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Sauver à tout prix les négociations avec la Turquie

La Commission européenne doit publier le 8 novembre prochain son rapport sur les « progrès » de la Turquie dans ses négociations d’adhésion à l’Union européenne. Or, de progrès, il n’y en a pas, et le rapport devrait le constater, ce qui pourrait conduire l’Union européenne à interrompre les négociations.

Mais les maîtres de l’Europe refusent une telle perspective. Il faut donc absolument trouver une combine pour permettre la poursuite du processus. Pour l’ouverture des négociations, ils avaient déjà trouvé une misérable combine, violant le droit international de façon éhontée, en acceptant que l’Union européenne ouvre des négociations d’adhésion avec un pays qui ne reconnaît pas l’un des pays de cette union. Qu’à cela ne tienne, avaient-ils dit, il suffira que la Turquie signe l’accord de libre-échange qui étend ses relations commerciales aux dix nouveaux Etats membres de l’Union : comme Chypre est un de ces dix, on considérera que le problème est résolu de facto. La Turquie a signé, mais a continué d’interdire son territoire aux navires ou avions chypriotes… La situation, de facto, est donc toujours la même.

C’est ce dont le rapport du 8 novembre devrait prendre acte. Mais il faut empêcher ce terrible « déraillement » des négociations. Alors la présidence finlandaise de l’Union européenne a trouvé un truc : on pourrait débloquer les relations commerciales avec la partie turque de Chypre, qui est sous embargo international puisque personne ne reconnaît la « République de Chypre Nord » mise en place par les Turcs en 1974. Et si l’on permet le commerce avec les Turcs de Chypres, les Turcs d’Ankara permettront le commerce avec la République de Chypre…

En fait il n’y a là rien de nouveau. En 2004, la Commission européenne avait déjà proposé de rompre l’embargo en mettant en place des régimes commerciaux préférentiels facilitant les exportations directes du nord de Chypre vers l’Union européenne (sans nous expliquer comment on fait du commerce avec un pays qui n’existe pas). Mais cela n’avait pu être réalisé en raison de l’opposition de Chypre.

D’autre part, il ne s’agit pas d’une invention de Bruxelles, ni d’Helsinki, mais tout simplement d’une revendication turque, en forme de chantage : nous arrêterons notre embargo sur la République de Chypre si vous arrêtez l’embargo sur Chypre Nord.

Autrement dit, la présidence finlandaise propose à ses partenaires de se plier aux exigences d’Ankara. Ce qui explique naturellement la satisfaction affichée par le gouvernement turc face à la « proposition » finlandaise.

Il ne reste plus désormais qu’à faire plier le gouvernement de Nicosie (qui n’a guère les moyens de résister, comme on l’a vu lors de l’ouverture des négociations), et la Turquie aura remporté une nouvelle victoire…

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