Lettre de SS Pie XII au RP Kramer, supérieur général des Missionnaires du Précieux Sang, 10 mai 1949
Il y aura bientôt un siècle que Notre Prédécesseur d'immortelle mémoire, Pie IX, a institué dans l'Eglise universelle la fête du Précieux Sang de Jésus-Christ, par un Décret de la S. Congrégation des Rites [10 août 1849]. Il est dès lors normal que votre Compagnie, auquel ce culte tient particulièrement à cœur, désire commémorer dignement cet événement, comme Nous l'avons appris par vos lettres.
Nous louons fortement votre projet, et Nous avons confiance que la célébration de ce centenaire vise spécialement à rappeler aux hommes, souvent oublieux des bienfaits dont Notre Sauveur nous a gratifiés en versant son sang, qu'ils doivent méditer cet amour infini d'une âme attentive et s'efforcent à l'appliquer à eux-mêmes. Que tous se souviennent que le prix divin de notre rédemption fut offert au Père éternel afin de nous délivrer de la captivité du démon et de nous restituer dans l'adoption des fils de Dieu, c'est pourquoi que chacun ayant détesté ses péchés, s'efforce de réparer pour sa part les injures faites à Notre Rédempteur et L'entoure d'un amour sans bornes, prouvé par les témoignages d'une vie menée à nouveau suivant les mœurs chrétiennes.
Puisque le Christ a sanctifié la douleur humaine en versant son sang, que tous apprennent donc à supporter d'un esprit apaisé et tourné vers le ciel, leurs épreuves et leurs misères se rappelant cette parole divine : « Celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n'est pas digne de moi » (Matth. X, 38). Et, de même que notre Sauveur a voulu adoucir nos peines au milieu de ses supplices les plus affreux, apprenons donc à son exemple, à soulager les souffrances et les douleurs des autres en leur fournissant des remèdes et des consolations dans toute la mesure possible.
Voilà ce qu'enseigne le Sang très précieux de Jésus-Christ qu'il ne versa pas seulement autrefois par ses blessures mais qu'il offre encore aujourd'hui pour nous tous dans le sacrifice Eucharistique en hostie propitiatoire.
Méditez ces vérités d'une âme attentive, vous surtout dont l'Institut a pris le nom de ce culte, proposez-le en méditation à tous les autres chaque fois que l'occasion vous en est donnée, alors il est certain que la prochaine célébration du centenaire aura les fruits les plus salutaires.
Qu'elle en soit l'auspice ainsi que le témoignage de Notre bienveillance, cette Bénédiction apostolique que Nous vous accordons volontiers, cher fils, ainsi qu'à tous les membres de votre famille religieuse.