Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le message du pape

De la splendide homélie de Noël prononcée par le pape à la messe de minuit, les médias n’ont retenu que le côté dit « écologique ». Comme si Benoît XVI était une sorte de Nicolas Hulot du Vatican. Voici donc le passage en question. Pour ceux qui sont encore capables de comprendre que le message « écologique » (qui a toujours été le message catholique) s’inscrit dans un contexte spirituel, et quel contexte spirituel, quand le pape fait appel à saint Jean et à saint Grégoire de Nysse…

Dans certaines représentations de la Nativité à la fin du Moyen-Âge et au début de l’époque moderne, l’étable apparaît comme un palais un peu délabré. Si l’on peut encore en reconnaître la grandeur d’autrefois, il est maintenant en ruines, les murs sont effondrés – il est précisément devenu une étable. Bien que n’ayant aucun fondement historique, cette interprétation exprime cependant sur un mode métaphorique quelque chose de la vérité qui se cache dans le mystère de Noël. (…)

Dans ses homélies de Noël, Grégoire de Nysse a développé la même perspective en partant du message de Noël dans l’Évangile de Jean : « Il a planté sa tente parmi nous » (1, 14). Grégoire applique ce mot de tente à la tente de notre corps, devenu usé et faible, toujours exposé à la douleur et à la souffrance. Et il l’applique au cosmos tout entier, lacéré et défiguré par le péché. Qu’aurait-il dit s’il avait vu les conditions dans lesquelles se trouvent aujourd’hui la terre en raison de l’utilisation abusive des ressources et de leur exploitation égoïste et sans aucune précaution ? De manière quasi prophétique, Anselme de Canterbury a un jour décrit par avance ce que nous voyons aujourd’hui dans un monde pollué et menacé dans son avenir : « Tout ce qui avait été fait pour servir à ceux qui louent Dieu était comme mort, avait perdu sa dignité. Les éléments du monde étaient oppressés, avaient perdu leur splendeur à cause de l’excès de ceux qui les asservissaient à leurs idoles, pour lesquelles ils n’avaient pas été créés » (PL 158, 955 ss). Ainsi, selon la vision de Grégoire, dans le message de Noël, l’étable représente la terre maltraitée. Le Christ ne reconstruit pas un palais quelconque. Il est venu pour redonner à la création, au cosmos, sa beauté et sa dignité : c’est ce qui est engagé à Noël et qui fait jubiler les anges. La terre est restaurée précisément par le fait qu’elle est ouverte à Dieu, qu’elle retrouve sa vraie lumière; et, dans l’harmonie entre vouloir humain et vouloir divin, dans l’union entre le haut et le bas, elle retrouve sa beauté, sa dignité. Aussi, la fête de Noël est-elle une fête de la création restaurée.

Commentaires

  • Très belle homélie et très belle messe de minuit tout simplement!

    Si les journalistes n’ont pas vu l’essentiel de l’homélie, on pouvait également se demander si le journaliste qui commentait la messe savait ce qu’est une messe ?
    Par exemple, alors que commençait le Credo, le journaliste faisait ce commentaire « Sur ce temps de méditation nous en profitons pour revenir sur ce que vient de dire le pape… », et toute la messe a été comme ça !

    Dans le développement de l’homélie, YD a entièrement raison de dire qu’il faut voir plus loin.
    YD a raison de voir dans la fête de Noël, une fête de la création restaurée.
    Il y a cependant encore une autre dimension.
    La symbolique de l’étable ou du maison délabrée, pourrait être vu comme une parabole de l’état actuel de l’Église Catholique dans le monde.
    Si la grandeur d’autrefois de la maison est encore visible, elle est cependant devenue un lieu en ruine parce que les hommes s’en sont détournés et par ce que l’église sort d’un long combat. Le mystère de Noël est donc aussi l’image de Dieu toujours présent parmi nous, même si les hommes se sont détournés de lui. Dieu ne nous a pas abandonné.
    L’homélie, et toute la messe par sa forme, est un appel à restaurer le palais devenu “étable”. Benoît XVI dans son action montre bien l’importance de restaurer le verbe. Le motus proprio n’est qu’un des aspects de la restauration, ou Restauration.
    Cette Restauration semble être la marque de ce pontificat.

Les commentaires sont fermés.