Li sainz roys se esforça de tout son povoir, par ses paroles, de moy faire croire fermement en la loi crestienne que Dieus nous a donnée, aussi comme vous orrez ci-après. Il disoit que nous devions croire si fermement les articles de la foy que, pour mort ne pour meschief (malheur) qui avenist au cors, que nous n'aions nulle volenté d'aler encontre par parole ne par fait. Et disoit que li ennemis est si soutilz (subtil) que, quant les gens se meurent, il se travaille tant comme il puet que il les puisse faire mourir en aucune (quelque) doutance des poins de la foy; car il voit que les bones œuvres que li hom a faites, ne li puet il tollir; et voit aussi que il l'a perdu se il meurt en vraie foy.
Et pour ce, se doit on garder et en tel manière deffendre de cest agait (piège) que on die à l'ennemi, quant il envoie tele temptacion: «Va-t'en! doit-on dire à l'ennemi; tu ne me tempteras jà à ce que je ne croie fermement touz les articles de la foy; mais se tu me fesoies touz les membres tranchier, si vueil je vivre et morir en cesti point.» Et qui ainsi le fait, il vaint l'ennemi de son baston et de s'espée, dont li ennemis le vouloit occirre.
Il disoit que foy et créance estoit une chose où nous devions bien croire fermement, encore n'en fussions-nous certein mais que par oïr dire. Sur ce point, il me fist une demande: comment mes pères (mon père) avoit nom? Et je li diz que il avoit nom Symon. Et il me dist comment je le savoie? Et je li diz que je en cuidoie (pense) estre certeins et le creoie fermement, pour ce que ma mère le m'avoit tesmoingnié. Lors il me dist: «Donc devez-vous croire fermement tous les articles de la foy, lesquels li apostre tesmoingnent, aussi commes vous oez chanter au dymanche en la Credo.»
(Jehans de Joinville, Livre des saintes paroles et des bons faiz nostre roy saint Looys, 8.)