Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Saint Simon et saint Jude

En dehors du fait qu’on ne parle jamais d’elle (à la notable exception de Benoît XVI le 11 octobre 2006), l’épître de saint Jude a comme étonnante particularité de citer deux textes apocryphes (des "pseudépigraphes", pour être précis)… et donc de les authentifier, du moins d’authentifier les citations qu’elle en fait. De nombreux auteurs ont tenté d’interpréter autrement ce qui à leurs yeux était impossible, impie, ou même de nier le fait, mais l’évidence est là. Et il n’est nul besoin de se livrer à des contorsions exégétiques pour que l’épître catholique de Jude soit catholique. Il suffit de prendre en compte que l’apôtre, pour se faire comprendre rapidement (son texte est très court), utilise des références qui « parlent » à ses contemporains. Il n’authentifie pas, il se sert comme d’images de citations connues de ses lecteurs.

La première fois, c’est justement pour couper court à un développement sur la façon de traiter les impies : « Cependant l'Archange Michel, lorsqu'il discutait avec le diable, lui disputant le corps de Moïse, n'osa pas porter contre lui un jugement injurieux ; mais dit : Que le Seigneur te commande ! »

Cette phrase est extraite d’un livre intitulé L’Assomption de Moïse, au témoignage de nombreux pères, mais ce livre n’est ni l’un ni l’autre des deux apocryphes existants qui portent ce titre. Cette idée d’une assomption de Moïse, disputée chez les plus anciens pères, vient de la fin très étrange du Deutéronome, où il est dit que Moïse, à 120 ans, voyait clair, que ses dents ne bougeaient pas, mais qu’il mourut sur l’ordre du Seigneur (qui l’avait condamné à ne pas voir la terre promise). Le texte dit : « Et il l’ensevelit dans la vallée », sans que l’on sache qui est ce « il ». Beaucoup disent que c’est Dieu lui-même. Selon les textes que nous avons de « l’assomption de Moïse », ce sont les anges, conformément au texte grec qui met le verbe au pluriel, ce qui ne change rien puisque dans l’Ancien Testament on parle souvent des anges pour parler de Dieu. Mais voilà qui donne le cadre pour une dispute entre saint Michel et le diable. Saint Jude ne continue pas l’histoire, car ce n’est pas son propos. Mais on est conduit à penser que saint Michel arrache au diable le corps de Moïse… pour l’enterrer, ou plutôt pour le porter au ciel (ce qui expliquerait que « personne n’a jamais connu sa tombe »)… ou les deux, selon des traditions qui affirment que son corps grossier fut enterré et son corps spirituel porté au paradis… où se trouve déjà Hénoch.

Et voici la deuxième citation :

« C'est d'eux qu'a prophétisé Hénoch, le septième patriarche depuis Adam, lorsqu'il a dit : Voici, le Seigneur est venu avec Ses saintes myriades, pour exercer un jugement contre tous, et pour convaincre tous les impies de toutes les œuvres d'impiété qu'ils ont commises, et de toutes les dures paroles que ces pécheurs impies ont proférées contre Lui. »

Ceci se trouve effectivement dans le Livre d’Hénoch. « Septième patriarche depuis Adam », c’est dans le chapitre 60. Et la citation qui lui est attribuée est le chapitre 2.

Si le Livre d’Hénoch est un apocryphe, l’assomption d’Hénoch figure bien quant à elle dans la Genèse. Mais pas l’assomption de Moïse, qui paraît avoir été inventée pour donner un sens clair aux mystérieux derniers versets du Deutéronome, et valorisant pour le grand guide du peuple hébreu.

Commentaires

  • Je ne suis pas d'accord pour appeler ces livres 'apocryphes' qui signifie 'faux' ou 'cachés'. Ce sont des livres intertestamentaires qui n'ont rien de faux ni de cachés. Ils représentent une abondante littérature. Certains d'entre eux sont même reconnus comme canoniques par les Eglises orthodoxes.

    L'Eglise éthiopienne (elle est la seule) considère le livre d'Hénoch comme canonique et elle en a conservé d'innombrables manuscrits.

    Savez-vous que dans les bibles latines catholiques publiées autrefois (ma famille en possède une) on trouvait à la fin du volume, après le Nouveau Testament donc, imprimés en petits caractères, le IVe livre d'Esdras et la prière de Manassé. Une notice signalait que ces livres n'étaient pas canoniques au sens du concile de Trente mais qu'ils étaient cependant reçus avec honneur dans l'Eglise.

    Les protestants parlent de pseudépigraphes.

  • Tout à fait d'accord avec vous.
    Perdus, ou tronqués ou complets, le fait qu'ils ne fassent pas partie du Canon des Ecritures ne signifie pas qu'ils sont faux ou falsifiés, etc. Sens que le mot "apocryphe" a malheureusement pris de plus en plus.

    Qu'ils soient apocryphes veut seulement dire que l'Eglise ne s'engage pas pour garantir leur absolue inspiration par l'Esprit Saint, dans toute leur étendue.

    En tout cas, les passages précis qu'en rapporte l'Epître de S. Jude correspondent __ du seul fait qu'ils y figurent __ à des vérités théologiques ou surnaturelles qui sont absolument sous le sceau de l'Esprit Saint.

  • Figurez-vous que c'est en pensant à vous que j'ai ajouté "pseudépigraphes", puisque vous cherchez toujours la petite bête. Et ça ne vous va pas non plus...

    Mais le terme d'apocryphe me convient parfaitement, comme terme commode pour désigner des textes non canoniques. Apocryphe ne veut pas du tout dire faux, mais simplement "caché", c'est-à-dire non reconnu. On a toujours parlé de texte apocryphe pour le Protévangile de Jacques, ce qui n'a jamais empêché l'Eglise (sauf saint Pie V) de reconnaître saint Joachim et sainte Anne et leur histoire dans ses grandes lignes.

