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  • Saint Robert Bellarmin

    Mort en 1621, le cardinal Robert Bellarmin, grand artisan de la réforme catholique et connu pour sa sainteté, devait être rapidement canonisé. Sa cause était introduite par le pape lui-même, Urbain VIII, cinq ans plus tard. Mais de difficultés en difficultés, on arriva au XXe siècle. Et c’est Pie XI qui canonisa Robert Bellarmin et le fit docteur de l’Eglise.

    L’une des principales raisons, et même la principale, était l’opposition de l’élite politico-religieuse française, gallicane et janséniste, alors que Bellarmin était le théologien des ultramontains…

    Ci après le récit du Dictionnaire de théologie, dans un article d’avant 1930.

    Tout concourait à glorifier la mémoire du défunt : la vénération témoignée par la foule à ses funérailles, les magnifiques éloges que lui décernèrent un grand nombre de cardinaux et de saints personnages, les immenses travaux qu’il avait entrepris pour l’honneur de Dieu et de l’Eglise, la vie toute de piété, de zèle et de charité qu’il avait menée, enfin l’éclat des dons surnaturels qui ne lui avaient pas manqué, surtout pendant son séjour à Capoue et après sa mort. La cause fut introduite sous Urbain VIII, le 15 janvier 1627, et le titre de Vénérable fut dès lors acquis au serviteur de Dieu. Une première congrégation préparatoire fut sur l’héroïcité des vertus aboutit, le 7 septembre 1675, à un vote unanimement favorable des vingt-deux théologiens consulteurs. Dans la congrégation générale qui eut lieu sous Innocent XI, le 26 septembre 1677, et qui se composa de trente-huit membres, seize cardinaux et vingt-deux consulteurs, la pluralité des suffrages, en tout vingt-huit, restèrent favorables ; mais de vives oppositions s’élevèrent. Quelques-uns, comme le cardinal Barbarigo, ne contestaient pas au vénérable serviteur de Dieu la sainteté de la vie ; ils doutaient seulement de l’héroïcité des vertus, ou du moins n’en trouvaient pas la preuve suffisamment établie : et ce fut aussi la principale objection du promoteur de la foi, Prosper Bottini. D’autres, comme le cardinal Azzolini, allaient plus loin : s’appuyant sur les faits déjà signalés, ils accusaient Bellarmin d’avoir, en diverses circonstances de sa vie, manqué d’humilité, de charité, de prudence, de discrétion et même de véracité. A ces difficultés s’ajoutèrent des défauts de forme qui retardèrent la cause.

    Une nouvelle information eut lieu en 1719, sous Clément XI ; Prosper Lambertini y parut comme promoteur de la foi. Le pape, on ne sait pourquoi, ne prit aucune décision. Sur d’instances demandes, adressées au Saint-Siège, la cause fut reprise par ordre de Benoît XIV ; le 16 juillet 1748, il nomma rapporteur le cardinal Cavalchini. Une nouvelle congrégation générale se tint le 5 mai 1753 ; vingt-cinq suffrages  sur vingt-sept furent favorables, malgré l’opposition violente et tapageuse du cardinal Passionei qui, dans un vote souvent exploité depuis lors, tira de l’autobiographie de Bellarmin les mêmes objections que le cardinal Azzolini, mais en les aggravant et en y joignant des considérations d’ordre politique sur les difficultés que pourrait susciter au Saint-Siège, en France ou ailleurs, la béatification de l’auteur des Controverses et du traité contre Barclay. Contre l’attente générale, Benoît XIV en resta là. Ce n’est pas que son jugement fût opposé à celui de la majorité ; il était facile de le présumer en se reportant à ce qu’il a dit de cette cause en plusieurs passages de son grand ouvrage De servorum Dei beatificatione et beatorum canonizatione. Mais on n’en est plus à des présomptions ; dans des papiers du même pape, on a retrouvé son Votum, ou l’expression de ce qu’il dit dans la congrégation générale du 5 mai. Les conclusions pleinement favorables au serviteur de Dieu ; le point capital de l’héroïsme y est, en particulier, nettement résolu. Après avoir remarqué que la méthode ordinaire consiste à prouver l’héroïsme dans l’exercice des vertus théologales et morales que le vénérable a eu l’occasion et l’obligation de pratiquer, Benoît XIV ajoute (je traduis littéralement sur une copie du document photographié) : « C’est là que les postulateurs ses sont efforcés de faire, non seulement en répétant ce qui avait été déjà dit, mais en le renforçant de preuves plus importantes qui n’avait pas été d’abord donnés dans le sommaire. Mais pour ce qui est de l’héroïsme dans le cas dont nous nous occupons, il semble plus expédient de se demander si, présupposé ce qui dans le cas présent est prouvé, à savoir la pureté de conscience ou absence de péché dans la longue carrière d’un homme qui vécut soixante-dix-neuf ans, et l’observance continuelle des préceptes et des conseils évangéliques, selon l’état de religieux de la Compagnie de Jésus que le serviteur de Dieu avait embrassé, ? si, dis-je, le fait de n’avoir jamais manqué en rien de ce qui touche à l’état de religieux, de cardinal et d’archevêque, le fait aussi de s’être dépensé utilement toue sa vie pour notre sainte foi, ne suffit pas pour faire de ce serviteur de Dieu un héros supérieur au commun degré des autres gens de bien. Cela suffit, croyons-nous, et c’est ce que nous nous sommes efforcés de prouver, dans notre ouvrage De canonizatione, avec les auteurs que nous y avons cités. »

