« Vous êtes d’en bas, moi je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde, moi je ne suis pas de ce monde. Je vous ai dit que vous mourrez dans votre péché : si vous ne croyez pas que Je Suis, vous mourrez dans votre péché. » Et ils lui disaient : « Qui es-tu ? » Jésus leur dit : « Le Principe, moi qui vous parle. » (…) « Quand vous aurez exalté le Fils de l’Homme, alors vous saurez que Je Suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle comme le Père m’a enseigné. » (Jean, 8, 23-28, d’après la Vulgate)
« Principium, qui et loquor vobis. » Cette phrase est évidemment à relier aux premiers mots du même évangile : « In Principio erat Verbum. » Ce qui se traduit littéralement : dans le Principe était le Verbe. Le Principe sans principe étant le Père. Le Verbe est Principe vis-à-vis des hommes.
Contrairement à ce que prétendent les exégètes modernes, le texte grec peut parfaitement se traduire en latin de la façon dont saint Jérôme le fait. C’est injurier, de façon ridicule, saint Jérôme, d’imaginer qu’il n’ait « pas vu » que « ten archen » était un accusatif et non un nominatif, et qu’il ait ainsi commis une faute grossière. La faute est bel et bien de traduire ici, dans ce contexte (« si vous ne croyez pas que Je Suis »), « ten archen » par « depuis le commencement », puisque cela renvoie aux premiers mots de l’évangile, « en arche », qui ne veulent pas dire « au commencement », mais « au principe ». Et d'où fait-on sortir le « depuis » ?
« In principio », « en arche », sont aussi (et d’abord) les premiers mots de la Genèse. Et l’on ne peut rien comprendre non plus aux trois premiers chapitres de la Genèse (ni du reste à l’Immaculée Conception, annoncée dans la Genèse) si l’on traduit le « in principio » initial par « au commencement ». Le « commencement » de ce monde d’en bas, où l’on meurt dans le péché si l’on ne reconnaît pas la Parole qui dit Je Suis, est déclenché par le péché originel. Et encore n’est-ce que par analogie qu’on peut parler de « commencement ». Il s’agit plutôt d’un surgissement, d’une manifestation.
Si l’on ne comprend pas cela on ne peut pas répondre à ceux qui disent : l’Eglise a tort d’enseigner que la mort est la conséquence du péché originel, puisqu’il est établi que les animaux mouraient avant l’apparition de l’homme. Dire cela, c’est confondre le plan de l’histoire des hommes (dans le monde du péché, le seul que connaisse la science expérimentale) avec le plan du « principe » et de ce qui « se passait » « au principe » (qui échappe à la science). La mort corporelle ne peut pas davantage exister dans le paradis originel qu’elle ne peut exister dans le Royaume où nous fait entrer le Christ qui par sa mort a vaincu la mort parce qu’il a vaincu le péché. Que la mort corporelle soit une conséquence du péché originel est une vérité de foi (attestée par Dieu lui-même dans la Genèse et sur la Croix et dans toute l’Ecriture et par toute la Tradition), et même une de celles qui, face aux développements de la science, prouvent l’origine divine du christianisme.