    "Savez-vous que" les Bibles latines contiennent toujours la prière de Manassé et III et IV Esdras ? La Vulgate de Stuttgart (la cinquième édition est de 2007) contient même le psaume 151 et l'épître aux Laodicéens.

  • "Moïse,le serviteur de Yahweh,mourut là,dans le pays de Moab,selon l'ordre de Yahweh.Et il l'enterra dans la vallée,au pays de Moab,vis à vis de Beth-Phogor.Aucun homme n'a connu son sépulcre jusqu'à ce jour.Moïse était âgé de cent vingt ans,lorsqu'il mourut;sa vue n'était point affaiblie et sa vigueur n'était point passée."
    Bible A.CRAMPON,édition 1923,Deutéronome,34,5-7.
    Tout est clair et sans équivoque.
    La Bible hébraïque de Zadoc Kahn le dit en des termes semblables avec une importante divergence sur l'enterrement:"il fut enseveli" mais on sait pas si c'est Dieu.

  • Alléluia ! Vive le chanoine Crampon qui rend tout clair !

  • Yves,
    Mais "pseudépigraphes" me va très bien aussi, bien qu'il n'ait pas exactement le même sens qu'"apocryphes". Un apocryphe est toujours hors du Canon, quelle que soit sa valeur documentaire par ailleurs, qui peut être valable et correspondre à une réalité historique, comme par exemple celle de S. Joachim et de Ste Anne dans le Protévangile de Jacques, comme vous le rappelez justement.
    Par contre, un pseudépigraphe peut être canonique. En tout cas, merci de votre pensée.

    Je voulais seulement pointer le fait que le mot "apocryphe" a revêtu de nos jours un sens de plus en plus péjoratf. Il est devenu le plus souvent quasi synonyme de "faux". C'est bien dommage.
    Par exemple, c'est de ce terme d'"apocryphes", implicitement ainsi compris, que divers articles de Wikipédia, adoptant la démarche protestante, osent qualifier les livres et les textes deutérocanoniques ! Pour ces textes de Wikipédia, "apocryphes" sont les livres de Tobie, de Judith, de la Sagesse, "apocryphes" l'histoire de Suzanne et l'épisode de Bel et le Dragon, dans Daniel. Et j'en passe. Alors que ces livres et ces textes sont parfaitement canoniques aux yeux de l'Eglise catholique et des Eglises orthodoxes.

    Sur les notions d'apocryphe, et de pseudépigraphe, le P. Philippe Rolland, humble et très grand exégète, a fait une synthèse magistrale, notamment dans ses livres "L'origine et la date des Évangiles", et "La mode « pseudo » en exégèse, ou le triomphe du modernisme depuis vingt ans".
    Il règle son compte à toute une école de critique soi-disant exégétique contemporaine qui voudrait prétendre que les deux Lettres de S. Pierre et les Lettres pastorales de S. Paul (Tite et les 2 à Timothée) sont... pseudépigraphiques. La démonstration du P. Rolland montrant qu'elles sont de la dictée, ou de la main même de S. Pierre et de S. Paul, est absolument magistrale.

  • C'est à Jean Ferrand que je répondais.

    Mais merci pour votre bonne contribution.

  • Attention : le terme 'apocryphe' convient pour les faux évangiles, car il n'y en a que 4 canoniques et vrais, ou pour les fausses apocalypses mises sous le nom d'un apôtre. Mais il ne convient pas du tout pour les textes intertestamentaires, tels que le Livre d'Hénoch ou Esdras IV, ou la prière de Manassé etc... qui sont tout sauf, 'faux' ou encore 'cachés'.

    Le titre protestant de 'pseudépigraphe' ne me convient pas non plus. Il signifie littéralement 'à la signature mensongère' ou 'faussement attibués'.

    Certains livres canoniques eux-mêmes sont reconnus comme 'mis sous la signature de'. Par exemple la Bible de Jérusalem écrit de la Sagesse de Salomon' : "Mais c'est un artifice littéraire évident, qui met cet écrit de sagesse, comme l'Ecclésiaste ou le Cantique, sous le patronage du plus célèbre des sages d'Israël".

    Il se peut que l'opinion de la Bible de Jérusalem soit erronée. Elle n'est pas hérétique pour autant.

    Excusez-moi mais je ne pense pas que ces distinctions de vocabulaire soient futiles...

  • Excusez-moi, Dranem, mais si vous constatez des erreurs de ce genre dans Wikipédia, n'hésitez pas à les corriger. Signalez-moi un point précis et je le corrigerai avec vous. Nous serons plus forts.

  • Dans ce bréviaire français de 1965 (Les Heures de l'Office Divin, Labergerie) il y a semble-t-il une mauvaise traduction du "Imperet tibi Dominus", il est écrit : « Que le Seigneur te condamne ! » au lieu de "commande".
    Le texte anglais du site Divinum Officium donne tout simplement : « The Lord command thee », sans le "s" final à "command", ce qui indique l'impératif.
    La traduction sur Google donne : "(Le) Seigneur t'ordonne".

  • Fillion traduit: "Que le Seigneur te réprime", ce qui montre, une fois de plus, qu'il ne traduit pas la Vulgate, ou plutôt qu'il se réfère au "texte original" dès qu'il y a un problème et même quand il n'y en a pas (ce qui est le cas ici).
    La Bible de Jérusalem dit comme Fillion. Et Crampon dit : "Que le Seigneur te punisse".

    Le texte grec a le verbe epitimao, qui veut dire faire des reproches, blâmer, mais l'on voit que dans l'évangile de saint Matthieu (20, 31) il veut dire "demander en faisant des reproches", commander en blâmant celui à qui on commande.

    Ce que dit saint Michel dans l'épitre de Jude ressemble beaucoup à ce que dit le Seigneur dans Zacharie 3, 2. Là, saint Jérôme a traduit le verbe hébreu que traduit le grec "epitimèsai" par "increpet", qui veut dire "fasse des reproches", "blâme"...

