1 - On a imposé l’euro de façon dictatoriale à des peuples qui n’en voulaient pas.
2 – L’objectif n’était pas économique mais idéologique.
Le propos date de 2002. Mais il vient seulement d’être publié, dans la thèse de doctorat d’un journaliste, Jens Peter Paul.
L’idéologie, c’est l’obsession, d’Allemands traumatisés par le nazisme, de la paix en Europe. C’est une surprise pour moi. Jusque-là je pensais que c’était un prétexte démagogique. Mais Helmut Kohl paraît sincère. Il faut faire l’Union européenne pour garantir la paix. Et pour qu’il y ait une vraie union il faut qu’il y ait une seule monnaie : « Les nations qui ont une monnaie commune ne se sont jamais fait la guerre. Une monnaie commune est davantage que ce avec quoi vous payez. »
Il rappelle que plusieurs dirigeants européens de l’époque, et surtout François Mitterrand, lui demandaient de pousser à la roue. « Ils pensaient – et ils avaient raison – que si l’Allemagne n’adoptait pas l’euro, personne ne le ferait. Et à propos de la situation en Allemagne, ils disaient : si Helmut Kohl ne le fait pas passer, personne d’autre ne le fera. Les décisions ont émergé de ces positions de base. »
Il dit aussi qu’il lui a fallu « des années » pour construire la confiance au gré des négociations, pour convaincre les autres dirigeants… « Et cela a payé, par exemple pour la banque de Francfort », dit-il en faisant référence à la concession faite par la France et la Grande-Bretagne que la Banque centrale européenne soit basée à Francfort…
« Je savais que je ne pourrais jamais gagner un référendum en Allemagne. Nous aurions perdu tout plébiscite sur l’introduction de l’euro. C’est très clair. J’aurais perdu. » A 70 contre 30%. Parce que l’opposition sociale-démocrate « ne serait pas allée sur le champ de bataille en faveur de l’euro », et parce que les Allemands de l’Est venaient de découvrir le vrai deutschemark et n’avaient pas envie de le perdre. Mais « je voulais apporter l’euro parce que pour moi cela signifiait le caractère irréversible du développement européen… Pour moi l’euro était synonyme d’une Europe qui va plus loin… » Mais en mettant ces idées en pratique il a bien conscience d’avoir agi « comme un dictateur ».
Commentaires
Des pays qui ont une monnaie commune ne se font pas la guerre? Mais on peut avoir une guerre au sein d'un pays qui a la même monnaie. On appelle alors cela une guerre civile. Helmut Kohl était pourtant aux affaires lors du déclenchement de la guerre de Yougoslavie, il aurait donc pu voir que son postulat était faux. Aveuglement idéologique quand tu nous tiens!
Oui, bravo. Je me disais qu'il y avait quelque chose qui clochait, mais je ne voyais pas ce que pouvait être une union de pays avec une monnaie unique avant l'UE. Evidemment il y a eu la Yougoslavie, et la guerre... Et, en effet, Kohl était là !
Il y a un précédent: la guerre de Sécession.Les Etats confédérés étaient suffisamment différents à beaucoup d'égards de ceux de l'Union pour être considérés comme des nations différentes.
Faudra-t-il une guerre de sécession pour nous libérer de l'emprise germano-bruxelloise?
L'Histoire nous enseigne que l'impensable n'est pas impossible.
Je n'étais pas sûr de la totale pertinence de la guerre de sécession comme précédent : je ne sais pas si l'Union avait une prérogative monétaire à ce moment et je ne sais quelle était la latitude des état dans ce domaine, vu que la création de la Federal Reserve date de 1913. Je ne l'ai donc pas cité, mais j'y avais effectivement pensé. On est donc à deux précédents historiques pour le moins fâcheux qui viennent contredire un postulat qui a engagé l'avenir de plus de 300 millions de personnes. Je suis moyennement serein : je dois certainement être pessimiste à penser que l'histoire bégaie parfois.
On respirera lorsqu'on sera délivré du joug allemand en Europe.