Le procès de Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, de sa femme Dominique Le Texier, et du responsable des marchés de la région Dominique Merchez, s’est ouvert à Paris. Le premier est poursuivi pour prise illégale d’intérêts, la deuxième pour recel de prise illégale d’intérêts, le troisième pour favoritisme (et l’on vient d’apprendre qu’il est visé par une nouvelle enquête judiciaire).
La justice soupçonne Jean-Paul Huchon d’avoir fait attribuer des marchés en 2002 et 2003 à des sociétés en l’échange de l’embauche de son épouse. Ainsi la société Image publique avait remporté le marché de promotion de la région au festival de Cannes, et cette société avait embauché Dominique Le Texier comme régisseur sur ce contrat. Selon l’accusation, Image publique avait été choisie au terme d’une mise en concurrence factice avec deux autres sociétés, dont les devis avaient été antidatés au moyen d’un « caviardage » sommaire, alors que le marché était déjà attribué.
Mais, devant le tribunal, personne ne sait rien. Le patron d’Image publique ne savait pas que Dominique Le Texier était la femme de Huchon, Dominique Merchez n’a appris cette « embauche inopportune » que pendant le festival de Cannes, et Jean-Paul Huchon quant à lui n’était au courant de rien, ni de l’attribution du marché, ni de ce que faisait sa femme.
Laquelle ne sait pas non plus du tout ce que fait son mari. « Je suis quelqu’un qui vit dans sa bulle, qui ne parle pas de ce que je fais », a-t-elle affirmé. « Pas même à votre mari ? » demande le juge. « Pas même à mon mari, ni à ma mère. » Et Jean-Paul Huchon de confirmer : « Nos conversations ne sont jamais professionnelles ». Car il s’est « fixé une règle de vie : ne jamais parler ni de ma vie professionnelle ni de la sienne avec ma femme. » Par conséquent il ignorait tout des liens de sa femme avec des sociétés en contrat avec la région dont il est le président…
Malgré ce magnifique aplomb, qui ne fait guère illusion devant le tribunal, Jean-Paul Huchon a paru toutefois quelque peu déstabilisé, car il a cru bon d’ajouter : « Mon épouse travaille dans le cinéma, c’est un métier respectable. Elle n’est pas strip-teaseuse à Pigalle. » Comme si c’était le sujet. Et surtout, comment peut-il savoir que ce que fait sa femme est respectable, puisqu’il ne sait pas ce qu’elle fait ?
On suivra avec intérêt (sans prise illégale) la suite de ce joyeux feuilleton que nous offre le couple Huchon.