    Mais, dans l'épître de saint Jude, epitimèsai a été traduit par "imperet": "commande".

    Le traducteur latin a considéré que la notion de "commander" primait ici la notion de "blâme", ce qui était déjà le cas dans saint Matthieu... bien que la Vulgate ait là "increpet"...

    La Néo-"Vulgate" a bien entendu "corrigé" le texte latin de Jude et a mis "increpet".

    Mais il n'est pas sans intérêt de remarquer que TOUS les manuscrits de la Vulgate ont "imperet", et non "increpet".

    Ce qui est certain est que les traductions "te réprime" ou "te punisse" sont mauvaises. Il n'y a aucune idée de répression ou de punition. Saint Michel dit au diable: "Que le Seigneur te commande (en t'engueulant copieusement) de lâcher le corps de Moïse".

  • Vous savez,Daoudal,c'est Daniel Raffard de Brienne qui écrit de cette Bible:"claire;orthodoxe et d'autant plus dépourvue d'équivoques que des notes explicatives dissipent les éventuelles ambiguïtés."
    Mais puisqu'elle n'a pas l'air de vous plaire,je m'abstiendrais désormais de la citer,ce sera encore mieux,alléluia!

  • La question n'est pas de savoir si elle me plaît ou pas... Crampon, comme Osty et d'autres, mélangent le grec et l'hébreu selon ce qui leur convient... Et certes cela ne me convient pas.

    En citant la Bible que vous dites de Zadoc Kahn, c'est-à-dire du rabbinat français, vous montrez vous-même que ce n'est pas si clair. Il y a même une traduction possible qui est: "il s'ensevelit" (lui-même). En gardant la voie active, rien n'indique que le sujet soit Dieu. Le fait qu'il soit question de Dieu juste avant n'est pas un argument, pour ce qui est des textes bibliques.

  • C'est dommage qu'on ait pas dicuter dans ce fil la question la plus importante : Qui étaient en réalité saints Simon et saint Jude ? Etaient-ce les 'frères du Seigneur' du même nom ? Marie-Noël Thabut prétend que non. Je maintiens que si.

  • Donc, il n'y a pas de tombe de Moïse ?

    Dès lors, il est tout à fait possible qu'il a emmené avec son corps et son âme après le Vendredi Saint.

    Mt 27,52. et les sépulcres s'ouvrirent, et beaucoup de corps des saints qui s'étaient endormis ressuscitèrent,
    Mt 27,53. et sortant de leurs tombeaux après Sa résurrection, ils vinrent dans la ville sainte, et apparurent à beaucoup de personnes.

    Moïse était-il de leur nombre et a-t-il été emmené au ciel avec les autres quelques temps après (dont saint Joseph) dont on a ni la tombe, ni des reliques ?

    Je propose, sans affirmer, naturellement.

  • A Jean Ferrand

    Cette question ne m'intéresse pas davantage que les questions de dates qui vous passionnent, et quelques autres avec vous, si j'en crois une récente discussion...

    Il n'est pas impossible qu'il s'agisse des "frères du Seigneur", mais je ne le crois pas. Des personnalités du Nouveau Testament, seul Jacques se dit "frère du Seigneur". Si Jude l'avait été lui aussi il l'aurait dit (ça en impose, sur le plan de l'autorité). Or il se dit "serviteur de Jésus Christ" et "frère de Jacques", qui est donc sans doute l'autre Jacques.

    Il se trouve surtout que ces noms: Simon, Judas, Jacob, étaient parmi les plus courants, sinon même les plus courants (il y en avait deux de chaque parmi les apôtres!), et qu'on ne peut donc en tirer aucune conclusion, me semble-t-il.

  • Il m'est difficile de vous répondre quand vous dites que la question ne vous intéresse pas. Cependant je constate que vous posez les bonnes questions. Vous n'y êtes donc pas insensible.

    Je ne prétends pas être exhaustif sur le sujet, car la question est débattue depuis... 2000 ans. Cependant je vous fais remarquer qu'il n'y eut que deux Jacques mentionnés dans le Nouveau Testament et par les anciens Pères de l'Eglise : Jacques le majeur, frère de Jean, martyrisé à Jérusalem, 1er des apôtres, en l'an 44, et Jacques le mineur (dit ainsi pour le distinguer de l'autre), 'frère du Seigneur', apôtre et premier évêque de Jérusalem, mort martyr en 62.

    Quand Jude se dit 'frère de Jacques' ce ne peut être que du second, le 'frère du Seigneur'.

    Vous dites que les noms de Jacques, Simon, Jude étaient très courants dans le monde juif. C'est vrai, autant que Jean, ou André, ou autre.

    Mais il se trouve que la séquence : Jacques, Simon et Jude se trouve à la fois dans les 'frères du Seigneur' et dans les apôtres. il y a donc de fortes présomptions pour que ce soient les mêmes.

    De même la tradition de l'Eglise, au moins dans le monde latin, qui s'est maintenue jusqu'au concile de Trente (y compris au concile de Trente) n'a jamais connu que deux Jacques (le majeur et le mineur déjà nommés), un seul Simon en dehors de Simon-Pierre, un seul Jude, tous les quatre susnommés qualifiés d'apôtres.

    On ne discerne donc aucune raison de dédoubler les apôtres d'une part, les 'frères du Seigneur' d'autre part. Ce sont manifestement les mêmes.

    Seul parmi les 'frères du Seigneur', Joseph (ou Joset) n'est pas devenu apôtre. On ne sait pour quelle raison.

    Saint Paul dit nettement dans l'épître aux Galates : "Je n'ai pas vu d'autre apôtre, sinon Jacques le frère du Seigneur' (Ga 1, 19) montrant bien par là que ce Jacques (le mineur) était à la fois apôtre et 'frère du Seigneur'.

    ei mê, traduit par nisi dans la Vulgate, signifie bien 'sinon'.

