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Le sens du nouveau 1er-Mai

(Ceci est un extrait du chapitre 3 de mon petit livre "la face cachée de Le Pen")

En 1988, Jean-Marie Le Pen a lui-même forgé un symbole historique très fort, en opérant la conjonction entre la fête du travail et la fête de la sainte de la patrie. On objectera sans doute que personne ne crée un symbole. Le symbole, on le reçoit, on l'accueille, on le constate. Mais c'est bien le cas. Le Pen a en fait été conduit par le calendrier à opérer cette conjonction. Cette année-là, il fut obligé d'avancer d'une semaine la célébration par le Front National de la fête de Jeanne d'Arc. Or le dimanche précédent était le 1er mai. Le Pen a donc constaté cette occurrence, mais au lieu d'y voir un effet du hasard, il l'a vue comme un signe providentiel. Il a vu combien il était approprié de célébrer en même temps les travailleurs français et la sainte de la patrie, et combien cela correspondait à sa pensée politique profonde : la Patrie, c'est le fruit du travail des générations qui se succèdent sur un territoire dont les héros sauvegardent l'intégrité et l'indépendance. C'est pourquoi il pérennisa ce qui n'était qu'a priori un hasard du calendrier, et qui est devenu le nouveau 1er-Mai français.

Ce faisant, Jean-Marie Le Pen signait la quatrième date historique de la fête.

Il est important de le souligner, car pour le public qui ne connaît Le Pen que par la télévision, le 1er-Mai du Front National se résume à quelques images d'un défilé de “l'extrême droite” et du chef de cet infréquentable parti haranguant ses troupes. Or le 1er-Mai est la date la plus importante de l'année pour quiconque veut connaître le vrai Le Pen. La “face cachée” de Le Pen, cachée par les médias, mais bien visible par tous ceux qui souhaitent la voir, accessible à tous ceux qui prennent seulement la peine, ou plutôt le plaisir, d'écouter le discours d'un homme enraciné dans le sacré, habité par l'histoire des hommes, de leurs malheurs et de leurs réussites, de leurs souffrances et de leurs gloires. La fête de Jeanne d'Arc renouvelée par Le Pen rassemble dans un même mouvement la célébration des travailleurs (et le souci des chômeurs), la reconnaissance de la valeur sacrée du travail (consacrée par saint Joseph) et de ce que les travailleurs apportent à la patrie, la célébration de la sainte héroïne qui a sauvé la patrie, donc le travail des hommes qui ont fait cette patrie, et montre le chemin d'un avenir d'honneur et de liberté : « Que les travailleurs français sachent surtout que leur meilleure chance de protection et de promotion est contenue dans leur appartenance à la Nation française, indépendante et souveraine, et c’est pourquoi nous avons choisi de fêter le même jour avec le Travail, saint Joseph, artisan, et sainte Jeanne, symbole de la Patrie. »

L'histoire du 1er-Mai est en effet marquée par quatre dates : 1886-90, 1941, 1955, 1988. La première est une date révolutionnaire. La deuxième est celle qui renverse la signification subversive de la journée et lui donne sa valeur de célébration positive du travail des hommes. La troisième est celle qui élève et couronne la deuxième en plaçant le travail des hommes sous la protection de saint Joseph. La quatrième est celle qui, soulignant le rôle du travail dans la construction de la souveraineté nationale, célèbre et défend cette souveraineté par l'invocation de Jeanne d'Arc.

Le 1er mai 1886, les syndicats américains lancèrent une grève générale pour réclamer la journée de huit heures payées dix. Cette grève fut un succès, et prolongée par diverses manifestations les jours suivants. A Chicago, des anarchistes lancèrent une bombe sur des policiers. Les chefs anarchistes furent arrêtés et cinq d'entre eux exécutés. En souvenir des “martyrs de Chicago”, la Fédération américaine du travail appela à une nouvelle grève générale le 1er mai 1890. L'idée fut reprise en France puis dans la plupart des pays d'Europe, le 1er-Mai prenant aussitôt la forme d'une fête révolutionnaire, une fête athée du “prolétariat”. Le journal anarchiste La Révolte commentait, sans doute sous la plume de Kropotkine : « La manifestation pour la journée de huit heures s'effaça dans la pensée ouvrière : l'idée qui prima tout fut celle d'une fête prise de force par les travailleurs en dehors des saints du calendrier. »

