans des actions de peu de conséquences sociales, le droit enseigne que l'autorité n'a pas de titre à intervenir. Si le droit n'atteint pas tout le mal, et même que cela lui est interdit, il n'en reste pas moins qu'il y a un Dieu qui rendra à chacun ce qui lui est dû et qui punira jusqu'à toute parole oiseuse (Mt 12,36).

    Nous tous ne pouvons espérer que dans la miséricorde, nous le savons tous.

    Je prie d'avance tout lecteur que je pourrais scandaliser, car toute vérité n'est pas bonne à dire... Je ne veux évidemment pas inciter quiconque à dire du mal de son prochain, à simplement à être saoulant ou à faire des choses du genre qu'il a le droit de faire mais qui sont un mal objectif dont il rendra compte. Merci de bien me comprendre.

  • Vous ne me scandalisez pas : vous êtes dans l'erreur la plus totale. Vous n'êtes même pas catholique. Vous êtes excommunié.

  • Calmez-vous !

    Sinon c'est vous qui allez être excommunié (de mon blog) !

    :)

  • Bonjour,

    Peut-être, je dis bien peut-être, s'agit-il, non d'un droit à faire le mal, ni, encore moins, du droit de faire le mal, mais du principe du moindre mal, dont il est question ici :

    http://www.revue-kephas.org/03/4/Perrenx133-139.html

    Bonne journée.

    A Z

  • Ce que mes honorables contradicteurs ignorent, c'est la distinction entre la morale personnelle et le droit (d'où l'objection du "moindre mal" qu'il n'est certes jamais licite de choisir quant à la morale individuelle).

    Je leur demande donc de ne pas tenir compte de ce que j'ai écrit et qui les scandalise. Comme la liberté religieuse scandalise les lefebvristes.

    Avant de discuter, il vaudrait mieux que l'on commence à savoir de quoi il s'agit de quoi on traite, quelles matières on traite. Les lefebvristes mélangent allègrement le droit la morale, la spiritualité, la théologie, la psychologie, la sociologie et à partir de ce chaos intellectuel pérorent et condamnent. Ils font penser aux "grands savants" de l'islam.

    Oubliez donc tout cela, je crois que je suis imprudent d'énoncer certaines vérités que les lecteurs ne sont pas à même de saisir.

  • Mais il y a une bonne base de discussions : le Catéchisme. Il faut commencer par là.

  • Bonjour et bon dimanche,

    J'ai déjà du mal à être un honorable contributeur, et j'aurais encore plus de mal, si je m'y essayais, à être un honorable contradicteur de qui que ce soit ; pour autant, je ne suis pas de ceux qui confondent morale personnelle et droit.

    Il n'y a pas besoin d'être intégriste, il n'est pas nécessaire d'être lefebvriste, bien sûr, pour être scandalisé, non par la notion de liberté religieuse, mais, un peu, par les apories ou impensés qu'elle comporte, et, surtout, par la confusion contemporaine entre liberté et licence, notamment en matière religieuse.

    A mon sens, la notion de liberté religieuse n'a de sens que s'il s'agit de liberté responsable en matière religieuse, id est d'une liberté responsabilisante, pour les individus comme pour les institutions privées ou publiques, pour les communautés familiales comme pour les communautés politiques ou religieuses.

    Et il ne s'agit de liberté responsable en matière religieuse que si l'usage de cette liberté est respectueux, notamment, de la dignité et de la liberté, en soi-même et chez les autres, mais aussi de la loi naturelle et de l'ordre public.

    Parmi les apories ou impensés auxquels je pense, il y a, je le crois, ce qui suit : il semble vraiment que les auteurs de DH aient pensé avant tout à l'exemption de contrainte étatique publique en matière religieuse, l'Etat ne devant être ni prescripteur, ni proscripteur, mais seulement régulateur de l'ordre public, en matière religieuse.

    Or, d'une part, on peut se demander dans quelle mesure un Etat qui prescrirait ou qui prescrit une philosophie officielle telle que le constructivisme rationaliste, comparable à une religion séculière, n'est pas ou ne serait pas prescripteur en matière religieuse.

    Et, d'autre part, on peut se demander dans quelle mesure la mise en avant et en valeur du relativisme systématique par les opérateurs, notamment audio-visuels, n'a pas valeur de soumission à une contrainte médiatique, privée ou publique, et non à une contrainte étatique, policière et judiciaire.

    Je viens d'essayer de parler de deux apories ou impensés, inhérents à la notion de liberté religieuse, telle qu'elle figure dans DH, j'essaye à présent d'en venir à la confusion contemporaine entre liberté et licence en matière religieuse.

    Vous connaissez peut-être cette "espèce de sortie" à laquelle j'ai déjà eu droit, plusieurs fois, dans ma vie : "on est en démocratie, DONC on fait ce que l'on veut", en l'occurrence, en matière religieuse ; je crois inutile de dire qu'une démocratie dans laquelle on assimilerait le droit à la liberté religieuse au droit de croire en n'importe qui ou en n'importe quoi, par n'importe quels moyens, pour n'importe quelles raisons, serait une démocratie bien malade. Précisément, ne l'est-elle pas ?

