François Bayrou était hier au Salon de l’agriculture. Il a osé dire que « la France entière a besoin de sauvegarder son visage agricole » ; que les agriculteurs « ont besoin d'un président de la République qui les aime, les comprenne, les soutienne parce que ce sera un combat de tous les jours » ; qu’il « doit y avoir une politique agricole mais aussi une politique des agriculteurs », que l’agriculture est « un secteur d'avenir », indispensable notamment à « la sauvegarde de la souveraineté alimentaire » de la France. Et encore : « Il faut que sans trêve le nouveau gouvernement défende la vocation agricole de notre pays et une PAC qui prenne en charge le soutien des exploitations familiales ».
François Bayrou est un européiste forcené. Le premier budget européen est, de loin, celui de l’agriculture, la première politique européenne est donc celle de l’agriculture, et François Bayrou la soutient sans l’ombre d’une nuance. Or cette politique agricole commune est une politique résolument hostile aux exploitations familiales, une politique qui détruit le « visage agricole » de la France, une politique de désertification des campagnes, de génocide paysan, comme on peut le constater tant par les statistiques qu’en se promenant sur notre territoire. C’est une politique qui vise à délimiter des productions agricoles industrielles spécialisées et géographiquement définies, où la France n’a pas son mot à dire précisément parce qu’elle reste encore un pays d’exploitations familiales, et que cette dispersion nuit terriblement au travail des eurocrates.
François Bayrou ose parler de « souveraineté alimentaire », lui qui est un partisan fanatique de l’abandon à Bruxelles de toute souveraineté nationale.
Il ose dire qu’il veut une PAC qui prenne en charge le soutien des exploitations familiales, mais il oublie que la PAC actuelle n’est financée que jusqu’en 2013, et que la PAC de 2014 sera encore plus destructrice, encore plus hostile aux paysans, sous l’influence des pays du Nord, et cela surtout, bien sûr, si on a le gouvernement d’un Bayrou à plat ventre devant Bruxelles.
Il est significatif que le même jour Jean-Marie Le Pen visitait aussi le Salon de l’agriculture. Avec un message de vérité et d’espoir. Avec une vision française, européenne et planétaire de la situation, montrant quels sont les atouts de l’agriculture française et européenne dans la compétition mondiale, à condition d’orienter la PAC , non pas vers la fin des paysans, mais vers un nouveau matin des paysans. Et il ne s‘agit pas de vœux pieux, mais de propositions précises, sur ce que doit faire le gouvernement français à l’OMC et à Bruxelles, et aussi au niveau national, en utilisant toutes les marges de manœuvre qui restent, notamment en favorisant l’installation de jeunes agriculteurs.
Le contraste était saisissant, entre les propos démagogiques de Bayrou, dépourvus de toute perspective concrète, démentis par l’européisme qu’il revendique par ailleurs, et les propositions précises et réalistes de Le Pen, portées par ce souffle national de la France qui a quelque chose à dire au monde.