Extraits d’un droit de réponse envoyé par Alain Lamassoure au blog « eurocitoyen » Le Taurillon.
Qui a conçu le traité de Lisbonne qui demeure la seule chance de sauver l’acquis du traité constitutionnel ? (…) Qui a conçu sa première version, avec le conseiller européen d’Angela Merkel, avant même que l’élection présidentielle française ait eu lieu ? L’auteur de ces lignes. Que prévoit-il, ce traité ? Que le pouvoir législatif de l’Union sera partagé entre une chambre basse, le Parlement européen, directement élu par les citoyens, et une chambre haute, représentant les Etats, le Conseil des Ministres. Et qu’il y aura enfin un « Monsieur » ou une « Madame Europe », le Président de la Commission élu par le Parlement. Ça ne vous rappelle rien ? C’est exactement le modèle fédéral allemand.
Mais l’architecture de l’Union ne se résume pas au fédéralisme. A côté de ce modèle fédéral, proposé pour exercer les compétences de l’Union, nous avons besoin – pour combien de temps, je n’en sais rien – d’une organisation confédérale pour coordonner les politiques qui demeurent de compétence nationale : politiques économiques, politiques sociales, politiques étrangères, politiques de défense notamment. C’est un besoin spécifique à l’Union, qui n’existe pas aux Etats-Unis, ni, sous cette forme, en Allemagne. D’où la présidence permanente du Conseil européen, et la fonction originale – et sans doute provisoire - d’un Haut-Représentant pour la politique étrangère et la défense.
Le problème de l’Europe aujourd’hui n’est pas du tout théorique, il est très concret : est-ce que le traité de Lisbonne va s’appliquer l’an prochain ? Si oui, l’Europe devient d’un coup démocratique. Sur ma proposition, le PPE s’y prépare. Un groupe de travail, dont je suis rapporteur, élabore un véritable projet législatif, qui sera le même dans les 27 pays. En décembre prochain, le PPE désignera son candidat pour la présidence de la future Commission. On lui demandera de faire campagne dans les 27 pays. Si nous y parvenons, le PSE, pour être crédible, devra faire de même. Les grandes chaînes de télévision devront alors organiser entre eux des face-à-face du type de ce que nous avons vu récemment en France et aux Etats-Unis. Et le Président élu(e) sera ainsi choisi par les 500 millions de citoyens européens, comme l’est le Premier Ministre britannique ou la Chancelière allemande. (…) Comment ne pas y voir un formidable progrès démocratique ? (…)
Entre-temps, j’ai engagé avec le Parlement européen et les Parlements nationaux un nouveau chantier essentiel : celui de la réforme du budget européen, pour donner à l’Union des moyens financiers plus cohérents avec ses responsabilités politiques. Sujet extraordinairement délicat, qui exige l’unanimité – je ne m’en réjouis pas, je le déplore, mais je suis obligé de faire avec – et qu’aucun autre homme politique européen n’a osé aborder concrètement à ce jour. (…)
(…) Les historiens décideront alors du nom à donner au système original - oui, original, parce que notre problème est sans précédent - que deux ou trois générations d’Européens auront conçu dans une extraordinaire œuvre de création collective.
(via Bruges-Europe)