En 1941, sous le gouvernement du maréchal Pétain, le 1er-Mai devint une véritable fête du travail, à savoir non une journée de lutte révolutionnaire mais une journée de reconnaissance de la nation pour le travail des Français. La loi du 12 avril 1941 stipulait : « Ce jour sera chômé sans qu'il en résulte une diminution de salaire. Dans le cas où le travail ne pourrait pas être interrompu, les travailleurs bénéficieront d'une indemnité compensatrice à la charge de l'employeur. »

En 1955, le pape Pie XII rehaussait le sens du 1er-Mai, baptisant une fête qui s'était voulue athée et qui était devenue reconnaissance de la valeur humaine du travail. La fête du travail devenait pour l'Eglise la fête de saint Joseph “opifex”, c'est-à-dire artisan, ouvrier, travailleur. « Ce jour du 1er mai que le monde du travail s'est adjugé comme sa fête propre », déclarait le pape, recevait désormais sa « consécration chrétienne ».

Dans la perspective chrétienne, le travail (le mot vient d'un mot latin signifiant torture) fut d'abord une punition due au péché originel : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front. » Mais dans le plan de la Rédemption le travail qui est service des hommes, qui édifie la cité, est acte d'amour du prochain et devient coopération à l'œuvre de Dieu. Et le psaume initial de la messe du 1er-Mai est celui qui dit : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent. »

On notera que Jeanne d'Arc disait quelque chose de semblable : « Les hommes d'armes combattront, et Dieu donnera la victoire. »

Dans les années 80, le Front National participait au “cortège traditionnel” de Jeanne d'Arc, imposé par l'Action Française autour de 1910 (au prix de centaines de blessés et de 10 000 jours de prison), puis conforté par la loi de 1920 qui instituait une « fête nationale de Jeanne d'Arc, fête du patriotisme », célébrée chaque année le deuxième dimanche de mai.

C'est saint Pie X, en 1904, qui, en décrétant l'héroïcité des vertus de Jeanne, première étape de la canonisation, avait invité la France au culte de son héroïne. Ce qui avait provoqué une infâme campagne maçonnique à laquelle l'Action Française répondait par des manifestations se terminant par un hommage à Jeanne, devant sa statue de la place des Pyramides. Cet hommage devint le “cortège traditionnel”.

Jeanne d'Arc fut béatifiée par saint Pie X en 1909, puis canonisée par Benoît XV le 16 mai 1920. La loi de la République française instituant la fête nationale de Jeanne d'Arc fut publiée au Journal officiel le 14 juillet de la même année, le jour de l'autre fête nationale... La fête liturgique de sainte Jeanne d'Arc étant fixée au 30 mai, Benoît XV en fixa la solennité transférée au deuxième dimanche de mai, « afin d'assurer la coïncidence de la solennité religieuse avec la fête civique ».

Dans les années 60, la solennité religieuse de sainte Jeanne d'Arc disparut peu à peu des églises et des missels. Le pouvoir politique se contentait quant à lui de faire déposer discrètement une gerbe, par un sous-fifre d'un cabinet ministériel, devant la statue de la place des Pyramides. Seule l'Action Française maintenait son “cortège traditionnel”, qui reçut à partir de 1979 le renfort du Front National, du Centre Charlier et d'autres organisations.

D'année en année, le cortège grandit. A partir de 1983, le Front National et les associations amies organisèrent leur propre défilé, avant celui de l'Action Française.

En 1988, le deuxième dimanche de mai était le jour de l'élection présidentielle. Impossible de demander aux Français de province de se déplacer à Paris ce jour-là. Le Pen décida d'avancer le défilé au dimanche précédent. Qui se trouvait être le 1er mai. Et c'est ainsi que Jeanne d'Arc et les travailleurs se sont rencontrés, le 1er mai 1988, dans une même défense de la France et des Français d'abord.

C'est ainsi que Jean-Marie Le Pen a accompli l'authentique signification nationale du 1er-Mai, dans la continuité nationale de notre histoire, où le travail des hommes est reconnu et sanctifié, où la souveraineté de la nation se reconnaît dans une jeune fille qui est la sainte de la patrie : et ce sont là tout naturellement les thèmes des discours du 1er-Mai.

Commentaires

  • Je me demande parfois s'il n'aurait pas été préférable de choisir Sainte Geneviève , elle qui a défendu Lutèce contre l'envahisseur Attila venu de Hongrie...

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