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Le jubilé de Lourdes

Le 8 décembre dernier, fête de l’Immaculée Conception, s’est ouverte l’année jubilaire qui célèbre le 150e anniversaire des apparitions de Notre Dame à Lourdes. Le pape, qui se rendra sans doute à Lourdes en automne, a décidé que l’indulgence plénière serait accordée aux pèlerins, selon les conditions qui ont été définies par un décret de la Pénitencerie apostolique :

Tous les fidèles et chacun d'eux véritablement repentis, purifiés comme il se doit par le sacrement de la Confession, et nourris par la Sainte Communion, élevant enfin de ferventes prières aux intentions du Souverain Pontife, pourront quotidiennement obtenir l'Indulgence plénière, également applicable, sous forme de suffrage, aux âmes des fidèles du Purgatoire :

A. si, du 8 décembre 2007 au 8 décembre inclus de la prochaine année 2008, ils visitent pieusement, de préférence selon l'ordre proposé : 1. le baptistère paroissial utilisé pour le baptême de Bernadette; 2. la maison appelée "cachot" de la famille Soubirous; 3. la Grotte de Massabielle; 4. la chapelle de l'hospice, où Bernadette fit sa Première Communion et si, à chaque fois, ils font halte pendant un laps de temps convenable en se recueillant en de ferventes méditations, concluant par la récitation du Notre Père, la Profession de foi sous une des formes légitimes, et la prière jubilaire ou une autre invocation mariale.

B. si, du 2 février 2008, en la Présentation du Seigneur, jusqu'au 11 février compris, jour de la mémoire liturgique de Notre Dame de Lourdes et du 150 anniversaire de la première Apparition, ils rendent visite avec dévotion, dans n'importe quelle église, oratoire, grotte, ou lieu digne, à l'image de la Vierge de Lourdes, solennellement exposée à la vénération publique et si, face à cette image, ils participent à un exercice fervent de dévotion mariale, ou tout au moins font halte pendant un laps de temps convenable en se recueillant en de ferventes méditations, concluant par la récitation du Notre Père, de la Profession de foi sous toutes ses formes légitimes et de l'invocation de la Bienheureuse Vierge Marie.

C. Les personnes âgées, les malades et tous ceux qui, pour une raison légitime, ne peuvent pas sortir de chez eux, pourront également obtenir l'Indulgence plénière, dans leur propre maison ou bien là où l'empêchement les retient, si, ayant le désir de rejeter tout péché et l'intention de remplir, dès que possible, les trois conditions, ils accomplissent avec le désir du cœur, spirituellement, entre le 2 et le 11 février 2008, une visite (aux lieux ci-dessus mentionnés), récitent les prières indiquées ci-dessus et offrent avec confiance à Dieu, par Marie, les maladies et les difficultés de leur vie.

On remarque que l’Eglise a remis en pleine lumière et en pleine vigueur sa doctrine des indulgences. Jean-Paul II y avait déjà insisté, notamment pour le jubilé du deuxième millénaire. Benoît XVI continue. Selon « l’esprit du Concile », il fallait abandonner ces vieilleries moyenâgeuses. On voit que « l’esprit du Concile » est une nouvelle fois flingué en plein vol par le pape.

En l’occurrence, « l’esprit du Concile » n’avait rien à voir avec Paul VI, puisque Paul VI, en 1967, avait publié en 1967 une constitution apostolique destinée à rappeler et à fixer la doctrine de l’Eglise sur les indulgences, doctrine reprise dans le Catéchisme de l’Eglise catholique et dans le Code de droit canon. Paul VI en donnait cette définition : « L'indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions, par l'action de l'Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints. »

A priori, l’expression « peine temporelle » n’est pas très compréhensible. Elle doit se comprendre par distinction d’avec la « peine éternelle ». La peine éternelle, c’est l’enfer : la séparation de Dieu. La confession sincère (l’absolution) rétablit la communion avec Dieu. Mais il reste une « inclination au péché », après l’absolution (y compris des péchés véniels), une souffrance qui manifeste le besoin d’une purification de l’âme, au cours de cette vie, notamment par la pénitence : cette peine est temporelle parce qu’elle concerne notre vie sur terre. Si la purification n’est pas achevée elle se poursuit au « purgatoire ». C’est pourquoi l’indulgence peut être appliquée à soi-même ou aux âmes du purgatoire, mais pas à un tiers vivant.

Le décret montre l’importance que le pape accorde aux apparitions de Lourdes. Ces apparitions sont plus importantes que toutes les autres, et sont même d’une autre nature. Car la « Dame » qui est apparue à Bernadette a dit : « Je suis l’Immaculée Conception ». Un propos stupéfiant, qui plonge dans le mystère de la Sainte Trinité, et dont saint Maximilien Kolbe avait fait l’essentiel de sa méditation. (Car la Dame n’a pas seulement confirmé le dogme promulgué quatre ans plus tôt : elle n’a pas dit qu’elle avait été conçue sans péché, elle a dit qu’elle est l’Immaculée Conception.)

Quant à moi, il y a une anecdote avec Bernadette qui me revient sans cesse à l’esprit. Lorsqu’elle était religieuse à Nevers, Bernadette recevait souvent en cadeau une statuette de « Notre Dame de Lourdes ». Elle entassait ces statuettes, véritablement en tas, dans un placard. Un jour, la mère supérieure lui dit que ce n’était pas bien, car même s’il s’agissait de statuettes sans valeur, c’était quand même la représentation de la Sainte Vierge qu’elle l’avait eu la grâce insigne de voir de ses propres yeux. Bernadette répondit que ces statuettes ne ressemblaient pas du tout à la Sainte Vierge, et qu’elle n’avait donc aucune raison de les traiter avec dévotion.

Un jour, la mère supérieure évoqua cet incident avec l’évêque. Celui-ci en fut intrigué, et y réfléchit. Puis il se rendit au couvent avec un livre d’art, où figuraient des reproductions de tableaux et de sculptures, de toutes époques, représentant la Sainte Vierge. Il s’assit près de Bernadette et commença à tourner les pages, en lui demandant si l’œuvre reproduite lui rappelait la Sainte Vierge telle qu’elle l’avait vue. Chaque fois, Bernadette répondait non. Et puis, au détour d’une page, elle se figea et dit : « C’est elle. »

Il s’agissait d’une icône byzantine.

Selon la tradition, la première icône de la Mère de Dieu a été peinte par saint Luc. Et l’on sait que toute icône digne de ce nom respecte des canons immuables. Bernadette nous montre que ce qu’il y a d’indubitablement vrai dans cette tradition, c’est que les canons des icônes de la Mère de Dieu fixent une image qui représente la vérité de son être.

S’il vous est arrivé d’expérimenter cela, eh bien, ce n’était pas une illusion. (A Czestochowa, par exemple, où Marie est visiblement plus présente qu’à Lourdes, bien qu’elle soit plus présente à Lourdes d’une autre manière.)

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