Angela Merkel, présidente en exercice de l’Union européenne, José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, et Hans-Gert Pöttering, président du Parlement européen, ont signé en grandes pompes, dimanche, au Musée d’histoire de l’Allemagne, la Déclaration de Berlin, que les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 avaient « adoptée » la veille, mais qu’ils n’ont pas signée, contrairement à ce qui avait été annoncé...
Pourtant cette Déclaration, comme l’avait remarqué Jean-Marie Le Pen dès vendredi, n’est qu’un « affligeant catalogue des lieux communs de la pensée unique », un « exemple type de ce que peut donner l’alliance de la langue de bois et de l’impuissance politique ».
Certes, mais elle se termine par l’affirmation que « nous partageons l’objectif d’asseoir l’Union européenne sur des bases communes rénovées d’ici aux élections au Parlement européen de 2009 ». Selon l’exégèse officielle, faite par Angela Merkel qui est l’auteur unique du document, cela veut dire qu’au printemps 2009 un nouveau traité européen (on n’ose plus parler de Constitution, et le texte ne dit même pas « traité ») devra avoir été ratifié.
Curieuse interprétation, car « partager un objectif » ne veut pas dire qu’on s’engage à le réaliser à la date indiquée. Surtout quand on ne dit même pas de quoi il s’agit concrètement...
Quoi qu’il en soit, Mme Merkel a forcément raison, puisque c’est elle qui a écrit le texte et que c’est elle qui l’explique...
Mais les réactions ne se sont pas fait attendre. Le président tchèque Vaclav Klaus a aussitôt prédit qu’il « n’y aura pas de consensus sur la substance » du nouveau traité, et que « ce n’est pas une tragédie ». Il semble que Vaclav Klaus ait refusé de signer la Déclaration , ce qui a fait capoter la signature du document par les 27. Quant au président polonais Lech Kaczynski, il a déclaré : « C’est peut-être un bel objectif, mais il me semble irréaliste »... Il a rappelé que la Pologne voulait une mention des racines chrétiennes de l’Europe dans le préambule, et que ce qui était également important pour la Pologne était le système de vote (celui du traité de Nice est avantageux pour Varsovie), « ainsi que la détermination précise de ce qui relève des Etats nationaux et de ce qui relève des compétences de l’Union européenne ». Car, a-t-il précisé, « le temps des Etats nationaux n’est pas encore passé ».