Les lectures du temps de la Septuagésime nous font parcourir l’histoire de l’humanité depuis la création et la chute jusqu’à Abraham. Car c’est toute l’humanité, depuis l’origine, qui sera sauvée par le sacrifice du Christ, à Pâques.
Se remémorer ce récit nous permet aussi de nous rappeler que toute la sainte Ecriture est une prophétie messianique, qui nous conduit au Christ et à l’Eglise.
C’est ce qui est souligné, notamment, par les versets de la Genèse repris dans les répons de la liturgie de ces jours, dont j’ai cité plusieurs au cours de la semaine passée, comme je vais continuer à le faire.
Le premier mot de la Genèse est déjà une prophétie christique : Au commencement. En archi. In principio. C’est saint Jean qui le souligne en commençant son évangile par le même mot : Au « commencement », au principe, était le Verbe.
Lorsque Dieu prend une côte d’Adam pour en « construire » la femme, c’est une prophétie du flanc percé du Christ dont sort l’eau et le sang, à savoir les sacrements, par lesquels est édifiée l’Eglise. Eve est la mère des vivants, sur le plan naturel. L’Eglise l’est sur le plan surnaturel.
La femme t’écrasera la tête sous son talon, dit Dieu au serpent. Cette femme sera la nouvelle Eve, qui par son immaculée conception et en donnant naissance au Fils de Dieu écrasera la tête du démon.
L’arbre de vie est l’axe du paradis. Avant la chute, Adam et Eve n’avaient pas besoin de manger de son fruit, car la vie de cet arbre était en eux, ils avaient une pleine participation à la vie éternelle. Après la chute, devenus mortels, ils sont exclus du paradis pour qu’ils ne puissent pas prendre le fruit de l’arbre de vie. Dieu nous a donné la Croix du Christ, qui est l’arbre de vie, auquel nous avons désormais accès parce que la personne divine du Fils de Dieu a expié nos péchés à notre place.
Dans la liturgie d’hier, l’énumération des premières générations se terminait avec le père de Noé, Lamech, mort à 777 ans.
Cette insistance sur le chiffre 7 annonce qu’il va falloir passer à 8.
8 est le chiffre de la grâce (7, le chiffre de la perfection de la création, plus 1), c’est le chiffre du Christ, ressuscité le huitième jour (les 7 jours de la création plus le jour de l’éternité), et qui nous a enseigné les huit Béatitudes.
Or voici Noé, qui est le personnage principal de la semaine de la sexagésime. Noé et le Déluge.
Le Déluge commence après le septième jour. Dans l’arche de Noé, il y a huit personnes, qui vont sauver la création : « universum semen », dit un répons résumant une expression plus longue de la Genèse. Comment traduire ? Toutes les races d’animaux ? Mais « semen », c’est plus que cela. C’est le code génétique de chaque être vivant, dirions-nous aujourd’hui. Et c’est à mettre en relation avec l’évangile de ce dimanche : « Il sortit, celui qui sème, semer sa semence… »
Le Déluge est le baptême de régénération (il dure quarante jours car c’est le temps de purification du carême), et l’Arche est l’Eglise qui nous fait traverser les eaux jusqu’à la montagne où poussent l’olivier et la vigne : l’huile de l’onction divine et le vin de la vie éternelle.