Le vaisseau de la mort de "Women on waves", après avoir défié des pays catholiques, vogue vers le Maroc, avec à son bord deux médecins pour tuer des enfants dans le ventre de leurs mères.
Rebecca Gomperts, la fondatrice de "Women On Waves", déclare que son but n’est pas de provoquer ce pays ni son gouvernement islamiste : « C’est la santé des femmes dont il s’agit. Ça n’a rien à voir avec la religion. »
En réalité, "Women on waves" s’invite dans le débat sur la libéralisation de l’avortement au Maroc. Il y a un an déjà que le débat a été relancé par Nouzha Skalli, ministre du Développement social et de la Famille, qui évoquait la possibilité d’une légalisation partielle « qui permettrait à la mère de mettre un terme à sa grossesse dans certaines conditions, dont la malformation avérée du fœtus, le déséquilibre mental de la mère ou encore sa précarité ».
Le débat avait en fait été lancé dès 2008 par le président du conseil national du parti Justice et Développement (aujourd’hui au pouvoir), Saâd Eddine El Othmani, qui se prononçait pour une légalisation partielle, mais dont la position était contestée dans le parti. (Il n’est pas étonnant de voir un islamiste prendre ce genre de position : la doctrine musulmane sur l’avortement est extrêmement diverse.)
Mais depuis lors il ne s’est rien passé. "Women On Waves" vient donc faire pression sur le gouvernement.
On remarquera que la modification de la législation ne changerait strictement rien à la pratique marocaine. Si l’avortement est théoriquement interdit dans ce pays, il se pratique à une échelle industrielle dans les cabinet de gynécologie et les cliniques (il y en aurait autour de 600 par jour, soit proportionnellement beaucoup plus qu’en France).