Après deux reports, et une nouvelle réunion de trois heures hier, les députés tchèques ont adopté ce matin le traité de Lisbonne, par 125 voix contre 61, soit 5 voix de plus que la majorité requise.
36 des 79 députés ODS ont voté contre le texte (mais 2 des 36 ont dit qu'il y avait eu une erreur et qu'ils avaient voté pour). Plusieurs autres se sont abstenus.
Les députés ODS demandaient que le vote soit reporté jusqu'à l'adoption d'un texte spécifiant que le Parlement doit approuver les futurs transferts de compétence. Ce texte sera examiné en mars. Hier, les sénateurs ODS ont fait savoir qu'ils ne voteraient pas en faveur de la ratification tant qu'il n'y aurait pas un tel texte.
Au cours des débats, le Premier ministre Mirek Topolanek a dit tout le mal qu'il pensait du traité, avant souligner que c'est « sa tête, et non son cœur, qui décide » de le soutenir. « Ma décision est très rationnelle. Je ne peux pas dire que je m'en réjouis, comme nous pouvions nous amuser quand le précédent régime prenait des décisions stupides. Non, je ne m'en réjouis pas. » Sic. (La position de Topolanek est que le traité est très mauvais mais que la République tchèque doit le ratifier pour ne pas apparaître comme le mauvais élève, isolé sur la scène européenne. Il n'a pas compris qu'il rendrait au contraire service à l'Europe, devant l'histoire, en contribuant à l'échec du traité, en alliance avec son président, le président polonais et le peuple irlandais... et tant d'autres peuples, en réalité avec la majorité des Européens. Mais Topolanek, comme l'a souligné Vaclav Klaus, fait partie de ces politiciens qui ont pour ambition d'être les bons camarades des eurocrates et d'être reconnus par eux comme d'authentiques dirigeants européens.)
Le texte pourrait venir au Sénat en avril. Le président Vaclav Klaus, qui s'attendait au vote des députés, pense que le Sénat examinera le traité « d'une façon plus responsable », a déclaré son porte-parole.
Le vote des députés fait resurgir la question de la signature du président de la République. Certains juristes se mettent à prétendre, de façon inédite, que le président n'a pas le droit de ne pas signer un traité international adopté par le Parlement. Ce qui est absurde, puisqu'il l'a déjà fait deux fois sans que ces juristes se manifestent, et que la Constitution est parfaitement claire à ce sujet.
Cette peur des juristes européistes est la (petite) bonne nouvelle de la journée...