  • Et Segond écrit aussi dans sa Bible édition 1910:"Et l'Eternel l'enterra dans la vallée au pays de Moab,vis à vis de Beth-Peor."
    Encore un qui doit mélanger le grec et l'hébreu.

  • Ce qui est sûr est que "l'Eternel" ne se trouve ni dans le grec ni dans l'hébreu (ni dans le latin). Le verbe est sans sujet.

  • Paul qualifie Jacques de frère du Seigneur et d'apôtre, et il semble bien qu'il ait dirigé la première communauté de Jérusalem. Selon Eusèbe, après la prise de Jérusalem, en 70 de notre ère, Vespasien ordonna de rechercher les parents de Jésus, sans doute pour éradiquer la menace que cette famille représentait. Domitien voulut les supprimer. Les deux petits-fils de Jude, cousins de Jésus, furent ainsi dénoncés et traduits devant l’empereur qui s’enquit de leurs richesses. Mais c'étaient de petits cultivateurs, qui avouèrent qu’ils n’avaient chacun que 4 500 deniers, fortune représentée par une terre de 39 plèthres « sur laquelles il payaient les impôts et qu’ils cultivaient pour vivre ». Ils parlèrent de leur attente du retour de Jésus-Christ à la fin des temps.

  • Que doit on entendre par "frères du Seigneur"?: frères de sang ou plutôt frères dans le sens religieux?

    Ce matin dans l'Evangile au Quotidien (EAQ) et dans le Magnificat Canadien le texte de l'Abbé L. Jaud on pouvait lire:

    " Saint Simon, qui était originaire de Cana, où Jésus changea l'eau en vin, reçut le surnom de Cananéen, pour le distinguer de Simon-Pierre, chef des Apôtres. Saint Jude était frère de saint Jacques le Mineur et de saint Siméon, évêque de Jérusalem, et comme eux cousin du Sauveur."

    Puis dans l'évangile du jour donné sur EAQ:
    "Le jour venu, il appela ses disciples, en choisit douze, et leur donna le nom d'Apôtres :
    Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy,
    Matthieu, Thomas, Jacques fils d'Alphée, Simon appelé le Zélote,
    Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, celui qui fut le traître."

    Dans le premier texte St Jude est dit frère de St Jacques le Mineur et dans le second St Jude est dit fils de Jacques (le Mineur fils d'Alphée?). Alors frère ou fils?
    Est-ce que St Simon le Zélote et St Siméon sont un unique personnage? De même St Simon le Zélote est-il bien St Simon le Cananéen?
    Tout cela est un peu confus dans mon esprit. Merci par avance à celui ou ceux qui voudront m'apporter des éclaircissements.

  • Votre extrait de l'évangile est tiré de saint Luc (6, 16) : "Jude fils de Jacques et Judas Iscarioth."

    Mais en réalité dans l'original grec, c'est marqué : "Jude de Jacques" qu'on peut aussi bien traduire par "frère de Jacques". C'est ainsi qu'il faut traduire avec toute la tradition, et l'Ecriture, qui a toujours reconnu Jude comme le frère de Jacques le mineur, lui-même 'frère du Seigneur'. Confer le début de l'épître de Jude : "Jude, serviteur de Jésus-Christ, frère de Jacques."

    Il semble bien que Simon le zélote ou Simon le cananéen soit le même que saint Siméon, deuxième évêque de Jérusalem, et mort martyr à l'âge de 120 ans (!) dernier des apôtres, d'après Eusèbe de Césarée citant Hégésippe. (H.E. III, 32).

    Jude, auteur de l'épître, apôtre, frère de Jacques, de Simon (ou Siméon), était marié et avait une descendance qui fut recherché par Domitien comme prétendant à la royauté.

    Eusèbe, citant Hégésippe : "Il y avait encore, de la race du Sauveur, les petits-fils de Jude, qui lui-même était appelé son frère selon la chair : on les dénonça comme était de la race de David." (H.E. III, 20, 1).

    Domitien les libéra quand ils eurent montré leurs mains calleuses, prouvant ainsi qu'ils n'étaient que d'humbles paysans.

    Un bon conseil : procurez-vous l'Histoire Ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée.

  • Jean Ferrand je vous remercie. Mais "frère du Seigneur" c'est cela que je n'arrive pas à comprendre.

  • "Frères", en Orient sémitique, et même jusqu'aujourd'hui, a une signification beaucoup plus large que le mot en français. En araméen, il n'y a pas de correspondant au mot précis "cousins". On appelait "frères" toute la parenté, et notamment les cousins, germains ou plus éloignés.

    "Frères du Seigneur" désignent donc, exclusivement, ses cousins germains selon la chair (les fils de Marie Cléophas et de Jacque d'Alphée). D'ailleurs si Jésus en croix avait eu des frères cadets, au sens étroit du terme, il n'aurait jamais confié Marie, sa mère, à S. Jean l'Evangéliste. Il l'aurait naturellement et juridiquement confiée à ces frères-là, consanguins.
    Le fait qu'il confie Marie à un disciple hors de sa famille charnelle, est la preuve qu'il était bien fils unique, et que Marie n'avait aucun autre enfant pour la prendre en charge. D'ailleurs il ne la confia même pas à ses cousins (appelés "frères" dans les évangiles).

    Par ailleurs, l'expression "son fils premier-né" ne doit surtout pas tromper à cet égard. "Premier-né", en Orient sémitique et jusqu'aujourd'hui, se dit même quand une femme n'a qu'un fils unique. On appelle "premier-né ce fils même s'il n'est suivi d'aucun autre.
    Il y a maints exemple de cela dans les Ecritures mais je n'ai pas le temps pour cette recherche.

