Carmen suo dilecto
Ecclesia Christi canat,
Ob quam patrem matremque deserens,
Deus nostra
Se vestiit natura.
Et synagogam respuit.
Que l'Eglise du Christ chante un cantique à son bien-aimé; pour elle il a quitté son père et sa mère. Etant Dieu il s'est revêtu de notre nature, et né Juif, il a rejeté la synagogue.
Christe,
Tuo sacro latere
Sacramenta manarunt illius;
Tui ligni adminiculo
Conservatur in salo sæculi.
De ton côté sacré, ô Christ, ont découlé les sacrements de ton Eglise ; sur le bois de ta croix, elle traverse sans sombrer la mer du siècle.
Hanc adamans conjugem,
Clauderis Gazae,
Sed portas effracturus illius;
Hanc etiam hostibus
Eruiturus,
Escongressus
Tyranno Goliath,
Quem lapillo
Prosternis unico.
Par amour pour cette épouse, tu te laisses enfermer à Gaza ; mais tu sauras briser les portes de cette ville. Pour affranchir du joug ennemi cette épouse, tu luttes avec le tyran Goliath : tu l'étends par terre, en lui lançant un seul caillou.
Ecce sub vite
Amœna, Christe,
Ludit in pace
Omnis Ecclesia tute in horto ;
Resurgens, Christe,
Hortum florentis
Paradisi tuis
Obstructum
Diu, reseras,
Domine, Rex regum.
Voici maintenant, ô Christ, ton Eglise tout entière rassemblée dans le jardin, se livrant en paix à l'allégresse sous l'ombre chérie de la vigne. C'est toi, ô Christ, qui, en ressuscitant, as ouvert aux tiens ce jardin fleuri du paradis si longtemps fermé; c'est toi, ô Seigneur, Roi des rois !
(Séquence du XIe siècle, Missel de l'abbaye de Murbach, in L'année liturgique de Dom Guéranger)