    Il me semble que chacun d'entre nous est porteur d'une vocation à l'ouverture sur un triple horizon : celui de la véritable dignité de l'homme, celui de la véritable liberté de l'homme, et celui de la recherche de la vérité objective, notamment en matière religieuse.

    Je me méfie un peu, non avant tout pour des raisons juridico-politiques, ni avant tout pour des raisons morales ou religieuses, d'une "anthropologie", d'une "civilisation", d'une "post-modernité", dans laquelle on considère comme allant de soi l'évacuation ou l'occultation de la question de la recherche de la vérité objective, en l'espèce en matière religieuse.

    A ma connaissance, il n'y a pas qu'en matière religieuse que la confusion contemporaine entre liberté et licence se double d'une autre confusion contemporaine, entre vérité et consensus, or le consensus peut être dissimulateur ou falsificateur de bien des aspects, enjeux, impacts, objets.

    Mais, en écrivant tout cela, j'espère que je ne mélange pas "allègrement le droit, la morale, la spiritualité, la théologie, la psychologie, la sociologie" et que, "à partir de ce chaos intellectuel", je ne suis pas de ceux qui "pérorent" et qui "condamnent".

    Bon dimanche et à bientôt.

    A Z

  • Excusez-moi (réponse à A Z), je n'ai rien compris.

    Quant à Denis Merlin, je lui cite le passage bien connu de Léon XIII sur le moindre mal :

    « L’Église, tout en n’accordant de droits qu’à ce qui est vrai et honnête, ne s’oppose pas cependant à la tolérance dont la puissance publique croit pouvoir user à l’égard de certaines choses contraires à la vérité et à la justice, en vue d’un mal plus grand à éviter ou d’un bien plus grand à obtenir ou à conserver » (encyclique Libertas praestantissimum).

    Il faut s'en tenir là.

    Le mal n'a jamais de droit. Mais on peut tolérer le mal chez autrui, pour éviter un mal plus grand.

  • Contrairement à ce que semblent croire certains, je ne cherche pas à avoir raison, je cherche la vérité.

    Donc si l'État doit tolérer le mal (dans certains cas), il en résulte un droit pour les citoyens de faire certain mal.

    Voici ce que j'ai trouvé dans Libertas sur ce sujet:

    http://www.vatican.va/holy_father/leo_xiii/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_20061888_libertas_fr.html

    « Bien plus, se trouvant impuissante à empêcher tous les maux particuliers, l'autorité des hommes doit "permettre et laisser impunies bien des choses qu'atteint pourtant et à juste titre la vindicte de la Providence divine" (S. August., De lib. arb., lib. I, cap. 6, nurn. 14.). Néanmoins, dans ces conjectures, si, en vue du bien commun et pour ce seul motif, la loi des hommes peut et même doit tolérer le mal, »

    Donc l'autorité DOIT tolérer certains maux. Ce n'est pas une faculté, c'est un devoir, il en résulte que ceux qui commettent ces maux disposent d'un droit opposable à les commettre. Il semble que Pie XII a conclu ainsi à partir des raisonnements de Léon XIII et de saint Augustin qu'il existait un droit opposable à être cause volontaire de certains maux. Reste à savoir quels maux. Je propose comme critère: ceux qui sont de peu de conséquences sociales ou de conséquences sociales trop onéreuses à empêcher.

    Cela ne veut pas dire, bien entendu, que ceux qui commettent ces maux et qu'ils ont le droit de commettre devant les hommes, sont quittes à l'égard de Dieu. Ils devront en rendre compte lors de leurs morts et éventuellement le payer cher (ici-bas, il semble que ce soit facile de se faire pardonner, dans l'autre monde, cela semble moins facile, on paie plus cher, mais c'est une autre histoire: voir sur ces sujets avec votre conseiller spirituel). Je ne veux évidemment scandaliser personne. Nous devons tous éduquer notre conscience.

    Cela dit je ne veux pas squatter le blog de monsieur Daoudal, je ne répondrai donc plus. Regrettant d'avoir peut-être scandalisé certains, ce qui n'était pas mon intention. Si devant les hommes c'est possible dans certains cas bénins, devant Dieu, évidemment, nous n'avons aucun droit de commettre le mal.

  • Le mal n'a jamais de droit. C'est comme si vous disiez : Satan a des droits. On ne peut que tolérer, chez autrui et non chez soi, le mal inévitable pour éviter un plus grand mal. Je ne peux, par exemple, détruire les distributeurs de préservatifs qui sont dans mon quartier : j'irais tout droit en prison.

  • Monsieur Ferrand avant d'écrire et surtout de critiquer avec virulence, apprenez à réfléchir: le mal n'est pas une personne, c'est une notion (c'est l'absence de bien, là où on serait en droit de le constater). Satan a des droits en tant que créature de Dieu.

    Autre chose:

    Je rectifie en ce qui concerne le droit: il ne s'agit que du droit pénal que visent Léon XIII et Pie XII, pas le droit civil.

  • Une notion, un concept n'a ni droit, ni obligation, ni créance, ni dette.

  • Je constate que vous ne tenez pas votre promesse de ne plus répondre.

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