Il ne se passe quasiment pas de jour qu’Angela Merkel ne parle de la Constitution européenne. C’est un véritable forcing que la présidence allemande a entrepris pour redonner vie au projet mort-né. Aujourd’hui, c’était devant le Parlement européen. « Il est dans l'intérêt de l'Europe, de ses Etats membres et de ses citoyens que d'ici aux prochaines élections au Parlement européen, en 2009, ce processus soit terminé. Un échec serait un échec historique », a-t-elle déclaré.
« Nous sommes dans la phase où chacun a eu assez de temps pour réfléchir. Nous allons discuter avec les différents Etats membres et voir quels problèmes spécifiques ils ont avec la Constitution », a-t-elle ajouté. Mais les Français n’ont pas de « problème spécifique » avec ce texte : ils l’ont rejeté, c’est tout. Et, faut-il le rappeler, si ce texte avait été soumis à référendum dans les autres pays, une majorité d’entre eux l’auraient également rejeté.
Néanmoins elle insiste : l’UE, dit-elle, « a compris que sur certains points les citoyens ne voient pas quelle est la valeur ajoutée du traité », mais il faut néanmoins en « préserver la substance ».
Les ministres luxembourgeois et espagnol des Affaires étrangères Jean Asselborn et Miguel Angel Moratinos — qui organisent le 26 janvier à Madrid une réunion des 18 pays ayant dit oui à la Constitution — soulignent eux aussi dans une tribune au Monde qu'il faut « préserver les indéniables progrès que représente le traité ».
Ségolène s’en prend aux Français qui ont mal voté
Ségolène Royal ne dit pas autre chose. Elle revient même en arrière par rapport à ce qu’elle avait dit précédemment. A l’issue d’un entretien à Luxembourg avec le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, elle s'est prononcée pour un nouveau référendum en France en 2009 « sur un traité qui permette aux institutions européennes de fonctionner ». Et ce traité n’est plus un texte profondément refondu, c’est le même qu’en 2005, au motif qu’elle ne veut pas « que les Français pénalisent les pays européens qui se sont déjà prononcés ». Sic. Ce sont les politiciens européens qui ont raison, et les Français qui ont tort. Salauds de Français, qui par leur mauvais vote pénalisent leurs petits camarades.
Il suffira d’ajouter au texte un (autre) « volet social ». Et puis on ne l’appellera plus traité constitutionnel, mais « traité fondamental de base », a suggéré Juncker. Et le tour est joué. Ces imbéciles de Français le voteront…
Dès qu’il est question de l’Europe, les politiciens battent tous les records de mépris des citoyens. Ce qui est logique. L’Union européenne a pour vocation d’écraser les nations. Les politiciens qui soutiennent ce processus en viennent naturellement à piétiner leur peuple, et avec d’autant plus de morgue que le peuple s’est permis de se rebiffer.