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Mercredi de la Septuagésime

La lecture des matines, ce jour, est le récit de la chute originelle (Genèse 3), qui est le centre de la liturgie de cette semaine. Récit de la chute, mais qui comporte aussi l’annonce que la Femme écrasera la tête du serpent : la Femme qui apparut à Bernadette, que nous fêtions hier, comme l’Immaculée Conception, la femme qui n’a pas été contaminée par le serpent.

Origène, dans son Contre Celse, se penche sur l’affirmation de la Genèse : quand ils eurent mangé le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, « leurs yeux s’ouvrirent ». C’est l’occasion d’un de ses beaux aperçus sur les sens corporels et les sens spirituels :

Moïse, décrivant la création du monde, représente l’être humain avant sa transgression tantôt voyant, tantôt ne voyant pas : il est dit voyant, lorsqu’il est écrit de la femme : « Le femme vit que l’arbre était appétissant à manger, séduisant pour les yeux, désirable pour acquérir l’entendement. » Il est dit ne voyant pas, non seulement dans les paroles du serpent à la femme, qui supposent des yeux aveugles : « Car Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront », mais encore lorsqu’il est dit : « Ils en mangèrent et leurs yeux à tous deux s’ouvrirent. » Ils s’ouvrirent donc, les yeux de leurs sens qu’ils avaient eu raison de tenir fermés, pour n’être pas empêchés par les distractions de regarder avec l’œil de l’âme ; mais les yeux de l’âme qu’ils avaient jusqu’alors plaisir à tenir ouverts sur Dieu et son Paradis, voilà ceux, je crois, qu’ils fermèrent par leur péché.

De là vient aussi que notre Sauveur, sachant qu’il y a en nous ces deux sortes d’yeux, déclare : « C’est pour un jugement que je suis venu en ce monde : pour que voient ceux qui ne peuvent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Par ceux qui ne voient pas, il laisse entendre les yeux de l’âme, à qui le Logos donne de  voir, et par ceux qui voient, les yeux des sens que le Logos rend aveugles, pour que l’âme voie sans distraction ce qu’elle doit voir. Tout homme donc vivant son christianisme comme il convient tient éveillé l’œil de son âme et fermé celui des sens. Et dans la mesure où l’œil supérieur est ouvert et fermée la vue des sens, chacun comprend et contemple le Dieu suprême et son Fils, qui est Logos, Sagesse, etc.

Origène, Contre Celse, VII, 39, traduction Marcel Borret.

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