    Les raisons qui déterminèrent l’auteur de ce Votum à ne pas émettre le décret sur l’héroïcité des vertus, sont connues maintenant. Une série de lettres, échangées à ce sujet entre Benoît XIV et le cardinal de Tencin, montre que le grand pape fit céder sa ferme conviction et ses propres désirs à des raisons de haute prudence, à la crainte surtout de fournir une nouvelle matière au feu des fureurs gallicanes et jansénistes dans les parlements de France. Dans une lettre du 29 août 1753, Benoît XIV dit au sujet de la réunion du 5 mai : « Nous parlâmes de la cause fort au long et nous renvoyâmes notre déclaration à un autre temps. Nous l’aurions même déjà donnée conforme à la pluralité des voix, si les prudentes réflexions que vous nous avez fait faire ne nous avaient déterminé à un plus long délai et à attendre des conjonctures plus favorables. . . Nous avons dit en confidence au général des jésuites que le délai de la cause ne venait point des pauvretés débitées par le cardinal Passionei, mais des tristes circonstances du temps. »

    Sous le pape Léon XII, on put croire à l’existence de conjonctures plus favorables, et un nouvel examen de la cause fut entrepris en 1828 ; mais la mort du pape et celle du général des jésuites créèrent un nouvel obstacle.

  • Saint Robert Bellarmin

    Extraits de la catéchèse de Benoît XVI, hier, sur saint Robert Bellarmin.

    Un signe distinctif de la spiritualité de Robert Bellarmin est la perception vivante et personnelle de l'immense bonté de Dieu, grâce à laquelle notre saint se sentait vraiment le fils bien-aimé de Dieu et c'était une source de grande joie que de se recueillir, avec sérénité et simplicité, en prière, en contemplation de Dieu. Dans son livre De ascensione mentis in Deum - Élévation de l'esprit à Dieu - composé sur le schéma de l'Itinerarium de saint Bonaventure, il s'exclame : « O mon âme, ton exemple est Dieu, beauté infinie, lumière sans ombres, splendeur qui dépasse celle de la lune et du soleil. Lève les yeux vers Dieu dans lequel se trouvent les archétypes de toutes les choses, et dont, comme d'une source d'une infinie fécondité, dérive cette variété presque infinie des choses. C'est pourquoi tu dois conclure : celui qui trouve Dieu trouve toute chose, qui perd Dieu perd toute chose ». (…)

    Robert Bellarmin puisait dans les Exercices spirituels de saint Ignace des conseils pour communiquer de manière profonde, également aux plus simples, les beautés des mystères de la foi. Il écrit : « Si tu es sage, tu comprends que tu es créé pour la gloire de Dieu et pour ton salut éternel. Cela est ton but, le centre de ton âme, le trésor de ton cœur. Estime donc comme un vrai bien pour toi ce qui te conduit à ton objectif, un vrai mal ce qui te le fait manquer. Les événements bénéfiques ou l'adversité, la richesse et la pauvreté, la santé et la maladie, les honneurs et les outrages, la vie et la mort, le sage ne doit ni les chercher, ni les fuir pour eux-mêmes. Ils ne sont bons et désirables que s'ils contribuent à la gloire de Dieu et à ton bonheur éternel, ils sont mauvais et à fuir s'ils lui font obstacle » (De ascensione mentis in Deum, grad. 1).

  • Saint Robert Bellarmin

    Deus, qui ad errórem insídias repelléndas et apostólicæ Sedis iura propugnánda, beátum Robértum Pontíficem tuum atque Doctórem mira eruditióne et virtúte decorásti : eius méritis et intercessióne concéde ; ut nos in veritátis amóre crescámus et errántium corda ad Ecclésiæ tuæ rédeant unitátem. Per Dóminum.

    O Dieu, pour repousser les pièges de l’erreur et défendre les droits du Siège apostolique, vous avez doté le bienheureux Robert, votre Pontife et Docteur, d’une science et d’une force admirable : faites, par ses mérites et son intercession ; que nous grandissions dans l’amour de la vérité et que les cœurs des égarés reviennent à l’unité de votre Église.