  • J'ajoute à ce que dit Dranem que frère en grec se dit "adelphos", et que c'est le mot qui désigne en effet les "frères" de Jésus dans les évangiles. Or il se trouve aussi que dans ses épîtres et dans les Actes des apôtres saint Paul appelle constamment "adelphoi", frères, soit les juifs, soit les chrétiens à qui il s'adresse.

    C'est pourquoi les prédicateurs, avant la révolution liturgique, commençaient toujours par "mes frères". Adelphoi: frères du Seigneur, car nous le sommes aussi.

  • Il faut bien comprendre, Timone 54, que la Sainte Famille ne vivait pas seule ou isolée à Nazareth. Elle vivait en tribu, pas celle des soi-disant Nazöréens comme le spécule aventureusement Jean-Christian Petitfils, mais bien celle des 'davidiques', les descendants de David, qui se faisaient le plus discrets possible sous l'autorité assez bonasse d'Hérode Antipas. On distinguait donc Joseph, l'aîné, l'héritier de David, avec son épouse Marie et leur fils unique Jésus ; Clopas, frère puîné de Joseph, et son épouse qui s'appelait également Marie (elle sera présente au Calvaire), leurs quatre fils : Jacques, l'aîné, Joset (ou Joseph), Simon et Jude, sans parler des filles dont les noms ne sont pas connus.

    Tout cela vivait en fratrie, pas étonnant si on les appelait des 'frères', en réalité cousins germains, oncles et tantes. Ils exerçaient le métier d'artisans, les hommes à tout faire du village.

    On voit un moment dans l'évangile de Marc (3, 20-21) un épisode quasi comique : la fratrie, emmenant Marie avec elle, surgit brusquement à Capharnaüm car elle s'inquiétait de la santé mentale de Jésus. Mais ce dernier les laisse poireauter dans la foule à la porte de la maison. IL consent à peine à les recevoir, et ils s'en retournent bredouilles...

  • De Jean Ferrand : "Excusez-moi, Dranem, mais si vous constatez des erreurs de ce genre dans Wikipédia, n'hésitez pas à les corriger. Signalez-moi un point précis et je le corrigerai avec vous. Nous serons plus forts.

    Écrit par : Jean Ferrand | 28 octobre 2013

    _____________________________________


    Ah... si vous saviez combien d'articles de Wikipédia j'ai déjà corrigés, ou, du moins, "redressés" dans la mesure du possible.

    Voyez par exemple l'article "Jean-Christian Petitfils", l'auteur d'un "Jésus" qui a été assez vanté dans la presse il y a environ deux ans. Aux dires de la presse, l'auteur admettait, contre l'opinion de l'école historico-critique dominante aujourd'hui, l'authenticité totale du témoignage des évangiles et se basait son livre sur le Quatrième Evangile, paradoxalement le plus "historique" des quatre.

    J'ai donc fini par lire, début octobre, cet ouvrage de J-C Petitfils. Mais je n'ai pu aller au-delà de quelques chapitres et des annexes :

    - Style prétentieux. Fantaisie de l'auteur d'appeler le grand-prêtre Anne, "Hanne" (sous prétexte de "couleur locale" et d'authenticité linguistique aussi fantaisiste qu'arbitraire).

    - Mieux : Jésus et S. Joseph auraient travaillé comme petits manoeuvres à la journée sur des chantiers de grandes envergures dans une ville voisine de Nazareth. Pas des artisans menuisiers, non, mais des ouvriers lambda, à la petite journée, en quête çà et là d'un nouveau chantier pour y gagner leur (pauvre) petite vie au jour le jour...
    Tout cela, l'auteur le déduit d'extrapolation en extrapolation à partir d'un document parlant d'une reconstruction (attestée historiquement) d'une ville démolie dans les environs de Nazareth, à cette époque-là.
    Et cela suffit à l'auteur pour en tirer le cinéma que je viens de dire.

    - Mais le plus grave est là (du moins dans les parties que j'ai attentivement parcourues ):
    l'auteur invente un "Jean l'Evangéliste" en le dissociant de S. Jean fils de Zébédée et frère de Jacques. Alors que Jean de Zébédée est bien l'auteur de cet évangile aux yeux de l'Eglise entière depuis 2000 ans. Il en fait donc deux personnages distincts : d'une part, Jean de Zébédée, humble pêcheur de poisson, analphabète, donc incapable d'écrire des textes d'une aussi haute volée théologique et mystique que le Quatrième Evangile et l'Apocalypse, et il le fait opportunément mourir martyr avec son frère, Jacques le Majeur pour l'écacuer au plus vite de la scène); et d'autre part, il crée un fantômatique "Jean le Bien-Aimé", qui aurait été prêtre de l'aristocratie sacerdotale du Temple, lettré et savant, et qui aurait été l'auteur, très âgé, de l'Apocalypse à Patmos, puis du 4e Evangile à Ephèse.
    Bref, il dépouille S. Jean de Zébédée de toute son histoire pour l'attribuer à un autre Jean, aristocratique (de sa fiction), et dont les Synoptiques, les Actes, les Lettres et les Pères de l'Eglise n'ont jamais entendu parler.

    Si cela vous tente, voyez dans Wikipedia l'article "Jean-Christian Petit" et les corrections massives que j'y ai apportées, toutes en date du 8 octobre dernier (5 interventions successives que vous pouvez voir dans l'historique de la page). Vous pourrez voir les arguments que j'y ai développés pour casser la thèse d'un soi-disant "Jean, membre de l'aristocratie du Temple", dont nul n'a jamais entendu parler, et dont il dédouble et éclipse l'Apôtre Jean de Zébédée, le disciple bien-aimé.

    Dans cette page Wikipédia, tout ce qui annule cette folle thèse vient de votre serviteur.

  • Dranem Yves Daoudal et Jean Ferrand je vous remercie pour vos explications.

  • Tout-à-fait d'accord avec vous Dranem et je vous félicite de vos contributions, dans un sens chrétien et critique à la fois, à Wikipédia.

