« Ces derniers jours, les groupes salafistes sont entrés à Ras al Ain. De là, 30.000 personnes se sont enfuies et sont venues s’ajouter aux 400.000 évacués provenant de Deir el Zor, d’Homs et d’Alep. Maintenant, ces mêmes groupes et ceux de l’Armée libre syrienne, déployés à la frontière turque, pourraient prendre pour objectif la province de Jazirah et les centres urbains d’Hassakè et de Kamishly. S’ils devaient le faire, l’armée d’Assad bombardera, comme cela a été le cas à Ras al Ain. Ce sera un massacre et on comptera 800.000 autres personnes contraintes à s’enfuir sans savoir où aller », explique à l’agence Fides Mgr Jacques Behnan Hindo, archevêque syro-catholique d’Hassakè-Nisibe.
« Nous, chrétiens – ajoute Mgr Hindo – avec toutes les autres composantes arabes et kurdes, avons envoyé des lettres tant à l’armée libre syrienne qu’aux groupes salafistes, demandant à ce qu’ils n’entament pas leur offensive. Leur réponse a pour l’heure été : nous attendons les ordres de nos chefs. Pour conjurer tout cela, nous avons envoyé un appel urgent à Benoît XVI et aux Chefs des Nations, demandant à ce qu’ils exercent des pressions afin que les groupes armés n’entrent pas dans notre région. J’espère que le Pape en parlera également lors de l’Angelus de Dimanche. »
Mgr Hindo confirme à l’agence Fides que les comités populaires ont jusqu’ici refusé de s’armer et de se transformer en milices d’autodéfense : « Il m’a été proposé à moi aussi de faire distribuer 700 armes à Hassaké et 1.000 à Kamishly. J’ai refusé catégoriquement comme tous les chrétiens d’ici. Les comités populaires ne sont pas armés et n’ont rien à voir avec le gouvernement ».
L’agence Fides avait déjà relayé l’appel de Mgr Eustathius Matta Roham, l’archevêque syro-orthodoxe du diocèse de Jazirah et Euphrate. Aujourd’hui, c’est au nom des trois évêques (syriaque catholique, syriaque orthodoxe et assyrien) de la région de Haute-Mésopotamie (le coin nord-est de la Syrie) que Mgr Hindo lance un appel angoissé. Tous les chrétiens devraient se sentir concernés. Cette région est celle de Nisibe (même si la ville est aujourd'hui en Turquie, juste de l'autre côté de la frontière), qui fut l’un des grands centres théologiques des premiers siècles, dont l’auteur le plus célèbre est saint Ephrem, « la harpe du Saint-Esprit ». Et ses deux villes syriennes Hassakè eet Kamishly comptent encore 20% de chrétiens.