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Chez ces gens-là…

Dans un texte publié par le site intitulé « Liberté Politique », Lionel Devic, avocat de son état, fait l’apologie de la décision 6 du rapport Attali, et critique ceux qui y discernent un danger majeur pour les libertés scolaires.

Apologie, en effet. Le pire côtoie le meilleur, dit-il. « Au titre du meilleur, l’observateur attaché à la liberté scolaire ne peut que se féliciter des recommandations de la Commission Attali. » « C’est une surprise, (…) une révolution salutaire. Révolution, qui pour une fois, est susceptible de profiter non seulement aux parents, professeurs et directeurs d’établissements, mais surtout aux enfants et à la France », une « révolution très satisfaisante ». Ces propositions « peuvent contribuer à une juste réforme du système d’enseignement français », il faut « profiter de la force de ces propositions — et de leur dimension révolutionnaire — pour imaginer les voix [les voies, je suppose] et moyens nécessaires pour pousser l’avantage le plus loin possible dans le sens d’une véritable liberté scolaire »…

Et face à cette merveille, deux groupes osent émettre des objections, et même de « lancer l’anathème ». L’un de ces groupes, ce sont les « défenseurs radicaux du système actuel », dont la FSU. L’autre groupe, ce sont « certains partisans attachés à la liberté scolaire d’une façon générale, et aux écoles hors contrat en particulier (en référence notamment à leur dimension catholique ou aux pédagogies alternatives qu’elles développent) ».

Ce sont uniquement ces derniers que Lionel Devic va réfuter. Non sans les accuser de mêler leurs voix « à celles des jacobins et des idéologues co-gestionnaires du Mammouth », selon la pratique léniniste bien connue qui consiste à disqualifier son interlocuteur en l’accusant d’être un allié objectif de l’adversaire.

D’ailleurs il n’y a pas d’interlocuteur. Lionel Devic ne cite personne. On ne saura pas qui sont ces malfaisants qui osent critiquer la merveille de la décision 6. Aucun nom, aucune référence. Impossible de vérifier si l’attaque est juste, impossible de se rendre compte par soi-même de ce qu’ils disent.

Pourtant, à ma connaissance, ce groupe maléfique est composé de… deux personnes. Jeanne Smits et moi-même. Mais, sur le site intitulé « Liberté Politique », on ne pousse pas la liberté jusqu’à citer les noms de ceux que la pense unique diabolise comme des intégristes d’extrême droite. Ils sont infréquentables, il faut respecter la juste pariatude qui les frappe. Surtout ne pas dire leurs noms, surtout ne pas renvoyer à leurs écrits…

Ainsi, Lionel Devic reprend ce que j’ai écrit. Il reprend mes mots et mes expressions, sans jamais les citer entre guillemets, pour ne pas avoir à citer mon nom.

Ce n’est pas seulement de l’impolitesse. Cela, je m’en moque. C’est d’une flagrante malhonnêteté. Dans toute controverse honnête, on cite nommément et exactement celui auquel on s’oppose. Cela a toujours été un principe de la vie intellectuelle. Mais

Chez ces gens-là, on ne vit pas, Monsieur, on ne vit pas, on triche.

En ce qui concerne la réfutation, je renvoie, quant à moi, au texte même de Lionel Devic.

Il répond en trois points.

Premièrement, le régime juridique des écoles hors contrat ne change pas. Donc il n’y a pas à s’alarmer pour ces écoles-là. Lionel Devic ignore qu’on peut marginaliser, voire supprimer des institutions, sans modifier leur régime juridique.

Deuxièmement, il n’est plus question d’écoles sous contrat, mais d’écoles conventionnées. Or le contrat appartient à la catégorie plus large de la convention. On peut donc y voir, « malgré la mention d’un conventionnement strict, le signe d’une modification, dans un sens plus libéral, de la nature des rapports qui pourraient exister à l’avenir entre l’État et les établissements d’enseignement privés ». Sic.

Troisièmement, si la laïcité fait partie des « valeurs de la République » auxquelles les écoles devront strictement se conformer, il faut voir qu’avec Nicolas Sarkozy il s’agit désormais d’une « laïcité positive », qui « devrait permettre aux établissements catholiques d’affirmer davantage leur identité, notamment dans le futur cadre “conventionné“ ».