  • Saint Robert Bellarmin

    On dit que l'Esprit de Dieu prie pour nous, parce qu'il nous fait prier, et qu'il joint à la prière des gémissements inconnus à la nature, et que nulle langue ne peut exprimer. C'est là cette pluie volontaire, que Dieu réserve pour son héritage. (Psaume 67, 26) Car les larmes naturelles ressemblent moins à la pluie qu'à l'eau des marais. Les pluies qui tombent du Ciel, sont propres pour fertiliser la terre; ce que ne font pas les eaux dormantes et bourbeuses des marais. Or il y a deux sortes de larmes saintes. Les unes viennent de haine, les autres d'amour : celles-là marquent de la douleur, et celles-ci de la joie. Celles qui naissent de la componction montrent qu'on hait le péché; et celles que cause l'impatience de voir Dieu, sont des témoignages d'un ardent amour pour lui. Ce qui fait donc que Dieu les estime et les récompense, c'est qu'il les reçoit comme des preuves de l'amour sincère qu'on lui porte, et de la haine véritable qu'on porte au péché. Sans cela que sont les larmes, qu'une humeur qui tombe naturellement du cerveau, et qui se décharge par les yeux.

    Ces deux espèces de larmes sont représentées naïvement, dit saint Grégoire, par les eaux, dont il est parlé dans Josué, qui venaient en partie d'en haut, en partie d'en bas, pour arroser une terre, que Caleb donna à sa fille Acsa. De là vient aussi que quelques-uns les comparent aux eaux du déluge, qui arriva du temps de Noé. Car c'est Dieu qui l'envoya, et qui le forma tant des sources de l'abîme, que des cataractes du Ciel. En effet celles qui procèdent de contrition et de douleur sont assez bien exprimées par les sources de l'abîme; et celles qui naissent d'amour et de joie, par les pluies qui tombent du Ciel. Mais c'est toujours Dieu, qui en est la cause, de quelque côté qu'elles viennent. Cependant quoique ce soient de vrais dons de Dieu, il ne faut pas nous imaginer que ces dons précieux nous doivent venir sans que nous fassions de notre côté tout ce qui est nécessaire pour les attirer. La sagesse est un don du Saint-Esprit : et néanmoins saint Jacques assure que si quelqu'un en a besoin, il doit la lui demander, comme à celui qui la donne libéralement. Demandons-les donc, et demandons-les comme il faut, c'est-à-dire, avec une ferme foi, et sans hésiter. Car si nous ne les avons pas, c'est que nous ne pensons pas à les demander; ou si nous les demandons, et que nous ne les obtenions point, c'est que nous les demandons mal. Afin donc que notre prière soit efficace, il est nécessaire de les demander avec une grande confiance, et un grand désir de les obtenir. C'est de cette manière que saint Grégoire dans ses Dialogues dit expressément qu'il faut demander le don des larmes, comme nous verrons dans toute la suite de cet Ouvrage.

    (Fin de la préface à son livre Le gémissement de la colombe)

  • Saint Robert Bellarmin

    Saint Robert Bellarmin naquit à Montepulciano, en Toscane, le 4 octobre 1542, le jour de la fête du poverello d’Assise pour lequel il eut toute sa vie une grande dévotion. Il devait d’ailleurs mourir le jour où l’Église célèbre l’impression des stigmates de saint François, le 17 septembre. En 1560, Bellarmin entra dans la Compagnie de Jésus. Ce fut, sans conteste, l’un des hommes les plus importants de cet Ordre. Il se distingua par sa grande obéissance, sa profonde piété, son humilité, sa « simplicité de cœur ». Si l’on voulait résumer sa vie mouvementée dans une seule phrase, peut-être pourrait-on dire : Dans ses différentes fonctions et ses différentes charges, il eut cette devise : « Si je t’oublie, Jérusalem, puissé-je oublier ma main droite » [psaume 136]. Son œuvre la plus importante est constituée par ses controverses. « On entend, comme un accord final, dans le choral puissant qui, malgré les peines et les souffrances que causaient alors les défections, jaillit du cœur de l’Église, le choral de la mater una, sancta, catholica » (E. Birminghaus). Saint Bellarmin était aussi le confesseur de deux jeunes saints : saint Louis de Gonzague et saint Jean Berchmans. Pourquoi a-t-il fallu attendre 300 ans avant la canonisation de Bellarmin ? Mgr Héfélé indique le motif quand il écrit : Au reste, Bellarmin demeure, même sans être canonisé, digne de la plus grande vénération des catholiques et ceux qui ont voulu le salir n’ont fait que se déshonorer. Pie XI l’a béatifié en 1923, canonisé en 1930 et, le 17 septembre 1931, l’a proclamé docteur de l’Église.

