Mgr Roland Minnerath critique ouvertement la décision de Benoît XVI de renoncer à sa charge pontificale. J’avoue que, si l’on s’en tient à ce qu’a dit le pape pour justifier sa décision, je suis assez d’accord avec l’archevêque de Dijon, dont voici quelques propos :
« Lorsque l’on est Pape, on assume jusqu’à la mort… [Jean-Paul II] était très impotent les dernières années de sa vie mais il est resté jusqu’au bout… Il a donné par là un exemple de “rester fidèle à l’appel que j’ai reçu”… Si on introduit un critère d’efficacité, c’est tout à fait valable dans le gouvernement des choses temporelles d’un chef d’Etat. Mais l’exercice de l’épiscopat ou du pontificat, c’est autre chose ! »
C’est autre chose, parce que c’est d’abord un don, et un témoignage, et que le don doit être total et que le témoignage ne nécessite pas d’être en bonne santé (comme on l’a vu de façon si profonde avec Jean-Paul II).
Mgr Minnerath craint aussi les « conséquences collatérales » d’une telle décision, qui pourrait « disqualifier le choix qu’ont fait les autres de rester jusqu’au bout ».
Un propos me frappe : Mgr Minnerath dit : « l’exercice de l’épiscopat ou du pontificat ». Or il y a une grosse différence, en ce domaine, entre l’épiscopat et le pontificat, depuis 1966, quand Paul VI a mis les évêques à la retraite à 75 ans. C’était à l’évidence un précédent historique. Que les évêques doivent démissionner à 75 ans, cela ouvrait la voie à ce qu’un pape puisse lui aussi démissionner, en attendant qu’un successeur de Benoît XVI prenne exemple sur ce pape pour décider qu’un pape doit démissionner à 85 ans…
Or c’est le même Paul VI (décidément très maléfique) qui avait décidé que les cardinaux de plus de 80 ans ne pouvaient plus élire le pape. A 75 ans on ne peut plus être évêque, à 80 ans on est trop vieux pour choisir un pape… La suite découle logiquement…
Commentaires
Tous les observateurs s'accordent à dire que pendant les longues années de la maladie de JP II l'Eglise (en tant qu'institution humaine) et la Curie n'ont plus été gouvernées.
Si sur le fond on peut entendre les paroles de Mgr Minnerath (et je pense que nul ne peut contester l'immense esprit de sacrifice de notre Saint-Père B XVI), s'il est vrai que l'Eglise est aussi et avant tout gouvernée par le Christ, il n'en reste pas moins que les "loups" sont très humains, et que pour les contenir, l'énergie spirituelle doit être soutenue par une énergie humaine puissante. Mais nous sommes nombreux à nous sentir orphelins... Voir le communiqué de Mgr Aillet sur le site de Bayonne.
Jean-Paul II était secondé et très soutenu par le Cardinal Ratzinger.
Il pouvait s'en remettre à lui pour beaucoup de choses.
Qui qui soutient à ce point d'efficacité Benoit XVI ?
Au contraire, ses plus proches l'ont trahi.
Très bonne remarque.
Gardons-nous de juger. Nous ne connaissons pas le "dossier". Presque tout est secret.
Certes, les objections de Mgr Minnerath sont impressionnantes. Mais, il y a l'exemple historique de saint Célestin V qui lui n'a régné que six mois avant de s'apercevoir qu'il n'avait pas la carrure pour le poste.
Disons que ces considérations valent plutôt pour le successeur pour l'éclairer au milieu des tentations ou des inspirations de l'Esprit saint, pour l'aider à discerner la volonté de Dieu.
Gardons-nous donc à plus forte raison de juger le cas de Benoît XVI.
Observons seulement que c'est la volonté de Dieu. Tous les événements historiques sont la volonté de Dieu. "Vouloir ce que Dieu veut est la seule science qui nous met en repos."
Comme il est facile de critiquer [qu'eussent fait les délateurs dans la même situation ?]
Faut-il accepter de livrer l'Eglise aux "loups" parce que diminué, fatigué et donc susceptible de ne ps voir - à temps - les "traquenards" venant de tous horizons [y inclus des propres frères dans la foi] ?
Ainsi que le fait fort bien remarquer Jean ... Jean-Paul II était secondé et soutenu par le Cardinal Ratzinger ; il pouvait donc
s'en remettre à lui pour beaucoup de choses ... Qui soutient à ce point d'efficacité - et dans ce siècle sécularisé - Benoit XVI ?
Prions plutôt en communion avec notre Pontife (et oui encore jusqu'à la fin du mois fort heureusement) Notre Seigneur et Notre Mère la Très Sainte Vierge Marie afin qu'Ils le soutiennent et donnent aux Cardinaux le choix judicieux dans la Vérité.
Restant en union de prière avec vous je vous remercie Monsieur Daoudal pour votre blog.