Mon grand ami M. de La Palice se contenterait de répondre qu’une école catholique n’est pas une école laïque, et qu’il n’y a donc pas lieu de ratiociner sur l’épithète qu’on accole à la laïcité : une école catholique qui respecte la laïcité n’est évidemment plus une école catholique.

Mais le moment vient de préciser peut-être de ce dont on parle. La « laïcité positive » n’est que le nouveau nom de la « laïcité ouverte », concept hélas lancé par l’épiscopat français il y a plus de 50 ans, et qui a été peu à peu repris par tout le monde, y compris les laïcards. Même la Ligue de l’enseignement l’a reprise à son compte, et en commentaire du discours du chanoine de Latran, la tendance majoritaire au sein de la FSU disait que le syndicat « devrait appeler à constituer un large mouvement de défense d’une laïcité ouverte et vivante ». Mais oui. Ouverte et vivante. Je ne sais pas si Jules Ferry a utilisé l’expression, mais c’est en substance ce qu’il disait dans ses controverses avec les extrémistes du laïcisme. La « laïcité positive » n’est pas une garantie pour l’école catholique, c’est plutôt une menace. Pourquoi vouloir une école catholique, quand on enseigne les religions à l’école laïque, et qu’on permet à toutes les religions de s’y exprimer (car l’islam l’exige) ? D’autant que le « conventionnement strict » imposera la même chose aux ci-devant « écoles catholiques ».

C’est une incohérence majeure de prétendre que la laïcité positive pourrait permettre aux écoles catholiques d’affirmer leur identité. La décision 6 dit explicitement le contraire. Et il ne s’agit pas seulement de la laïcité, mais de toutes les « valeurs » de la République : culture de mort, non-discrimination, culte de la « diversité », etc.

Jacques Attali donne pour modèle l’exemple suédois. Jeanne Smits dit ce qu’il en est. En Suède, les écoles conventionnées « n’ont aucune possibilité de sélection, ni des familles, ni par rapport au dossier des élèves et encore moins en demandant leur adhésion à un projet religieux ». Elles « sont obligées de satisfaire sans faille aux objectifs de l’enseignement fixés par l’Etat », et les règles sont en train d’être encore durcies.

En fait, Lionel Devic laisse percer çà et là quelques inquiétudes. Mais il s’en sort par des vœux pieux, et par un appel à la vertu théologale d’espérance (sic), comme si elle avait quelque chose à voir dans cette histoire. Le dessein est de dire au lecteur, comme un curé en chaire dans l’église qui est en train de s’écrouler : soyons confiants, mes frères, tout ira bien. Car

Chez ces gens-là, on ne pense pas, Monsieur, on ne pense pas, on prie.

Commentaires

  • __Pourquoi vouloir une école catholique, quand on enseigne les religions à l’école laïque, et qu’on permet à toutes les religions de s’y exprimer (car l’islam l’exige) ? __

    Pour éviter justement la propagande pro-islam que l'on nomme "laicité ouverte".

  • Ce sont bien vos termes exacts. Et vous n'êtes pas cités, ni J.Smits. Il y a bien des intouchables. Et nos frères catholiques ne s'arrêtent pas pour tendre la main aux parias : "On a déjà l'étiquette catholique, n'aggravons surtout pas notre cas".
    C'est sans doute pour remédier à cet état de fait que la France va reprendre les injonctions de l'UE proscrivant les discriminations directes et indirectes.

    Dès lors, que peuvent valoir les appels (justifiés) à ne pas creuser les divisions puisque - de toute façon - un débat (toujours fructueux à mon sens si nous ne perdons pas de vue ce qui nous uni) semble impossible.
    D'autant que les procédés ne sont pas toujours reluisants (traitement comparé de l'interview de JMLP dans Famille chrétienne et affirmations de NS sur l'avortement part de l'identité nationale...) .


    C'est aussi un hommage indirect. "Liberté politique" ne doit pas être si sur de lui pour ne pas inciter ses lecteurs à aller voir ce que dit réellement YD ou Présent. Le ton actuel se complait, depuis l'élection, dans l'autojustification un peu honteuse sur le moindre mal. Heureusement la laïcité positive permet de regonfler le moral des troupes...

