Benoît XVI s'est rendu hier à Brescia, et il a rendu un « vibrant hommage » à Paul VI, comme disent les médias. Il l'a fait de la même façon qu'il a rendu un vibrant hommage à Populorum progressio dans sa dernière encyclique. En recadrant l'action de Paul VI dans la tradition.
Petit exemple, dans son homélie :
La rencontre et le dialogue entre l'Eglise et l'humanité de notre époque tenaient particulièrement à cœur à Jean-Baptiste Montini, dans toutes les saisons de sa vie, depuis les premières années de sacerdoce jusqu'au pontificat. Il a consacré toutes ses énergies au service d'une église le plus possible en conformité avec le Seigneur Jésus-Christ, afin qu'en la rencontrant, l'homme contemporain puisse rencontrer le Christ, parce qu'il a un besoin absolu de Lui. Tel est l'esprit de fond du Concile Vatican II, auquel correspond la réflexion du Pape Paul VI sur l'Eglise.
Benoît XVI en a profité pour donner une belle définition de l'Eglise :
je voudrais méditer brièvement sur le mystère de l'Eglise, du temple vivant de Dieu, et ainsi rendre hommage au grand Pape Paul VI, qui a consacré toute sa vie à l'Église. L'Église est un organisme spirituel concret qui prolonge dans l'espace et dans le temps le don du Fils de Dieu, un sacrifice apparemment insignifiant par rapport aux dimensions du monde et de l'histoire, mais décisif au regard de Dieu. Comme le dit la Lettre aux Hébreux - et également le texte que nous avons écouté - il a suffi à Dieu le sacrifice de Jésus, offert « une seule fois » pour sauver le monde (cf. He 9,26.28), parce que dans ce seul sacrifice est condensé tout l'amour du Fils de Dieu qui s'est fait homme, tout comme dans le geste de la veuve est concentré tout l'amour de cette femme pour Dieu et pour ses frères : rien ne manque et il n'y a rien à ajouter. L'Eglise, qui naît sans cesse de l'Eucharistie, du don de Jésus, est la continuation de ce don, de cette surabondance exprimée dans la pauvreté, de ce tout qui est offert dans le fragment. C'est le Corps du Christ qui se donne entièrement, corps rompu et partagé, dans l'adhésion constante à la volonté de son chef.
Et lors de l'Angélus, il a souligné l'un des plus beaux aspects de Vatican II, que l'on doit en effet à Paul VI :
A cette heure de l'angélus, je désire rappeler la profonde dévotion que le Serviteur de Dieu Giovanni Battista Montini nourrissait pour la Vierge Marie. (...) Au fur et à mesure que ses responsabilités ecclésiales augmentaient, il mûrissait une vision toujours plus ample et organique du rapport entre la bienheureuse Vierge Marie et le mystère de l'Eglise. Dans cette perspective, le Discours de clôture de la troisième période du concile Vatican II, le 21 novembre 1964, reste mémorable. La constitution sur l'Eglise, Lumen Gentium, qui - ce sont les paroles de Paul VI - « a comme sommet et couronnement tout un chapitre consacré à la Vierge Marie », a été promulguée lors de cette session. Le pape a fait remarquer qu'il s'agissait de la synthèse de doctrine mariale la plus ample jamais élaborée par un concile œcuménique, en vue de « manifester le visage de la sainte Eglise, à laquelle Marie est intimement liée ». C'est dans ce contexte qu'il a proclamé la très sainte Vierge Marie « Mère de l'Eglise », en soulignant, avec une vive sensibilité œcuménique, que « la dévotion à Marie (...) est un moyen essentiellement ordonné à l'orientation des âmes vers le Christ et à leur union au Père, dans l'amour de l'Esprit Saint ».