Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Dhimmitude suisse

Le gouvernement suisse reconnaît la « validité » de l’initiative de l’UDC visant à interdire la construction de minarets en Suisse, puisqu’elle a recueilli plus de 113.000 signatures, mais il la condamne, car si elle était adoptée elle « mettrait en péril la paix religieuse et ne contribuerait nullement à endiguer la diffusion des thèses fondamentalistes islamistes ». « L'initiative porte atteinte à la liberté religieuse et au principe de non-discrimination car elle vise un symbole religieux de l'islam mais non les édifices similaires d'autres religions. ». L'acceptation du texte « susciterait l'incompréhension à l'étranger et nuirait à l'image de la Suisse », ajoute le Conseil fédéral.

Le comité à l’origine de l’initiative, formé de l’UDC et du parti chrétien UDF, fait valoir que le minaret n’est pas une construction à caractère religieux mais « le symbole d'une revendication de pouvoir politico-religieuse qui, au nom d'une prétendue liberté religieuse, conteste des droits fondamentaux d'autres personnes, par exemple l'égalité de tous, aussi des deux sexes, devant la loi. Dès lors, cette revendication est en opposition avec la Constitution fédérale et le régime légal suisse. » Il souligne : « Le minaret est le symbole extérieur d'une revendication de pouvoir politico-religieuse qui remet en question des droits fondamentaux garantis par la Constitution. » Et encore : « Celui qui, comme c'est le cas dans l'islam, place la religion au-dessus de l'Etat, se trouve en contradiction totale avec la constitution fédérale. »

Dès l’annonce que l’initiative avait recueilli plus de 100.000 signatures, en juillet, Le Conseil fédéral avait déclaré qu'il appellerait le peuple et le Parlement à rejeter le texte.

On rappellera que l’un des poèmes préférés du Premier ministre turc Erdogan est celui qui dit : « « Les mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les croyants nos soldats. » En 1998, Erdogan fit quatre mois de prison pour avoir récité ce poème, « atteinte à la laïcité ». Depuis lors il ne le cite plus, mais répète qui veut l’entendre qu’il est un grand défenseur de la poésie…

En août 2007, Erdogan répondait à ceux qui qualifiaient son parti d’islamiste modéré : « Ces descriptions sont très laides, c’est une offense et une insulte à notre religion. Il n’y a pas d’islam modéré ou immodéré. L’islam est l’islam, et c’est tout. »

Commentaires

  • De la dhimmitude, pourquoi?

    Défendre la laïcité peut vous paraître étrange, mais c'est le rôle de l'Etat en Suisse. Je trouve quant à moi l'argumentaire de notre gouvernement tout-à-fait recevable. Pourquoi ne pas interdire alors aussi les clochers d'église, ou les dômes très voyants des synagogues?

    Il ne faut pas voir de la dhimmitude dans toute décision raisonnable simplement parce que le hasard des choses veut que cette décision aille dans le sens des revendications des plus extrémistes des musulmans.

    L'anti-dhimmitude peut vite devenir une conjuration de gens, disons, peu raisonnables.

    (le mot à utiliser dans cette expression est "imbéciles", mais je ne voulais pas me faire censurer, ou vous insulter)

  • Encore une chose: je trouve intéressant le fait que vous condamniez l'intégrisme d'Erdogan alors que, si je ne me trompe pas, vous vous réclamez vous-même d'un certain courant fondamentaliste chrétien.

  • @ Vincent,

    Les guerres de religions catholiques/protestants sont finies depuis belle lurette en Europe, aussi, lorsque le conseil fédéral parle de "mettre en péril la paix religieuse", il reconnaît implicitement que l'islam pourrait déclencher, en Suisse, une guerre si d'aventure le scrutin populaire confirmait la demande d'interdiction émanant de l'UDC.

    C'est l'exacte définition de la dhimmitude : le profil bas devant l'islam, toujours lui céder au motif qu'il pourrait se contrarier.

    Heureusement, en Suisse, vous avez la chance d'avoir cet outil autenthiquement démocratique, le référendum d'initiative populaire, et d'avoir l'UDC et des citoyens qui n'hésitent pas à se mobiliser.

    Pour avoir passé cet été quelques jours de vacances dans le Valais, et y avoir croisé nombre de jeunes femmes voilées, Félicitez-vous d'avoir des personnes qui réagissent.

    Enfin, ne confondez pas le fondamentalisme chrétien, qui est une mouvance issue du protestantisme, avec la catholicisme traditionnel, qui ne se réclame absolument pas d'un retour aux sources, qui prône au contraire le respect de la Tradition, de tout le savoir accumulé par l'Eglise au cours des siècles, ce qui est différent.

  • Dhimmitude: je crois que l'ensemble du message du Conseil Fédéral montre bien que l'attitude adoptée est plutôt une attitude qui consiste à "garder l'église au milieu du village" et à défendre une attitude de neutralité face aux religions. Le passage que vous citez est à mon avis plutôt un commentaire général qu'une admission du danger encouru, mais je comprends bien qu'on puisse l'interpréter autrement.

    Le référendum d'initiative populaire est bien sûr un outil dont nous sommes fiers, mais il est une bénédiction autant qu'une malédiction; il se rapproche à mon avis en ce sens de la démocratie elle-même :-)

    L'UDC tend à se mobiliser sur des sujets chauds pour des motifs politiques. Je lui fait certes un peu un procès d'intention, mais ses interventions, quoiqu'utiles dans leur rôle de chien de garde du conservatisme (ce n'est pas péjoratif, le rôle du gardien est un rôle important), sont quelques fois mal ficelées et ont tendance à faire appel aux sentiments des gens plutôt qu'à leur tête. Il y a donc assez souvent manipulation.

    Le fait d'avoir des femmes voilées n'est pas en soi une mauvaise chose. Le tout est de savoir comment ces jeunes femmes se comportent avec leurs semblables, les hommes et la Suisse en général.

    Pour terminer: le traditionalisme est un type de fondamentalisme puisque la Tradition est sensée soutenir ou compléter les fondements de l'Eglise. Le fait que le terme soit (devenu) péjoratif m'importe assez peu dans ce contexte. Par contre, même en acceptant votre remarque, je ne suis pas sûr que l'on puisse remettre en cause le fond de ma question.

  • L'initiative doit encore être discutée devant le Parlement et je crois qu'il est encore possible qu'elle soit invalidée. Attendons qu'une date soit fixée pour la votation, cette initiative fiche une telle trouille à notre gouvernement que j'ai toujours peine à croire qu'elle sera soumise au peuple.
    Mais si c'est le cas et que le "oui" l'emporte il faudra encore que les modalités de la loi soient mises en discussion et en application, ce qui risque de prendre des années...
    Quoi qu'il en soit le résultat de la votation, si votation il y a, permettra de connaître le taux de "dhimmitude" de notre pays. J'avoue que j'ai un peu peur.

Les commentaires sont fermés.