    Dom Pius Parsch

     

  • Saint Robert Bellarmin

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    Dans les écrits de cet homme de gouvernement on perçoit de manière très claire, malgré la réserve derrière laquelle il cache ses sentiments, le primat qu'il accorde aux enseignements du Christ. Saint Bellarmin offre ainsi un modèle de prière, âme de toute activité: une prière qui écoute la Parole du Seigneur, qui se satisfait d'en contempler la grandeur, qui ne se replie pas sur elle-même, mais est heureuse de s'abandonner à Dieu. Un signe distinctif de la spiritualité de Robert Bellarmin est la perception vivante et personnelle de l'immense bonté de Dieu, grâce à laquelle notre saint se sentait vraiment le fils bien-aimé de Dieu et c'était une source de grande joie que de se recueillir, avec sérénité et simplicité, en prière, en contemplation de Dieu. Dans son livre De ascensione mentis in Deum — Elévation de l'esprit à Dieu — composé sur le schéma de l'Itinerarium de saint Bonaventure, il s'exclame: «O mon âme, ton exemple est Dieu, beauté infinie, lumière sans ombres, splendeur qui dépasse celle de la lune et du soleil. Lève les yeux vers Dieu dans lequel se trouvent les archétypes de toutes les choses, et dont, comme d'une source d'une infinie fécondité, dérive cette variété presque infinie des choses. C'est pourquoi tu dois conclure: celui qui trouve Dieu trouve toute chose, qui perd Dieu perd toute chose».

    Dans ce texte, on entend l’écho de la célèbre contemplatio ad amorem obtineundum — contemplation pour obtenir l’amour — des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Robert Bellarmin, qui vit dans la société fastueuse et souvent malsaine de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle, tire de cette contemplation des aspects pratiques et y projette la situation de l’Eglise de son temps avec un vif souffle pastoral. Dans l’ouvrage De arte bene moriendi — l’art de bien mourir — il indique, par exemple, comme règle sûre d’une bonne vie, et également d’une bonne mort, de méditer souvent et sérieusement le fait que l’on devra rendre compte à Dieu de ses propres actions et de sa propre façon de vivre, et de chercher à ne pas accumuler de richesses sur cette terre, mais à vivre simplement et avec charité de manière à accumuler des biens au Ciel. Dans l’ouvrage De gemitu colombae — le gémissement de la colombe, où la colombe représente l’Eglise — il rappelle avec force tout le clergé et les fidèles à une réforme personnelle et concrète de leur propre vie, en suivant ce qu’enseignent les Saintes Ecritures et les saints, parmi lesquels il cite en particulier saint Grégoire de Nazianze, saint Jean Chrysostome, saint Jérôme et saint Augustin, en plus des grands fondateurs des Ordres religieux, tels que saint Benoît, saint Dominique et saint François. Robert Bellarmin enseigne avec une grande clarté et à travers l’exemple de sa propre vie qu’il ne peut pas y avoir de véritable réforme de l’Eglise si auparavant il n’y a pas notre réforme personnelle et la conversion de notre cœur.

    Benoît XVI

  • Saint Robert Bellarmin

    La sainte Écriture nous avertit fréquemment de chercher Dieu avec soin. Car quoique Dieu ne soit pas loin de nous, puisque c'est en lui que nous avons l'être, le mouvement et la vie (Act. 17), nous sommes cependant nous-mêmes loin de Dieu : et à moins de préparer dans notre cœur des degrés pour former en quelque sorte une échelle qui nous élève au ciel; à moins de chercher Dieu avec une grande sollicitude, nous ne pouvons; comme l'enfant prodigue, que paître les pourceaux dans une région lointaine, loin de notre patrie et de notre Père céleste.

    Mais pour expliquer en peu de mots comment il se fait que Dieu ne soit pas loin de nous, tandis que nous sommes très loin de lui, nous disons que Dieu n'est pas loin de nous, parce qu'il nous voit sans cesse, que tout est présent à ses yeux; parce qu'il pense continuellement à nous, et qu'il en prend soin (I. Petr. 5); parce qu'il nous touche continuellement, étant celui qui soutient tout par la puissance de sa parole (Hebr. 1. 3). Mais nous sommes très éloignés de Dieu, parce que nous ne le voyons pas et qu'il nous est impossible de le voir, puisqu'il habite une lumière inaccessible ( I. Tim. 6) ; parce que nous ne sommes pas capables de former de nous-mêmes aucune bonne pensée de Dieu (II Cor. 3). Encore moins pouvons-nous l'approcher par de pieuses affections, et nous attacher à lui, s'il ne nous admet, et si sa droite ne nous attire. Ainsi David, après avoir dit à Dieu : Mon âme s'est attachée à vous, ajoute aussitôt: Votre droite m'a soutenu (Ps. 62. 8). Nous sommes très éloignés de Dieu, non seulement en ce que nous ne pouvons ni le voir, ni penser facilement à !lui, ni nous y attacher par affection, mais encore parce qu'occupés des biens temporels, qui nous environnent et nous obsèdent de toutes parts, nous oublions facilement Dieu; et à peine notre langue prononce-t-elle son saint nom dans les Psaumes et les autres prières, tandis que le cœur ne ressent rien. C'est pour éviter ce malheur que l'Esprit Saint dans l'Écriture, comme nous l'avons dit, nous exhorte si souvent à chercher Dieu : Quaerite Deum, et vivet anima vestra (Ps. 68). Cherchez la face sans cesse, ajoute le Prophète royal. Le Seigneur est bon à ceux qui espèrent en lui, il est bon à l’âme qui le cherche dit Jérémie (Lam.3.25). Cherchez le Seigneur pendant qu'on peut le trouver, ajoute un autre prophète (Is. 55. 6); mais cherchez-le dans la simplicité de votre cœur, vous dit le Sage (Sap. 1). Lorsque vous chercherez le Seigneur votre Dieu, vous le trouverez , disait Moise , pourvu toutefois que vous le cherchiez de tout votre cœur (Deut. 4. 29).