    Savez-vous que j'ai été l'un des premiers, il y a deux ans lors de la sortie du livre, à critiquer le 'Jésus' de Jean-Chrétien Petitfils sur le Forum Catholiqque ? J'avais intitulé mon article 'le roman du prêtre Jean'. Vous pouvez éventuellement vous y reporter en cherchant dans les archives du Forum Catholique.

    C'est effectivement un roman, mêlé par ailleurs de considérations historiques intéressantes, car puisées à des sources récentes. Il y a donc du très bon et du très mauvais dans son bouquin. Il est bien dommage que ce soit le livre à la mode sur la vie de Jésus.

    Un bon point pour Petitfils : pour la mort de Jésus, il adopte le point de vue défendu avec science et éloquence par Arthur Loth. Il fait mourir le Christ en 33, ce qui est la vérité historique, contrairement aux positions de l'exégèse contemporaine.

    Savez-vous que ce roman du prêtre Jean est tiré des spéculations exégètiques aventureuses du jésuite Xavier Léon-Dufour : "Les évangiles et l'histoire de Jésus' ? De plus sa théorie sur la formation des évangiles est reprise des thèses de l'exégète Philippe Roland, qui, à mon sens, sont fausses et d'ailleurs inopérantes : elles ne servent à rien.

    Il y a bien d'autres hypothèses fantaisistes dans le livre de Petitfils, en particulier celle sur les prétendus Nazöréens.

    Une question indiscrère, Dranem : vos interventions sur Wikipédia ont-elles été acceptées ? Se sont-elles maitenues ? Si oui, bravo.

  • Segond a donc travesti les Ecritures comme les autres.
    Moïse ne s'est pas enterré lui-même,ce n'était qu'un homme.
    Ses compagnons n'auraient pu le transporter dans la vallée en cachette et d'ailleurs quand plusieurs hommes connaissent une tombe,on finit par la découvrir.
    Moïse meurt d'un baiser de Dieu et Dieu est son ami;son ami enterre Moïse,c'est de loin l'explication la plus convaincante et au surplus partagée par la majorité.

  • C'est vraiment la majorité qui croit que Dieu, de ses petites mains à lui (il avait quand même une pelle?) a enterré Moïse ?

    Ah bon...

  • Jean Ferrand,il fait mourir le Christ en 33,ce qui est la vérité historique,quelle prétention,un peu d'humilité de votre part serait la bienvenue alors que dans ce dossier au moins cinquante pour cent ne partage pas ce qui n'est que votre opinion.
    Et ces cinquante pour cent au moins affirme que le Christ est mort le 7 avril 30.

  • Ah non ! Vous n'allez pas recommencer, Jean Ferrand et vous, et les autres, avec cette histoire de dates dont je n'ai strictement rien à faire !

    Si vous donnez votre accord, je peux donner aux uns et aux autres les adresses courriel des uns et des autres, mais il n'y aura pas ici d'autre commentaire sur les dates.

  • De Jean Ferrand : "Une question indiscrère, Dranem : vos interventions sur Wikipédia ont-elles été acceptées ? Se sont-elles maitenues ? Si oui, bravo."

    ____________________________________

    Oui, elles se sont maintenues en général, car je les fais de manière disons sérieuses, documentées, avec citations et références.
    Je n'ouvre pas un article de Wikipédia (sur un pape, sur un cardinal, sur un saint, sur une doctrine, sur un dogme, un concile, etc.) sans y corriger des erreurs de terminologie, parfois des monstruosités...
    Jetez par exemple un coup à l'article "Concile d'Ephèse". Combien l'ai-je modifié pour corriger les énormités mystérieusement pro-nestoriennes (parti pris pro-nestorien) des rédacteurs initiaux, m'acharnant à rétablir correctement la dogmatique catholique de ce Concile et à défendre son champion, S. Cyrille d'Alexandrie. Même chose pour le Concile de Chalcédoine. Beaucoup de choses y restent à améliorer, mais les corrections de fond que j'y ai apportées y sont toujours.

    Vous connaissez donc bien l'insupportable "Jésus" de J.-C. Petitfils, et son arbitraire fantaisie sur le "prêtre Jean"...
    Eh bien, à ce sujet, je me permets de vous communiquer ici, sur cette question grave, le passage suivant, que j'ai ajouté à l'article Wikipédia "Jean-Christian Petit", le 8 octobre, et qui est toujours maintenu :

    (Extraits, ici légèrement condensés) :

    "... à cet égard, une des erreurs les plus graves de Jean-Christian Petitfils est son parti pris de dénier à l'apôtre S. Jean, fils de Zébédée, la paternité du quatrième évangile, de décider que cet apôtre a été "martyr" presque en même temps que son frère, Jacques le Majeur (au début des années 40), et cela, contre la Tradition constante de l'Église, qui a toujours reconnu en l'apôtre Jean de Zébédée le "disciple bien-aimé", puis l'auteur très âgé du Quatrième Evangile dans les dernières années du Ier siècle de notre ère.

    "A la place de l'apôtre, J.-C. Petitfils tente d'accréditer l'hypothèse d'un autre "Jean", qui aurait appartenu à l'aristocratie sacerdotale du Temple de Jérusalem, sur qui il reporte de manière arbitraire tout ce que la Tradition de l'Eglise a toujours attribué, et attribue toujours, à l'apôtre Jean, fils de Zébédée : la tendresse spéciale de Jésus à son égard, le fait d'avoir reposé sur la "poitrine du Seigneur" lors de la Cène, d'avoir été présent au pied de la croix, puis sa déportation ultérieure sur l'île de Patmos et la rédaction de l'Apocalypse sous Domitien, enfin son séjour final, la rédaction du Quatrième Evangile, et sa mort à Éphèse sous Trajan. Tous ces faits historiques, dans cet ouvrage, sont "retirés" à la tradition bimillénaire de l'apôtre Jean de Zébédée pour être attribués à un fictif Jean, "prêtre" (hiereus) du sacerdoce du Temple (sacerdoce disparu en l'an 70, avec la destruction du Temple et la prise de Jérusalem par les armées romaines de Titus), alors que les Évangiles synoptiques, les Actes des Apôtres et l'ensemble des lettres apostoliques ne connaissent tous qu'un seul et unique Jean, le fils de Zébédée, ne disant rien dela présence d'un autre "Jean" aux côtés de Jésus et des Douze.

