Simon reçoit une épithète qui varie dans les quatre listes : alors que Matthieu et Marc le qualifient de « cananéen », Luc le définit en revanche comme un « zélote ». En réalité, les deux dénominations s'équivalent, car elles signifient la même chose : dans la langue juive, en effet, le verbe qana' signifie : « être jaloux, passionné » et peut être utilisé aussi bien à propos de Dieu, en tant que jaloux du peuple qu'il a choisi (cf. Ex 20, 5), qu'à propos des hommes qui brûlent de zèle en servant le Dieu unique avec un dévouement total, comme Elie (cf. 1 R 19, 10). Il est donc possible que ce Simon, s'il n'appartient pas précisément au mouvement nationaliste des Zélotes, soit au moins caractérisé par un zèle ardent pour l'identité juive, donc pour Dieu, pour son peuple et pour la Loi divine. S'il en est ainsi, Simon se situe aux antipodes de Matthieu qui, au contraire, en tant que publicain, provenait d'une activité considérée totalement impure. C'est le signe évident que Jésus appelle ses disciples et ses collaborateurs des horizons sociaux et religieux les plus divers, sans aucun préjugé. Ce sont les personnes qui l'intéressent, pas les catégories sociales ou les étiquettes ! Et il est beau de voir que dans le groupe de ses fidèles, tous, bien que différents, coexistaient ensemble, surmontant les difficultés imaginables : en effet, Jésus lui-même était le motif de cohésion, dans lequel tous se retrouvaient unis. Cela constitue clairement une leçon pour nous, souvent enclins à souligner les différences, voire les oppositions, oubliant qu'en Jésus Christ nous a été donnée la force pour concilier nos différences. Rappelons-nous également que le groupe des Douze est la préfiguration de l'Eglise, dans laquelle doivent trouver place tous les charismes, les peuples, les races, toutes les qualités humaines, qui trouvent leur composition et leur unité dans la communion avec Jésus.
(Benoît XVI, 11 octobre 2006)
Commentaires
Pour moi, "zélote" signifiait qu'il appartenait, avant sa vocation, au groupe des nationalistes juifs, des activistes anti-romains que l'on appelait les "zélotes". En revanche saint Mathieu était un percepteur qui travaillait à récolter l'impôt au profit des Romains. Il était un collaborateur, mais un collaborateur particulièrement méprisable puisqu'il prenait l'argent du peuple de Dieu, normalement exempt d'impôts, pour le donner à des adorateurs d'idoles. C'était une abomination pour les pharisiens de cette époque, presque un blasphème qui s'en prenait indirectement à la divinité. A rapprocher du péché de sainte Marie-Magdelaine dont la faute était de vivre en concubinage avec un officier de l'armée romaine (Mgr Gaume). Elle, un membre du peuple de Dieu, elle livrait son corps fait pour honorer le Seigneur, à un adorateur d'idoles. Quel crime abominable !
A noter que les trois personnages après leurs conversions changent de vie. Là où le pharisaïsme versait de l'acide, le regard de Jésus guérit, il transporte vers des régions invisibles qui détachent des affaires de la terre. Nos trois personnages préfigureront désormais les vocations religieuses.