    Or cette sollicitude pour chercher Dieu, quoiqu'elle concerne tous les fidèles. est cependant le partage propre de ceux qui gouvernent l'Eglise, d'après le témoignage des SS. Pères, et surtout de St. Augustin, de St. Grégoire et de St. Bernard. Ils font voir clairement qu'un pasteur ne peut être utile ni à lui ni aux autres s'il ne médite sérieusement les choses divines, et ne prend un soin particulier de la nourriture de son âme. St. Augustin, dans le traité de la Cité de Dieu (Lib. 19. c.19), enseigne que « l'amour de la vérité désire un saint repos, tandis que les devoirs de la charité nous engagent au travail ; mais il ne faut pas entièrement abandonner le plaisir de contempler la vérité, de peur que ce plaisir ne nous soit soustrait, et qu'ensuite nous ne soyons accablés par les œuvres de la charité. » Parlant ensuite de lui-même (Lib. Conf. 10. c. 40), et de ses fréquentes méditations sur Dieu par la considération des créatures, il dit: « Je m'y exerce souvent, j'y trouve du plaisir, et sitôt que j'ai un moment de loisir, je me livre à cette satisfaction. » St. Grégoire, dans son Pastoral (2e Part. c. 5), dit ce qu'il faut que la compassion égale le pasteur à ses inférieurs, mais que la contemplation doit l'élever au-dessus d'eux.

    S'il partage par sa piété et sa charité les peines et les faiblesses des autres, la sublimité de sa contemplation doit l'élever au-dessus de lui-même, pour ne s'occuper que des choses célestes et invisibles. Dans ce même chapitre, St. Grégoire rapporte l'exemple de Moïse et de Jésus-Christ. Moïse entrait fréquemment dans le tabernacle et il en sortait : il y entrait pour connaître les secrets de Dieu ; il en sortait pour se charger des infirmités du prochain. Et Jésus-Christ lui-même travaillait au salut du prochain, en prêchant et opérant des miracles pendant le jour; mais il passait les nuits sans dormir, occupé de la prière et de la contemplation. Erat pernoctans in oratione Dei (Luc. 6). On peut lire d'autres traits semblables dans le dernier chapitre du même livre.

    Enfin St. Bernard, voulant donner des avis salutaires au pape Eugène qui avait été son disciple, et l'exhorter à ne pas tellement se livrer aux occupations extérieures, qu'il ne se recueillît chaque jour un certain temps, pour jouir d'un saint repos et d'une nourriture toute céleste, écrivit les cinq livres de la Considération, dans lesquels il l'exhorte non seulement à la méditation des choses divines, mais encore il lui enseigne la manière et les moyens de méditer, et en méditant, de s'élever, et en s'élevant, de se transformer en Dieu par le secours de l'intelligence et de la volonté. Il n'admet point l'excuse que le pontife aurait pu alléguer, et qu'allèguent tant d'autres, savoir, le grand nombre d'occupations inséparables des fonctions pontificales, et qui ne laissent aucun intervalle aux prélats pour vaquer à la méditation des choses divines. Assurément, en effet, personne n'est tenu de se livrer tellement aux affaires extérieures qu'il ne lui reste pas de temps pour réparer ses forces par le boire et le manger, et par l'usage du repos et du sommeil. Et si le corps demande avec raison cette réfection et ce repos, avec combien plus de justice l'âme peut-elle exiger la réfection et le repos qui lui sont. Propres ? Car elle ne peut aucunement, sans soulagement, s'acquitter de ses devoirs, au milieu d'occupations d'une si haute importance. Or la nourriture de l'âme, c'est l'oraison; son sommeil, c'est la contemplation par laquelle elle médite dans son cœur les moyens de s'élever, afin de voir le Dieu des dieux dans la céleste Sion, de la manière qu'on peut le voir dans cette vallée de larmes (Ps. 83). Or une échelle pour arriver jusqu'à Dieu ne peut se former ici-bas que par les œuvres de Dieu. Quant à ceux qui, par un privilège particulier, ont été introduits dans le paradis par une autre voie et ont été admis aux secrets de Dieu, à ces secrets dont il n'est pas permis à l'homme de parler, on peut dire qu'ils y ont été ravis, et non pas qu'ils  y sont montés. St. Paul nous le dit : J'ai été ravi dans le paradis, et j'y ai entendu des paroles ineffables qu'il n'est pas permis a un homme de rapporter. (Tel est le sens de ce qu'il dit en troisième personne.)

