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Le procès du Téléthon

Le Dr Michel Villette était poursuivi hier en diffamation par l’AFM (Association française contre les myopathies), organisatrice du Téléthon, devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Le Dr Villette avait publié sur son site internet lunivers.info, le 6 novembre 2006, un article contre le Téléthon, dans lequel il soulignait que les fameux « bébéthons » que l’association présentait à la télévision n’étaient pas des bébés soignés grâce au Téléthon mais seulement des bébés rescapés de la sélection embryonnaire. L’AFM « ne soigne pas les malades, elle les élimine », insistait-il, et il demandait : « Combien de bébés a-t-on tué pour en avoir un beau ? », avant de remarquer que « Hitler, dès 1933, ne faisait pas autre chose avec les malades mentaux ».

Telles sont les expressions que l’AFM veut faire reconnaître comme diffamatoires. Ce qui apparaît d’abord est le caractère extravagant de la plainte de l’AFM. Le Dr Villette ne faisait que reprendre à son compte des propos qui circulaient dans les médias. L’affaire des bébéthons avait choqué jusqu’à une marraine du Téléthon qui avait démissionné en disant pourquoi, et le rapprochement entre le tri des embryons et l’eugénisme nazi avait été fait très clairement par diverses personnalités, et par la fondation Jérôme Lejeune. L’AFM n’a poursuivi personne d’autre que le Dr Villette. Sans doute l’association voulait-elle faire un exemple, mais sans faire de vagues, en choisissant un bouc émissaire ne disposant pas d’une aura médiatique importante.

A l’audience, le Dr Villette a soigneusement expliqué le sens de ses propos, et leur véracité. Les bébéthons sont des enfants qui ont toujours été sains : ils ont survécu au diagnostic pré-implantatoire (DPI), tandis que les embryons atteints par la maladie étaient « éliminés », c’est-à-dire tués. Car l’embryon est un être humain. (Significativement, comme dans tous les procès de ce genre, on entendra parler de la « maman » par ceux-là mêmes qui nient que l’embryon soit un être humain.) Quant au caractère eugénique du tri embryonnaire, il a été vigoureusement dénoncé par des sommités comme le Pr. Testard ou par Didier Sicard, président du Comité consultatif national d’éthique, celui-ci faisant explicitement le lien avec l’eugénisme nazi. Le Dr Villette a rappelé qu’à l’époque où l’eugénisme était en vogue, au début du XXe siècle, des médecins regrettaient de pas avoir de technique permettant d’éliminer les tarés dès la conception... En outre, les bébéthons n’ont pas pu être soignés, pour la bonne raison que le Téléthon n’a encore abouti à aucune, strictement aucune, avancée thérapeutique permettant de guérir la myopathie. Même si le raccourci est brutal, il est donc vrai que « l’AFM ne soigne pas les malades, elle les élimine ». L’AFM engloutit l’argent des dons dans la recherche censée permettre de guérir « demain » les maladies génétiques, et elle finance notamment la recherche sur les embryons, sur les cellules souches embryonnaires, ce qui est une autre grave atteinte à la vie.

L’AFM était représentée par son directeur général Christian Cottet. Celui-ci se livra à un discours digne des grandes compassions télévisuelles. Il insista lourdement sur le fait que l’AFM est une association de malades, et que les malades se sont sentis profondément blessés par des propos tellement contraires aux « valeurs qui nous animent ». Sans cesse il parlait des « valeurs » de l’AFM, des « valeurs fondatrices » : « refuser, résister, guérir », lesquelles commandent les axes d’action : « aider et guérir ».

Il devra admettre que « guérir » veut dire : « avancer vers des thérapeutiques ». Il fera aussi ce formidable aveu, en réponse à une question du procureur sur ce qu’il en est réellement des bébéthons : « On va dire que c’est de la communication. » Sic.

Il soulignera naturellement que l’AFM n’agit que dans le respect de la loi. Mais il reconnaît aussi que l’AFM a « milité pour la légalisation du DPI », tout en prétendant que l’association ne fait aucun prosélytisme en la matière, laisse les couples libres de leur choix, d’autant que le procédé ne fonctionne que dans 20% des cas, etc. « Personne n’a le droit d’influencer ces parents », tonnait-il, mais l’on comprenait qu’il s’agissait de ceux qui tenteraient de se mettre en travers de l’AFM. Car il soulignait aussi que le DPI « permet de reconstruire un projet parental » (on notera le vocabulaire psycho-matérialiste). C’est donc bien ce que dit l’AFM aux parents. Et c’est donc bien une incitation. De toute manière les chiffres parlent d’eux-mêmes : 100% des enfants diagnostiqués par DPN comme porteurs de la myopathie dont s’occupe l’AMF ont été avortés, constatait en 2003 l’Agence de biomédecine.

Christian Cottet a également tenté, à plusieurs reprises, de faire croire que l’AFM... n’avait rien à voir avec le DPI, parce que c’est un acte médical reconnu par la loi et remboursé par la sécurité sociale...

En ce qui concerne la recherche sur les cellules souches embryonnaires, il a affirmé que cela permettait de constituer des modèles importants pour la recherche, et que là encore les parents étaient libres de leur choix, car « on demande au couple qui a produit les embryons surnuméraires » (sic : les couples sont des producteurs d’embryons, et il y a surproduction pour le DPI) s’il veut les conserver, les détruire ou les donner à la recherche.

