Le magazine américain Time publie des extraits d’un livre à paraître, révélant des lettres de la bienheureuse Mère Teresa, dans lesquelles la religieuse évoque la nuit de la foi dans laquelle elle a été plongée, ce qui donne sur le plan médiatique qu’elle « doutait de l’existence de Dieu »...
Dans plus de 40 lettres rédigées au cours de 66 années, elle évoque "l'obscurité", la "solitude" et la "torture" qu'elle traverse :
« Pour moi, le silence et le vide sont si importants que je regarde et ne vois pas, que j'écoute et n'entends pas... » « Où est ma foi – tout au fond de moi, où il n'y a rien d'autre que le vide et l'obscurité – mon Dieu – que cette souffrance inconnue est douloureuse – je n'ai pas la foi. » « S'il y a un Dieu – s'il vous plaît pardonnez-moi – quand j'essaie de me tourner vers le Paradis – il y a un tel vide coupable... » « J'appelle, je m'agrippe, j'en veux – et il n'y a personne pour répondre – personne à qui m'accrocher, non, personne – seule. » « Si Dieu n'existe pas – il ne peut pas y avoir d'âme – s'il n'y a pas d'âme alors Jésus – toi non plus tu n'existes pas. » « Si un jour, je deviens une Sainte – je serai sûrement celle des “ténèbres“, je serai continuellement absente du Paradis. »
Le Père Brian Kolodiejchuk, qui a compilé les lettres et édite le livre (il est membre de la congrégation des Missionnaires de la Charité fondée par Mère Teresa), a confié au magazine : « Je n'ai jamais lu la vie d'un saint où le saint vivait dans une obscurité spirituelle si intense. Personne ne savait qu'elle était aussi tourmentée. »
Peut-être que « personne » (?) ne le savait. Peut-être que le P. Kolodiejchuk n’a jamais lu dans la vie d’un saint une obscurité spirituelle si intense. Mère Teresa n’est pourtant ni la première ni la dernière à faire cette expérience, et de nombreux saints en ont témoigné en termes semblables. Ce qui est impressionnant ici est d’une part qu’il s’agit d’une religieuse très active et médiatique qui ne laissait rien paraître de ses tourments intérieurs, d’autre part que l’épreuve fut pour elle, semble-t-il, extrêmement longue (ou répétée).
Mais tant qu’il y aura des chrétiens il y aura des hommes pour dire comme leur maître dans l’absolue déréliction de la Croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné. » Lui qui était Dieu était abandonné de Dieu parce que Dieu mourait sur la Croix. Il faut passer par la mort de Dieu en soi pour entrer dans le Royaume.
« Viens, sois ma lumière » est le titre de ce livre où la nuit de la foi tient tant de place. Car c’est cette nuit qui est lumière.
Commentaires
C'est très beau ce que vous avez écrit. Et comme vous le savez certainement, cette phrase fait parti d'un psaume, un psaume d'espoir:
(22:1) Au chef des chantres. Sur Biche de l`aurore. Psaume de David. (22:2) Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m`as-tu abandonné, Et t`éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes?
(22:3) Mon Dieu! je crie le jour, et tu ne réponds pas; La nuit, et je n`ai point de repos.
(22:4) Pourtant tu es le Saint, Tu sièges au milieu des louanges d`Israël.
(22:5) En toi se confiaient nos pères; Ils se confiaient, et tu les délivrais.
(22:6) Ils criaient à toi, et ils étaient sauvés; Ils se confiaient en toi, et ils n`étaient point confus.
(22:7) Et moi, je suis un ver et non un homme, L`opprobre des hommes et le méprisé du peuple.
(22:8) Tous ceux qui me voient se moquent de moi, Ils ouvrent la bouche, secouent la tête:
(22:9) Recommande-toi à l`Éternel! L`Éternel le sauvera, Il le délivrera, puisqu`il l`aime! -
(22:10) Oui, tu m`as fait sortir du sein maternel, Tu m`as mis en sûreté sur les mamelles de ma mère;
(22:11) Dès le sein maternel j`ai été sous ta garde, Dès le ventre de ma mère tu as été mon Dieu.
(22:12) Ne t`éloigne pas de moi quand la détresse est proche, Quand personne ne vient à mon secours!
(22:13) De nombreux taureaux sont autour de moi, Des taureaux de Basan m`environnent.
(22:14) Ils ouvrent contre moi leur gueule, Semblables au lion qui déchire et rugit.
(22:15) Je suis comme de l`eau qui s`écoule, Et tous mes os se séparent; Mon coeur est comme de la cire, Il se fond dans mes entrailles.
(22:16) Ma force se dessèche comme l`argile, Et ma langue s`attache à mon palais; Tu me réduis à la poussière de la mort.
(22:17) Car des chiens m`environnent, Une bande de scélérats rôdent autour de moi, Ils ont percé mes mains et mes pieds.
(22:18) Je pourrais compter tous mes os. Eux, ils observent, ils me regardent;
(22:19) Ils se partagent mes vêtements, Ils tirent au sort ma tunique.
(22:20) Et toi, Éternel, ne t`éloigne pas! Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours!
(22:21) Protège mon âme contre le glaive, Ma vie contre le pouvoir des chiens!
(22:22) Sauve-moi de la gueule du lion, Délivre-moi des cornes du buffle!
(22:23) Je publierai ton nom parmi mes frères, Je te célébrerai au milieu de l`assemblée.
(22:24) Vous qui craignez l`Éternel, louez-le! Vous tous, postérité de Jacob, glorifiez-le! Tremblez devant lui, vous tous, postérité d`Israël!
(22:25) Car il n`a ni mépris ni dédain pour les peines du misérable, Et il ne lui cache point sa face; Mais il l`écoute quand il crie à lui.
(22:26) Tu seras dans la grande assemblée l`objet de mes louanges; J`accomplirai mes voeux en présence de ceux qui te craignent.
(22:27) Les malheureux mangeront et se rassasieront, Ceux qui cherchent l`Éternel le célébreront. Que votre coeur vive à toujours!
(22:28) Toutes les extrémités de la terre penseront à l`Éternel et se tourneront vers lui; Toutes les familles des nations se prosterneront devant ta face.
(22:29) Car à l`Éternel appartient le règne: Il domine sur les nations.
(22:30) Tous les puissants de la terre mangeront et se prosterneront aussi; Devant lui s`inclineront tous ceux qui descendent dans la poussière, Ceux qui ne peuvent conserver leur vie.
(22:31) La postérité le servira; On parlera du Seigneur à la génération future.
(22:32) Quand elle viendra, elle annoncera sa justice, Elle annoncera son oeuvre au peuple nouveau-né.
Et.."vanité des vantés, tout est vanité, dit l'Ecclésiaste".
Tout croyant est amené à douter omme tout athée est amené à croire.Tous les saints ont lutté contre la nature humaine profondément travaillée par le démon, mère Térésa, au contact de tant d'injustices, comme les autres.Et ceux qui travaillent dans les morgues ou enterrent les morts des guerres ou d la paix sont sans arrêt confrontés au doute et à la pénible réalité matérielle de la Création qui nait et meurt sans cesse et sans espoir de pérennité que dans la foi et les miracles qu'elle produit.