    L'auteur du livre de la Sagesse (13) et St. Paul (Rom. 1) enseignent que l'homme peut, par les œuvres de Dieu, c'est-à-dire par les créatures , s'élever à la connaissance et à l'amour du Créateur : la raison confirme ce que nous disons, puisque par les effets on connaît la cause efficiente, et que le tableau nous donne l'idée du modèle; et qu'il est certain que toutes les créatures sont l'ouvrage de Dieu. D'ailleurs l'Écriture ne nous laisse pas ignorer que les hommes et les anges sont non seulement les œuvres, mais encore les images de Dieu.

    Mu par ces raisons, et pendant un peu de repos que m'ont laissé les affaires publiques ; encouragé par l'exemple de St. Bonaventure qui, dans un loisir semblable, composa l'Itinéraire de l'âme vers Dieu, j'ai essayé de former, au moyen des créatures, une échelle pour monter jusqu'à Dieu: je l'ai partagée en quinze échelons, à l'instar des quinze degrés par lesquels on montait au temple de Salomon , et des quinze Psaumes qu'on appelle graduels.

    Saint Robert Bellarmin : Préface de L’échelle du ciel, ou Les moyens efficaces de parvenir au vrai bonheur.

  • Saint Robert Bellarmin

    Les dernières lignes du Gémissement de la Colombe. Bellarmin vient d’évoquer le pouvoir des larmes, notamment quant à la conversion de saint Augustin.

    Il nous reste seulement à faire voir quel en est le prix. Saint Grégoire pourra nous l’apprendre, et son témoignage seul, nous suffira. Il explique d’une manière qui convient très bien à notre sujet, le mystère des deux Autels du Temple de Jérusalem, l’un d’airain dans le Parvis, et l'autre d'or devant l’Arche dans le Tabernacle même. Le premier, dit ce saint Docteur, désignait les pénitens qui pleurent que par la crainte de la peine : le second marquait les parfaits, qui pleurent par le seul motif de l’amour de Dieu. mais entendons-le parler lui-même :

    « Pourquoi pensez-vous, mes très chers frères, qu’on brûle les chairs dans le Parvis et les parfums dans le Tabernacle, si ce n’est pour signifier ce que nous voyons tous les jours, qu’il y a deux sortes de componction. La crainte fait pleurer les uns, l’amour les autres. Plusieurs se ressouvenant de leurs péchés, et appréhendant la punition, versent des larmes, détestent leur mauvaise vie, et par le feu de la componction consument les vices, dont ils ressentent encore les atteintes dans leur cœur. N’est-ce pas ceux-ci qui sont figurés par l’Autel d’airain, sur lequel on brûle les chairs, et n’est-ce pas eux qui sont toujours occupés à faire pénitence de leur vie charnelle et impure? Pour les autres qui ne savent ce que c'est que les vices de la chair, ou qui à force de pleurer et de gémir s’en étant défaits, brûlent du Divin amour, ils aspirent au doux repos de la céleste Patrie; ils voudraient jouir déjà de la Compagnie des Bienheureux, leur long pèlerinage sur la terre est pour eux une facheuse servitude; ils désirent ardemment de voir le Roi du Ciel dans sa gloire, et ils l’aiment si tendrement, que jour et nuit ils fondent en larmes. N’est-ce pas là ceux, dans le cœur desquels, ainsi que sur l’Autel d’or, on offre les doux parfums, qui sont les symboles des vertus Chrétiennes ? »