    "Par ailleurs, dans des écrits néo-testamentaires, le fait de porter le titre de "prêtre" (hiereus) au sens de l'ancien sacerdoce judaïque, après la destruction du Temple en 70, est totalement obsolète et anachronique ; il n'a plus, dans l'Église des temps apostoliques, que son sens sacerdotal chrétien. En effet, les termes de "hiereus", de "presbytres", de "ancien" sont fréquents dans le Nouveau Testament (dans ses lettres, Pierre, lui aussi, se qualifie de "presbytre"). Cette qualité presbytérale est donnée pareillement à l'apôtre Jean en tant que prêtre de Jésus-Christ (par lui-même, en se présentant au début de ses 2e et 3e lettres) et par la première tradition patristique ; ce titre peut également être donné à chacun des Douze, en tant que pontifes institués le Jeudi saint, au cours de la dernière Cène de Jésus.

    "L'auteur prétend qu'il serait improbable qu'un humble fils de pêcheur (l'apôtre Jean de Zébédée) ait pu avoir la capacité intellectuelle de rédiger l'Apocalypse et le Quatrième Evangile, de haute dimension théologique et intellective ; il ignore gravement l'accomplissement historique de l'événement de la Pentecôte (don du Saint-Esprit) et les effets spirituels de cet événement sur l'âme des Douze et sur leurs facultés humaines. L'apôtre Pierre, lui aussi humble pêcheur inculte de Galilée, a rédigé après la Pentecôte, ou supervisé la rédaction des deux Épîtres qui portent son nom. Les Douze, après la Pentecôte, étaient devenus et restent les premiers docteurs de l'Église universelle.

    "Enfin, quant à la parole de Jésus aux deux fils de Zébédée, Jacques et Jean : "Il est vrai que vous boirez mon calice" (Mt 20,20-28 ; Mc 10,35-40), parole à partir de laquelle l'auteur extrapole pour affirmer gratuitement que l'apôtre Jean de Zébédée aurait été nécessairement martyrisé et mort peu après Jacques (ce qu'aucune source scripturaire ou patristique n'atteste), voici le jugement autorisé de S. Jérôme, Père et docteur de l'Église, et de Bède le Vénérable :
    'On se demande dans quel sens les deux enfants de Zébédée, Jacques et Jean, ont bu le calice du martyre, puisque, d'après l'Écriture, Jacques seul fut décapité par Hérode (Ac 12), et que Jean mourut de mort naturelle. Mais puisque nous lisons dans l'histoire ecclésiastique que Jean fut plongé dans une chaudière d'huile bouillante, et qu'il fut exilé dans l'île de Pathmos, nous voyons qu'il eut vraiment l'esprit du martyre, et qu'il but le calice du confesseur de la foi, calice que burent aussi les trois enfants dans la fournaise, bien que leur persécuteur n'ait pas répandu leur sang'[3].

    "Telle est la réalité constamment affirmée par la Tradition historique de l'Église et par le Magistère confirmant cette Tradition. Le martyre ne se réduit pas à la seule situation extrême du sang répandu jusqu'à la mort, mais il englobe aussi les diverses souffrances liées à la confession de la foi, ainsi que toutes sortes d'épreuves intérieures et spirituelles."

  • Petite réflexion suite à vos propos sur les "frères" de Jésus. La question de Marie à l'ange Gabriel: "Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?" (Luc 1, 34) ne me semble avoir de sens que si elle a fait voeu de virginité. Si elle pensait qu'elle aurait un jour des relations conjugales, son interrogation n'aurait pas lieu d'être.
    Jean-Pierre Snyers (Adresse blog: jpsnyers.blogspot.com)

  • En effet. C'est déjà ce que disait saint Augustin dans son traité "De la sainte virginité", 4:

    Ce qui rehausse le mérite de sa virginité, ce n'est point que Jésus-Christ, en descendant en elle, s'en soit fait le gardien avant tout contact avec son époux, c'est que cette virginité était déjà par elle consacrée à Dieu avant que le Sauveur la choisît pour sa Mère. C'est là ce que Marie nous fait entendre dans sa réponse à l'ange qui lui annonçait l'Incarnation. « Comment, dit-elle, cela pourra-t-il se faire, puisque je ne connais pas d'homme ? » Ces paroles supposent clairement que Marie avait déjà voué à Dieu sa virginité.

    Original latin ici:
    http://www.augustinus.it/latino/santa_verginita/index.htm

  • Mais Yves Daoudal,personne ne vous empêche de croire que Moïse fut enterré par les anges ou Josué et ses compagnons mais cette opinion n'est pas celle de beaucoup qui disent que c'est Dieu et franchement,je ne comprends pas votre ironie des petites mains de Dieu avec une pelle.
    Franchement,je sais bien que vous avez un fichu caractère mais c'est quand même pénible et j'ai bien peur que vous ne saisissiez pas la grandeur de cette mort ou peut-être trop et que vous vous employez à la rabaisser.

  • A Jean Ferrand.

    Merci, je viens de repérer votre grande contribution au Forum Catholique de mise au point sur l'invention "Jean prêtre du Temple de Jérusalem". Je vais la lire à tête reposée.

    Oui, il y a Léon-Dufour... à qui nous devons, hélas, cette "vacherie". Mais il me semble qu'il y a aussi un autre prêtre, décédé en 2006, qui est également la source de folle thèse. Sous peu je retrouverai son nom.