    L'appel à l'espérance est un grand classique de "Liberté politique" même sur les textes nocifs. Je renvoie aux articles publiés depuis la relance de la Constitution européenne par N.Sarkozy. LP fait des analyses techniques pertinentes et intéressantes mais systématiquement sur la ligne politique, nous précise, par ex.,:
    - lors de la négociation du GIC, que rien n'est joué, que le projet pouvait être amendé,
    - aujourd'hui que si le traité est ratifié, il pourra évoluer ;
    tout cela ne fait n'a pour résultat qu'une démobilisation du lecteur.

    A cette position que je trouve moraliste (ne pas fréquenter les "méchants" du FN voir du MPF, appel à l'espérance malgré la destruction symbolique en cours, appel théorique aux PNN tout en affaiblissant la portée), je préfère les interrogations de Luc Ferry sur "le dilemme de l'homme de droite" ou d'A. Finkenkrault sur le people.
    Ces exemples me semblent plus féconds pour la réflexion sur l'attitude juste des catholiques aujourd’hui. Sur ce thème qui est au cœur du problème, je conseille l’ouvrage « La culture du refus de l’ennemi » de la revue Catholica.


    A titre plus ersonnel, je suis révolté par le gâchis de cet ostracisme. L'engagement d'YD ou de Présent n'est pas de nature à favoriser une "carrière" ou un "succès mondain", ce doit être dur et décourageant. Merci à eux.

  • Merci Antoine.
    Je réagis juste à votre dernière phrase. Non, très franchement, ce n'est ni dur ni décourageant, quand on ne cherche ni une "carrière" ni un "succès mondain" (et vos guillemets sont clairs). La vie est très très courte (peut-être même plus encore), et ce qui m'importe est l'éternité. C'est-à-dire, ici et maintenant, la foi, l'espérance, la charité, la prière, le saint sacrifice de la messe et la communion au corps et au sang du Seigneur. J'ai la joie en plénitude, la joie du salut.
    Ce qui est dur, mais ne doit jamais être décourageant, c'est de constater qu'on n'est pas "à la hauteur" de ce salut qui nous est donné.
    Pour le reste, j'espère seulement pouvoir dire comme saint Paul (à ma très modeste place) que j'ai combattu le bon combat. Ce qui est merveilleux dans ce combat, c'est que, sur ce terrain-là, on ne peut pas être blessé par les hommes.
    Ce qui est dur est de ne pas pouvoir dire ce que l'on pense, et par exemple d'être obligé d'exercer un métier qui ne correspond pas à ce que l'on pense. Cela n'a jamais été mon cas. En fait j'ai beaucoup de chance, et c'est peut-être même une chance aussi de ne pas pouvoir connaître la réussite matérielle.
    J'ai seulement le sentiment de faire ce que j'ai à faire (globalement, puisqu'il m'arrive évidemment de me tromper). Quoiqu'il advienne ensuite, ce qui reste est la satisfaction d'avoir fait ce que l'on avait à faire.

  • Bien sur que nous pouvons nous tromper.

    "En fait j'ai beaucoup de chance, et c'est peut-être même une chance aussi de ne pas pouvoir connaître la réussite matérielle". On sent votre âme dans cette affirmation et dans votre attente de la vie eternelle. Mais aussi elle me fait mal. Certainement mauvaise conscience de quelqu'un qui n'a pas votre courage mais aussi sentiment de révolte et d'injustice des critères mondains de réussite. C'est aussi un signe des temps que je trouve triste.
    Que faire sinon offrir sa vie au pauvre Seigneur des Béatitudes pour une fécondité cachée ?

    Encore merci.