    Tout ce discours est de saint Grégoire, et la conclusion qu’on en doit tirer, c'est qu’avec les larmes, dont nous parlons, nous faisons un sacrifice odoriférant devant Dieu, suivant ce mot du Psalmiste : C’est une victime agréable à Dieu qu’une âme toute pénétrée de douleur. Considérons donc les larmes de la pénitence comme un sacrifice d’agneaux et de bœufs que l’on brûle dans le parvis sur l’Autel d’airain; mais regardons celles qui proviennent de l’amour de Dieu, et du désir de le voir, comme un sacrifice de précieux parfums, que l’on offre dans le sanctuaire sur l’Autel d’or. Ce dernier est sans contredit le plus excellent et le plus parfait. Car quoique tout sacrifice doive plaire au Seigneur, puisque ce n’est qu’une solennelle reconnaissance de son domaine souverain, et de l’empire qu’il a sur toutes les choses créées; néanmoins parmi tous ceux de l’antiquité le plus innocent et le plus doux était celui que le seul Grand Prêtre offrait une fois l’année sur l’Autel d'or, dans l’endroit le plus saint du Temple, selon que l’Apôtre le déclare dans son Epitre aux Hébreux. Jugeons de là combien les larmes des pénitents sont agréables à Dieu, puisqu’on les compare à des sacrifices; et de quel prix sont celles des Saints, dont la source est le pur amour, puisqu’on les égale en mérite et en excellence au sacrifice le plus noble qui est celui de l’encens. Certainement si les hommes considéraient et comprenaient bien ceci, ils verraient que ceux qui pleurent sont heureux, et ils feraient sans comparaison plus d’état de ces larmes saintes, que de toutes les joies du monde.
    Finissons par un passage du bienheureux Laurent Justinien, qui confirme tout ce que nous avons dit : Personne ne s’est présenté les larmes aux yeux devant le Seigneur, qu’il n’ait obtenu ce qu’il souhaitait, et personne ne l’a prié de quelque grâce, qu’il n’en ait été exaucé. Car c'est lui qui console ceux qui pleurent; c’est lui qui prend soin des affligés, qui forme et instruit les pénitents. O humble larme, vous êtes aussi puissante qu’une Reine; vous ne craignez point le Tribunal du souverain Juge; vous fermez la bouche à ceux qui accusent vos amis; rien ne vous empêche d’approcher de Dieu. si vous entrez seule et dénuée de tout, vous ne sortez point les mains vides. En un mot vous surmontez l’invincible, vous liez le Tout-puissant, vous attirez le Fils de la Vierge; vous ouvrez le Ciel; vous mettez les Démons en fuite. Vous êtes la nourriture des âmes, l’affermissement des sens, l’abolition des péchés, l’extinction des vices. Vous prévenez les vertus, vous accompagnez la grâce, vous purifiez les cœurs. On trouve dans vous le bonheur de la vie, la satisfaction de l’esprit, le recouvrement de l’innocence, la douceur d’une parfaite réconciliation, le calme d'une bonne conscience, et une ferme espérance de la béatitude éternelle. Que celui qui peut vous joindre à sa prière, s’estime heureux, parce qu’il en sortira plein de confiance et de joie. Ainsi soit-il.

  • Saint Robert Bellarmin

    Extrait des "Controverses de la foi chrétienne contre les hérétiques de ce temps". Première controverse : la parole de Dieu, écrite ou conservée par la tradition, livre 4 : La parole de Dieu non écrite, chapitre 2 : Qu’est-ce que la tradition, et combien y en a-t-il ?

    Par le mot tradition, on entend généralement toute doctrine écrite ou non écrite qui a été communiquée à quelqu’un. Exode 17 « Écris cela dans un livre pour assurer sa permanence, et communique-le verbalement à Josué ». Dans les Actes des apôtres, 6, on appelle la loi écrite de Moïse une tradition : « Nous l’avons entendu dire qu’il détruirait ce lieu, et qu’il changerait les traditions que nous a léguées Moïse ». Dans l’épître 1 aux Corinthiens : « J’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis ». On appelle tradition la doctrine présentée de vive voix : « Gardez les traditions, que vous avez apprises soit par la parole, soir par l’écrit. ».

    Le mot tradition ayant, en lui-même, un sens général, les théologiens en ont restreint le sens, pour ne lui faire signifier que la doctrine non écrite. Saint Irénée au livre 3, chap 2 : « Et ils finirent par ne reconnaître ni les Écritures ni la tradition ». Tertullien dans la couronne du soldat, chap 4 : « Si tu t’attends à trouver une loi, tu n’en trouveras aucune dans l’Écriture. C’est la tradition qui te procurera une aide ». Saint Cyprien, livre 2, épitre 3 : « Sache qu’on nous a enseigné de conserver la tradition dominicale en offrant le calice, c’est-à-dire que le calice offert en mémorial soit rempli de vin mélangé à de l’eau ». C’est faussement que Kemnitius attribue cet usage à la tradition écrite. Car jamais, dans tout l’évangile et dans toutes les épitres, on ne trouve par écrit que le vin, offert dans le calice, doive être mélangé à de l’eau. De la même façon, presque tous les anciens emploient le mot tradition au sens de doctrine non écrite. Et c’est ainsi que nous employons le mot.

    On appelle une doctrine non écrite, non celle qui n’a jamais été écrite, mais celle qui n’a pas été écrite par l’écrivain originel, comme par exemple le baptême des enfants. L’obligation de baptiser les enfants porte le nom de tradition apostolique non écrite, car on ne la trouve dans aucun écrit du nouveau testament, même si elle apparaît dans les livres de presque tous les anciens pères.

    On divise la tradition en deux catégories. La première est celle que l’on puise chez les auteurs des traditions; la deuxième se rapporte à la matière. La première se divise en traditions divines, apostoliques, et ecclésiastiques. On appelle divines celles qui ont été reçues du Christ lui-même enseignant aux apôtres, et qu’on ne trouve pas dans les lettres divines. Comme par exemple, la matière et la forme des sacrements. Nous avons bien peu de choses là-dessus dans les Écritures saintes, et il est pourtant certain que l’essence des sacrements n’a pu être instituée que par le Christ. C’est pour cela que l’apôtre dit aux Corinthiens 1, 12, en parlant du sacrement de l’eucharistie : « Car j’ai moi-même reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis ».

    On appelle traditions apostoliques celles qui ont été instituées par les apôtres, non sans l’assistance du Saint-Esprit, mais qui ne figurent pas dans leurs écrits, comme le jeûne quadragésimal et celui des quatre-temps, et d’autres choses dont nous parlerons plus loin. Et on a coutume d’appeler apostoliques les traditions divines, et divines les traditions apostoliques. On dit que les traditions divines sont apostoliques, non parce qu’elles ont été instituées par les apôtres, mais parce que c’est par eux qu’elles ont été d’abord transmises à l’église, et que c’est du Christ qu’ils les avaient reçues. On dit que les traditions apostoliques sont divines, non parce qu’elles ont été instituées directement par Dieu, mais parce que ce n’est pas sans l’Esprit de Dieu que les apôtres les ont instituées. On dit de même que toutes les épitres des apôtres sont des écrits divins et apostoliques, même s’il y a en elles des préceptes qui sont divins et d’autres qui ne sont qu’apostoliques. Comme le montre clairement la première épitre aux Corinthiens, 7 : « Ce n’est pas moi qui prescris cela, mais le Seigneur ». Et, plus loin : « Je dis cela, moi, non le Seigneur ».

    Les traditions ecclésiastiques au sens propre sont des coutumes anciennes, commencées par les évêques ou le peuple, qui obtinrent peu à peu force de loi par le consentement tacite des peuples. Si les traditions divines ont la même force que les préceptes divins ou la doctrine divine écrite dans les évangiles, les traditions apostoliques non écrites ont, elles aussi, la même force que les traditions apostoliques écrites, comme l’affirme le concile de Trente à la session 4. La raison en est claire : car ce n’est pas parce qu’elle est écrite sur des parchemins que la parole de Dieu est divine ou qu’elle a de l’autorité, mais parce qu’elle a été prononcée par Dieu immédiatement, comme dans les sermons du Seigneur, ou par le moyen des apôtres, comme le décret du premier concile de Jérusalem (actes des apôtres, 15). Les hérétiques ne nient pas cela, et ils ne peuvent pas, non plus, le nier, car, comme nous le dirons plus haut, la question ne porte pas sur la force que possède la tradition divine ou apostolique, mais sur son existence.

    Les traditions ecclésiastiques ont la même force que les décrets et les constitutions écrites de l’Église. Car, même dans les sociétés civiles, les coutumes approuvées et les lois écrites ont la même force, comme le montrent les canons « coutume », et « durable » du code de loi.

    L’autre division des traditions se fait selon la matière : les traditions de foi ou de mœurs. Ces traditions sont perpétuelles, ou temporaires, universelles ou particulières, nécessaires ou libres. C’est une tradition de foi, par exemple, que la sainte Vierge ait toujours été vierge, qu’il n’y ait que quatre évangiles. C’est une tradition de mœurs, par exemple, de se signer le front du signe de croix, de jeûner à certains jours, de célébrer certaines fêtes.

    La tradition perpétuelle est celle qui a été instituée pour être observée jusqu’à la consommation du monde, comme dans les exemples donnés. La temporaire est celle qui a été instituée pour un certain temps, comme l’observance légale de certaines cérémonies qui devait se faire jusqu’à la pleine promulgation de l’évangile, pour que l’Église se compose plus facilement de Juifs et de Gentils.

    Une tradition universelle est celle qui doit être conservée par toute l’Église. comme la fête de Pâque, de la pentecôte, et de grandes fêtes semblables, comme l’enseigne saint Augustin dans la lettre 118. Une tradition particulière est celle qui s’adresse à une ou plusieurs Églises, comme le jeûne du samedi, au temps de saint Augustin, que saint Pierre avait transmis à l’église de Rome et à quelques autres, comme le rappelle saint Augustin dans sa lettre 86 à Casulanum.

    La tradition nécessaire est celle qui est transmise sous la forme d’un précepte, comme la célébration de Pâque le dimanche après le quatorzième jour de la lune de mars. La libre est celle qui est transmise sous la forme d’un conseil, comme l’aspersion de l’eau lustrale, et autres choses semblables.