Ces vaines images ne pouvaient accomplir le sacrement de notre réconciliation, que Dieu dans sa sagesse avait préparé avant les temps éternels, parce que le Saint-Esprit n’avait point encore plané sur la Vierge, et la vertu du Très-Haut ne l’avait point encore couverte de son ombre, afin que la sagesse se construisît une maison dans ces entrailles non profanées, que le Verbe se fît chair en réunissant en une seule personne la nature de Dieu et la nature de l’esclave, que le créateur des temps et de tout l’univers naquît au milieu de toutes les créatures à une époque déterminée. Si l’homme nouveau, créé à la ressemblance de la chair du péché, n’avait point revêtu notre vieille nature, et, consubstantiel à son Père, n’avait daigné être consubstantiel à sa mère, et, seul impeccable, n’avait point uni notre nature à la sienne, l’humanité gémirait encore sous le joug du démon, et nous n’aurions point triomphé de lui par la victoire du Christ, s’il l’avait remportée dans une autre nature que la nôtre.
Saint Léon le Grand, lettre à l’impératrice Pulchérie.