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Bayrou gardien du dogme "laïque"

François Bayrou, qui se pose en catholique pratiquant, avait déjà montré à plusieurs reprises qu’il était le plus sourcilleux gardien du dogme « laïque ». Il en donne un nouvel exemple avec sa condamnation, dans Le Figaro, des propos de Nicolas Sarkozy à Rome :

« Il y a dans le discours prononcé à Saint-Jean-de-Latran (…) une remise en cause de la conception de la laïcité républicaine autour de laquelle, depuis la Libération (sic), la France s'est construite. S'exprimant comme président de la République, il introduit la notion de «racines essentiellement chrétiennes» de la France, oubliant le grand mouvement d'émancipation des Lumières. Il affirme que la République a «intérêt» à compter beaucoup de croyants. Il demande aux religions, toujours dans «l'intérêt» de la République, de fonder la morale du pays. C'est le retour, qu'on croyait impossible en France, du mélange des genres entre l'État et la religion. Ce mélange des genres n'a jamais produit de bons fruits, je le dis comme citoyen, et je le dis aussi comme chrétien de conviction.

« La République n'a pas à sous-traiter l'espérance aux religions. La République est en charge de réaliser un monde meilleur, et pas d'inviter à l'attendre. Cette conception sociologique de la religion, fournissant «l'espérance» qui fait que les peuples se tiennent tranquilles et respectent les règles établies, on croyait qu'elle était loin derrière nous ! Ce n'est pas autre chose que «l'opium du peuple» que dénonçait Marx.

« Quelle est votre conception de la laïcité ?

« Celle de Jules Ferry. (…) La laïcité est un bien très précieux que la France a su définir avant et mieux que les autres. »

Petits rappels

« La République est perdue si l’Etat ne se débarrasse pas de l’Eglise, s’il ne désenténèbre pas les esprits du dogme » (Jules Ferry).

« Il faut organiser l’humanité sans roi et sans Dieu. » (Jules Ferry).

« La neutralité de l'École fut toujours un  mensonge. Nous n'avons jamais eu d'autre dessein que de faire une université antireligieuse, et antireligieuse d'une façon active, militante, belliqueuse… » (René Viviani)

« La neutralité est, elle fut toujours un mensonge. On promit cette chimère pour rassurer quelques timides dont la coalition eût fait obstacle à la loi. » (René Viviani)

« Nous combattons l'Église et le christianisme parce qu'ils sont la négation du droit humain et renferment un principe d'asservissement intellectuel qui doit être banni de toute œuvre d'éducation. » (Jean Jaurès)

« Nous nous sommes attachés dans le passé à une oeuvre d'anticléricalisme, à une œuvre d'irreligion. Nous avons arraché les  consciences humaines à la croyance. Lorsqu'un misérable, fatigué du poids du jour, ployait les genoux, nous lui avons dit que derrière les nuages, il n'y avait que des chimères. Ensemble, d'un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des étoiles qu'on ne rallumera plus. Voilà notre œuvre, notre œuvre révolutionnaire.  Est-ce que vous croyez que l'œuvre est terminée ? Elle commence au contraire... » (René Viviani)

Quant au "grand mouvement d'émancipation des Lumières", qui a consuit aux totalitarismes nazi et communiste, comme le montrait très bien le cardinal Lustiger, il s'agit, n'est-ce pas, du matérialisme athée des violents pamphlétaires anti-chrétiens d'Holbach et Diderot, et de Voltaire qui écrivait si souvent "Ecrasez l'infâme" qu'il en avait fait une abbréviation: "Ecr. l'inf.", qui est sa marque de fabrique. Etc. Bravo M. Bayrou.

Commentaires

  • Il est plus facile de se définir comme disciple de Jules Ferry que de rencontrer S.Royal alors qu'il y a "du monde dans la rue".

    Pour se forger une opinion, M.Bayrou ferait bien aussi de mettre en balance :
    - les discours de M.Sarkozy
    - et la réalité des faits (mais peut être est-ce être "chrétien de conviction" que prôner la construction de mosquées, présenter des projets de loi égalité homme-femme (avec sanctions pénales contre les entreprises SVP) marque d'un pur constructivisme anthropologique ou apparaît en creux que le prolème est la "maternité", remettre en scène la charte des droits fondamentaux de l'UE...

    Celà dit, N.Sarkozy appelle les "croyants" (en général) à la rescousse d'une modernité à bout de souffle philosophiquement et politiquement. C'est sans doute dans cet appel à la rescousse - qui est déjà un point positif car critique de la laïcité - que comptent agir les "catholiques de l'UMP".

    J'y vois surtout un risque d'instrumentalisation de la foi chretienne. Il n'est pas indifférent que Sarkozy soit pro-UE et instaure le communautarisme, deux traductions politiques de la fuite en avant de l'echec politique des Lumières en France (qui est commun à l'Europe, l'UE étant la caricature de cette absence de projet de définition).

    On peut donc aussi penser qu'on est dans la négation du christiannisme et de son incarnation. Les valeurs sans le Christ. Dans son livre d'entretiens N. Sarkozy dit: "la société a besoin DES religions" entendues donc comme valeurs. Dans ses "Trois entretiens" Soloviev met en scène le "président de l'Europe" promoteur des valeurs de paix, de tolérance mais sans jamais citer le nom du Christ, ce qui signe son caractère foncièrement anti-chrétien.

    Un dirigeant politique est-il condamné à ne pas aller plus loin ? Peut-on se contenter d'être une rustine à la modernité ou est-il possible de porter un autre projet ?

  • Ces positions à la Bayrou, sont une violation de l'égalité de tous les êtres humains, car les Bayrou, Ferry, Viviani et tutti quanti ne sont pas au-dessus des autres : de quel droit imposent-ils leurs opinions philosophiques ?

    L'Etat n'a pas et ne peut avoir de doctrine, c'est cela la laïcité. L'Etat reçoit sa morale, c'est cela la laïcité.

    Et il n'y a qu'une autorité morale au monde !

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