    Enfin, et sans énerver Yves, permettez-moi de me désolidariser totalement de votre date de l'an 33 pour la Crucifixion.
    Là aussi, J.-C. Petit a tout faux (comme également de faire naître Jésus en -7. Au lieu de -4, et très peu avant la mort d'Hérode le Grand, qui a juste le temps de commettre l'horrible crime du massacre des Innocents avant d'aller rendre compte à Dieu de tous ses actes).
    Amédée est dans l'exacte vérité, scientifiquement démontrée, en disant qu'il ne peut s'agir que de l'an 30 pour la crucifixion, et très précisément le 7 avril, un vendredi.
    Renseignez-vous SVP sur cette date.

    Yves, ne vous fâchez pas, c'est terminé.
    L'échange de mails personnels à ce sujet n'est pas nécessaire, car je n'aurais jamais le temps d'en débattre. Mais Jean Ferrand a tous les moyens de faire une recherche personnelle à ce sujet.

  • Au sujet de la mort du Christ, Dranem, lisez Arthur Loth et vous serez convaincu du contraire. C'est lui qui le démontre scientifiquement, ainsi que Gérard Gertoux : par l'astronomie.
    Le 14 nisan de l'an 30 fut un mercredi et non un vendredi.

  • J'ai reçu ce matin le catalogue des éditions de Chiré.
    Y figure "Jésus-Christ" de Berthe (R.P.). Un ouvrage datant d'une centaine d'années qui aurait eu un grand succès.
    Je vais le commander car on dit y trouver la vie du Christ dans l'ordre chronologique avec des détails passionnants oubliés ou méconnus...
    Tout ceci excite ma curiosité. Que pouvait-on bien dire de cette fameuse date (que nous ne détaillerons pas...) il y a cent ans...?

  • Les commentaires à l'égard du livre de Jean-Christian Petitfils sont bien sévères. La date de la mort de Jésus ou l'identité de Jean sont des questions importantes mais ne l'est pas moins le fait que cet auteur a contrecarré massivement par son ouvrage la thèse que les Evangiles sont des écrits tardifs et donc peu crédibles. Auprès d'un public large soumis à la propagande antichrétienne de quelques exégètes pour qui les Evangiles sont une réécriture tardive voire une falsification, son travail est excellent. Il crédibilise les Evangiles auprès de gens qui n'ont pas la chance d'être de grands connaisseurs de l'histoire des débuts du christianisme. De plus, il défend très intelligemment l'authenticité du Linceul et là encore son ouvrage travaille pour le christianisme. Il a nécessairement rapproché bien des lecteurs de l'idée que le christianisme est porteur de la Vérité. Peu d'historiens le font et il l'a fait efficacement même si tel ou tel point est contestable.

  • Sans doute P.R., mais Petitfils dénigre complètement le témoignage des évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) au profit du seul saint Jean, d'ailleurs historiquement mal compris. L'histoire du prêtre Jean qui se substitue à saint Jean l'apôtre lors de la dernière Cène est une affabulation, d'ailleurs contraire à la foi catholique : il n'y eut jamais que douze apôtres, et non pas treize. Voyez l'Apocalypse.

  • Oui, sur ces points- là __ authenticité du Linceul, précocité de la rédaction des 3 Synoptiques Matthieu, Luc, Marc __ oui, c'est vrai, ce sont des points positif, au crédit de J.-C. Petit.
    Mais à côté de cela... que d'énormités qui ne peuvent passer ! C'est très dommage.

    Quant à la précocité et l'ordre rédactionnel des 3 Synoptiques, l'exégète Philippe Rolland (prêtre) a écrit un livre définitif, aux conclusions indépassables, si l'on cherche la vérité de bonne foi : tous trois sont totalement achevés, dans leurs textes actuels, avant l'an 70 et la destruction sans retour du Temple de Jérusalem.
    Ce livre de P. Rolland a pour titre : "L'origine et la date des Évangiles. Les témoins oculaires de Jésus".
    Il est épuisé mais trouvable sur Amazon (ou autres). Livre vraiement précieux dans tout son contenu. Je le recommande à tous.
    Un autre de lui, étroitement complémentaire est : "La mode « pseudo » en exégèse. Ou le triomphe du modernisme depuis vingt ans".

    Evidemment, toute l'école destructrice (soi-disant) "historico-critique" de l'exégèse contemporaine tente majoritairement de passer sous silence les travaux de ce grand exégète, qui se bat pour montrer que c'est la Tradition de l'Eglise qui a raison, défendre l'authenticité absolue de tous les livres du NT, et défendre leur non-pseudépigraphie, c'est-à-dire qu'ils sont tous issus de la main même des auteurs sacrés, ou sous leur supervision directe, de leur vivant.
    Et il le démontre à travers une démonstration méthodique, minutieuse et rationnelle qui, à la fin, emporte absolument la conviction intime.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Rolland

    Ce sera mon dernier message dans cette colonne de discussion, pour ne pas l'allonger indéfiniment.
    Merci de votre patience.

  • Hélas, Dranem, et moi aussi c'est mon dernier post sur ce fil, je ne partage pas du tout votre optimisme sur Philippe Roland. Je n'ai cessé de le contredire sur mon site :
    http://theologiedelepiscopat.chez-alice.fr/
    La chronologie du Nouveau Testament qui est proposée sur la page de Wikipédia que vous citez est inadmissible. Saint Marc est antérieur à Luc, qui l'exploite, ainsi d'ailleurs qu'à Matthieu, version finale en grec. Et jamais le IVe évangile n'a été écrit en l'an 100, sous Trajan, mais plutôt vers 80 sous Vespasien ou Titus, peu de temps après l'Apocalypse qui l'annonce nettement et donne même son plan.

    Philippe Roland a essayé de contredire la Théorie des deux sources, mais il n'y est pas parvenu

Les commentaires sont fermés.