Il a également insisté sur le fait que cette recherche-là n’utilise « que quelques % » du budget. Comme si la proportion faisait quelque chose à l'affaire quand on parle de respect de la vie : on n'imagine guère un médecin plaidant son acquittement parce qu'il ne tue délibérément qu'un patient sur dix... (Lors de la suspension d’audience, il précisera que c’est 3 millions d’euros sur les 60 millions affectés globalement à la recherche le Téléthon rapporte plus de 100 millions d’euros).

Et il a conclu que l’AFM était une association « en lutte pour la vie », un mouvement populaire comme le montre le succès du Téléthon, et que les propos du Dr Villette étaient donc très condamnables.

Le Dr Villette avait fait venir des témoins pour renforcer sa défense. Il y eut notamment le Dr Jean-Pierre Dickès, père et grand-père de myopathes, qui témoigna de l’aide effective qu’apporte l’AFM aux familles sur le plan de la vie quotidienne, mais qu’il n’y a plus personne quand on a besoin d’une aide médicale d’urgence. Car l’AFM est « plus préoccupée de sa notoriété que de soigner », et elle s’est orientée exclusivement sur la recherche génétique alors qu’il s’agit d’une « bulle », comme nombre de spécialistes le reconnaissent aujourd’hui. Mais les gens de l’AFM sont des idéologues, et les faits leur importent peu. Seule l’idée compte, l’idée de gène, de cellule souche.

Edouard Belaga, chercheur au CNRS (Russe qui fut expulsé d’Union soviétique pour avoir témoigné dans un procès...) fit valoir que si les propos du Dr Villette pouvaient être qualifiés de violents, ils n’en étaient pas pour autant diffamatoires, et il cita les propos au moins aussi violents de la présidente de l’AMF répondant aux détracteurs du Téléthon.

Le Dr Dor souligna « l’excellence du dossier » sur le Téléthon publié sur le site du Dr Villette, il montra que l’AFM « se cache derrière un fatras affectif et compassionnel », et qu’elle est gouvernée par l’idéologie de la culture de mort.

Le juge (er) Jean-Bernard Grenouilleau rappela le processus législatif de la culture de mort : la loi sur l’avortement permet les avortements thérapeutiques tardifs, ce qui conduit à légaliser le DPN (dépistage prénatal), ce qui conduit à légaliser le DPI. Nous sommes en présence de « deux conceptions différentes de la vie : celle qui juge qu’il faut supprimer les anormaux, et celle qui considère que toute vie est respectable ». Il fit valoir que le Dr Villette n’avait pas tenu de propos diffamatoires, mais « des expressions hyperboliques, pour réveiller la conscience », pour « faire sortir la vérité de sa gangue », comme on en voit dans l’Evangile dans la bouche de saint Jean-Baptiste et du Christ lui-même.

Après les plaidoiries synthétisant ce qui avait déjà été dit, ce fut le réquisitoire du procureur. Et là ce fut une surprise, un coup de théâtre. Dans ce genre d’affaire entre une institution célèbre et un quidam, le quidam est quasiment assuré de perdre (La Fontaine parlait pour toutes les époques). En outre, le Dr Villette était poursuivi par le parquet, sur plainte de l’AFM. Or le procureur a demandé la relaxe du Dr Villette, soulignant que si ses propos pouvaient être blessants, ils ne méritaient pas un procès, mais une réponse plus intelligente, si possible...

Le jugement sera rendu le 29 mai.

Commentaires

  • Si seule "l'idée de gène compte", remplacez donc votre accent circonflexe par un accent grave.

    Où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir ;-)

    Merci pour ce compte-rendu, avez-vous des nouvelles de M. Simmonnot, de Taverny (95) ? Son procès avait lieu le même jour je crois...

    [La faute est corrigée. J'avais l'intention de le faire en relisant mon texte, vous avez été plus rapide...
    Pour le moment je n'ai pas de nouvelles du procès Simonnot (avec un seul m).
    YD]

  • Voilà une (pour le moment) bonne surprise !

  • J'avais envie de vous remercier pour votre compte rendu fort éclairant sur ces enjeux qui se trament en vérité, bien loin malheureusement des projecteurs des masses médias de malheur, pour qui c'est un combat d'arrière garde qui n’a pas à être évoqué.

  • Excellent et auhentique compte rendu : j'étais à l'audience où il n'-y-avait que peu de monde, deux personnes seulement semblaient soutenir l'AMF.Le Dr Dor n'a pas eu peur de citer l'Evangile ! Le Dr Vilette m'a semblé très nerveux, mal défendu, un peu brouillon et après sa défense et l'excellent réquisitoire, il est maladroitement revenu sur des défauts de procédure, ce n'est pas ce qui comptera.Ce qui comptera, c'est que la Providence et la vérité sont de son côté et du nôtre, j'étais surpris en entendant parler le jeune procureur qui, en fait, n'appelait à aucune condamnation et blamait l'accusationJ'ai vu des procès contre nous bien différents, hélas !

  • Merci !

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