  • Cher Yves,
    Vous êtes la victime d'une censure peu courtoise et très malhonnête. Mais celle-ci n'est que la suite logique de la dernière campagne présidentielle.
    Liberté politique, comme d'autres associations de défense de la Vie, avait choisi délibérément de voter et faire voter Sarkozy dès le premier tour, après une période d'attentisme villiériste.
    Cette fondation a envoyé des questionnaires truqués à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, afin d'amener à voter ''contre la gauche, pour le moindre mal''.
    Attitude qui fut celle de la Fondation Lejeune, de l'ADV, mais aussi de Famille Chrétienne. Ce choix, qui appartient à la liberté de chacun en apparence, s'est accompagné de distorsions dans les citations et d'une série de mensonges par omission, ainsi que de montages de citations, dirigés essentiellement contre Jean-Marie Le Pen, puis ensuite dans la dernière période contre P de V, afin d'amener à faire voter Sarkozy dès le premier tour, et d'empêcher aussi l'abstention au nom de la l'objection de conscience que préconisent pourtant les textes romains.
    Ce choix, appuyé par des moyens intellectuellement déloyaux, lie maintenant ces groupes, associations et journaux : ils ne sont plus libres.
    Ainsi ils n'ont pas soutenu, ou du bout des lèvres, et sans plus, la Marche ''Trente ans ça suffit''. Famille Chrétienne n'en n'a même pas rendu compte...............
    La raison : facile à comprendre. La présence d'élus non ''sarkozistesdumoindre mal'', à savoir d'élus du FN et du MNR. Inacceptable : la Vie appartient à ceux qui font la quête pour elle.
    Elles le font en s'appuyant sur des agences de communication communes, des sociétés de marketing communes, dont l'une a travaillé il y a longtemps à la gestion des fichiers du ..... RPR et de C. Boutin, l'un des ex-dirigeants de cette société siègeant au Conseil d'administration de la Fondation de Service Politique qui publie le blog Liberté Politique. Plusieurs autres des membres du même Conseil étant des élus apparentés UMP, ou travaillant dans des structures proches de l'UMP.
    Cher Yves, il existe des crachats d'or : ils honorent celui qui les reçoit.

    [Merci pour ces précisions.
    YD]

  • Pourquoi tant de haine, cher Yves?

    J'ai du mal a comprendre pourquoi vous attaquez avec tant de hargne Lionel Devic (qui mène pourtant le meme combat que vous !) simplement parce qu'il ne vous cite pas?
    Votre ego passe-t-il avant l'importance du combat sur les ecoles hors contrats?

    "Les gens de gauche s'entretuent mais c'est pour la prise du pouvoir, le gens de droite se jettent de la boue au visage mais c'est pour rien" Bainville

  • Très déçu de votre attitude vis à vis de Lionel Devic.
    Vous êtes non seulement grossier dans le ton, mais faites également preuve d'une triste bassesse en adressant une réponse public et nominative.
    Vous feriez mieux de garder votre fiel pour des combats plus nobles que celui d'agresser quelqu'un qui se bat au quotidien pour défendre des vâleurs communes aux vôtres.
    Triste de voir que les égos continus de saper le travail des gens de bon sens.

    [Je m'escuz d'avoir agrécé quelkun qui a les mêmes vâleurs que moi sur l'école. Je ne continus-ré pas.
    Mais ces gens de bon sens sont aussi ceux qui acceptèrent la constitution civile du clergé, et ceux qui acceptèrent la loi de 1905. Ils eurent la même réaction que vous, et furent très surpris quand le pape condamna l'une et l'autre.
    YD]

  • Monsieur Daoudal,

    Quel est ce complexe qui vous pousse vouloir à tout prix que votre nom (qui n'est pourtant qu'un pseudo, rappelons le, contrairement à Monsieur DEVIC) apparaisse absolument dans toute publication?

    Votre analyse sur l'école libre est navrante, tout comme les insultes qui l'accompagnent.

    Et puis, quitte à citer Jacques Brel, autant comprendre le sens de ses textes... Vous oubliez que chez ces gens là, Monsieur, il y a Frida, qu'est belle comme un SOLEIL, et...

  • Merci à Pascal G. des renseignements qu'il donne sur les liens objectifs de la Fondation pour la Liberté Politique avec l'UMP. L'insistance de la FLP à faire une lecture trompeuse du texte de celui qui n'était encore que la cardinal Ratzinger sur les valeurs non négociables et à vouloir nous faire croire que ce texte n'engageait que les élus et non les électeurs prouvait déjà amplement dans quel camp idéologique se situe la FLP, camp qui se soucie comme d'une guigne de la vérité dès lors qu'elle gêne tant soit peu ses a priori électoraux.

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