« Les évêques catholiques du Vietnam transmettent leurs remarques et contributions au sujet du projet d’amendement de la Constitution de 1992 (amendement 2013) ». C’est le titre même du document, effectivement remis le 1er mars au comité de rédaction du projet d’amendement, et qui ne passe pas inaperçu, car les évêques y demandent la suppression de l’article 4, celui qui stipule que le parti communiste est « la force dirigeante de l’Etat et de la société ». Or quiconque, jusqu’à ces dernières semaines, osait tenir un tel propos était passible d’une peine de prison. Mais le tabou vient de sauter, grâce à la « Requête pour une refonte de la Constitution », conçue à l’origine par 72 intellectuels, et bientôt signée par de nombreuses personnalités, dont l’évêque président de la commission Justice et Paix de l’épiscopat. Ils furent bientôt 800, puis des milliers de signataires. Le 7 février, la requête a été rejetée, parce que la consultation populaire ne porte que sur les amendements proposés par l’Assemblée… Mais aucun signataire n’a été traîné en justice.
Le texte des évêques sera rejeté pour la même raison. Mais il restera historique.
Ce texte est d’ailleurs intéressant en lui-même, car les évêques montrent très bien pourquoi les constitutions des pays communistes peuvent avoir l’air de constitutions parfaitement démocratiques garantissant toutes les libertés alors qu’il s’agit concrètement de dictatures. C’est que les libertés ne peuvent se comprendre que par rapport à l’article qui stipule le rôle dirigeant du parti unique marxiste-léniniste dans l’Etat et la société…