L’évangile est celui de la Cananéenne dont la fille est tourmentée par le démon (Matthieu 15, 21-28).
Par le fait qu’il s’agisse d’une païenne, et par son dénouement, l’épisode est très proche de celui de la guérison du serviteur du centurion, que saint Matthieu a raconté sept chapitres plus haut.
Dans les deux cas, Jésus fait l’éloge de la foi de la personne païenne, et guérit à distance en disant : que soit fait selon ta volonté (volonté qui, par la foi, rencontre donc la volonté divine qui épouse la volonté humaine).
Toutefois, la structure profonde du récit fait davantage penser aux Noces de Cana, dans l’évangile de saint Jean. Jésus répond durement à sa Mère, comme il répond durement à la Cananéenne, parce que « mon heure n’est pas encore venue ». A Cana parce que c’est avant sa « vie publique », face à la Cananéenne, en territoire païen, parce que l’évangélisation des païens sera le rôle de l’Eglise. (Le centurion, quant à lui, était à Capharnaum, et il était un « ami de notre peuple », selon les juifs en saint Luc.)
D’autre part, les « chiens » et les « miettes qui tombent de la table » font penser à la parabole du riche et de Lazare, en saint Luc. La Cananéenne qui mendie la guérison de sa fille comme une miette de pain qui tombe de la table des juifs est un peu l’alter ego du mendiant dont les chiens lèchent les ulcères.
D’autre part, si l’on pense à l’évidente signification eucharistique du récit des Noces de Cana – l’eau changée en vin comme le vin sera changé en sang du Christ – on peut voir par allusion une correspondance avec les miettes de pain (du pain des fils) qui figurent la guérison de la fille possédée – et l’Eglise souligne que le Christ est tout entier présent dans chaque miette du pain eucharistique (aux multiplications des pains Jésus demande de soigneusement ramasser les morceaux qui restent)…
L’antienne de communion de cette messe est alors la conclusion de tout ceci :
Panis, quem ego dédero, caro mea est pro sǽculi vita.
Le pain que moi je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde.