Grand Dieu ! qui vis les cieux se former sans matière
A ta voix seulement ;
Tu séparas les eaux, leur marquas pour barrière
Le vaste firmament.
Si la voûte céleste a ses plaines liquides,
La terre a ses ruisseaux
Qui, contre les chaleurs, portent aux champs arides
Le secours de leurs eaux.
Seigneur, qu'ainsi les eaux de ta grâce féconde
Réparent nos langueurs ;
Que nos sens désormais vers les appas du monde
N'entraînent plus nos cœurs.
Fais briller de ta foi les lumières propices
A nos yeux éclairés :
Qu'elle arrache le voile à tous les artifices
Des Enfers conjurés.
Règne, ô Père éternel, Fils, Sagesse incréée,
Esprit-Saint, Dieu de paix,
Qui fais changer des temps l'inconstante durée,
Et ne changes jamais.
(Hymne des vêpres du lundi, traduction Jean Racine. Voir ici le texte latin et la traduction de Pierre Corneille, qui est beaucoup plus fidèle à l'original.)