Le Figaro Magazine titre : La science défie l’histoire, et ajoute : « Les chercheurs en sont désormais sûrs : Napoléon est mort d’un cancer. La vérité sur Jeanne d’Arc, Louis XVII, Léonard de Vinci. »
La première imposture est que l’on vous dit la « vérité » sur tout cela (et autres choses : dix « révélations » en tout !) en… quatre pages (grandes illustrations comprises).
« La vérité sur Jeanne d’Arc », c’est simplement l’histoire de ces ossements noircis qui sont ceux d’une momie égyptienne. Cela commence ainsi : « C’est une des mystifications les plus ahurissantes de l’histoire de nos saintes reliques. De quoi consterner les adorateurs de la Pucelle. » Or il ne s’agit pas de « saintes reliques » puisqu’elles ne sont pas dans une église mais dans un très profane musée, et que Le Figaro Magazine lui-même, le 4 mars 2006 (alors qu’on annonçait les analyses), soulignait qu’elles n’avaient jamais été reconnues comme telles par l’Eglise… Enfin je n’ai jamais rencontré d’« adorateurs » de la Pucelle, et il n’y a là de quoi consterner personne.
Le Figaro-Magazine, par la plume de Marc Durin-Valois, ne se grandit pas en publiant ce genre de prose.
Mais ce n’est rien à côté de ce qui est dit du Saint-Suaire :
« La datation au carbone 14 est a priori sans appel (…). Cette pièce de lin (…) constituerait donc un des faux les plus troublants de l’histoire. Le procédé utilisé reste encore mystérieux, proche de la photographie, sans doute par utilisation d’oxyde ferrique — bien connu au Moyen-Age — lié par collagène. » Et voici le bouquet : « Quoique considéré comme un faux par l’Eglise depuis 1390, les partisans de l’authenticité du suaire ne désarment pas. »
Ici la mauvaise foi est portée à un niveau de chef-d’œuvre anticatholique. Il faudrait préciser de quel mois de 1390 on parle. Car en janvier, le pape Clément VII, qui n’avait manifestement pas vu le tissu, ordonne à l’évêque de Troyes de déclarer, lors des ostensions du suaire qui se trouve alors à Lirey, « à haute et intelligible voix », qu’il s’agit d’une « peinture ou tableau du suaire qu'on dit avoir été celui de Notre Seigneur Jésus-Christ ». Mais en juillet de la même année, le même pape permet la dévotion au Saint-Suaire… En 1506, le pape Jules II autorise le culte du Saint-Suaire, « unique linceul dans lequel Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même fut envoyé au tombeau ». Et en 1980, Jean-Paul II se rend à Turin pour le vénérer.
Le Figaro Magazine deviendrait-il le magazine de la « libre pensée » ?
Commentaires
Il n’y a rien d’étonnant de lire cela dans le Figaro, fut-il Magazine ! Mais comme ces journalistes ne connaissent rien à la science, finalement cela n’a aucune importance !