Après avoir évoqué le « pitoyable spectacle » de la campagne électorale américaine, Serguei Lavrov a évoqué hier les élections françaises : « Prenons une autre démocratie, la France. Le premier tour est passé, et il y a deux tours. Le second tour, apparemment, est précisément conçu pour manipuler la volonté des électeurs du premier tour. Quand certains candidats peuvent retirer leur candidature pour barrer la route aux, comme ils disent, conservateurs ou populistes, cela ne ressemble pas vraiment à une démocratie. Si les résultats du premier tour servaient de base à la formation du Parlement, il y aurait des changements très sérieux en France. »
Je ne sais pas s’il y aurait eu des changements très sérieux, mais le fait est, comme on l’a vu depuis l’émergence du mouvement de Jean-Marie Le Pen, que le scrutin à deux tours permet de manipuler l’élection et d’empêcher les gêneurs d’arriver au pouvoir.
Cela est confirmé par cette réalité occultée par les médias que, même au second tour, après la campagne hystérique du « barrage à l’extrême droite », le Rassemblement national a récolté plus de 10 millions de voix, soit un million et demi de plus que l’ensemble de toutes les gauches, des sociaux-démocrates à l’extrême gauche en passant par les Verts, ce qui en fait de loin le premier parti français. Ainsi les médias qui le taisent et qui titrent sur la victoire de la gauche sont tous des menteurs, même si par la manipulation du second tour les gauches ont plus d’élus.
Avec nombre de situations véritablement ubuesques, la plus spectaculaire étant sans doute l’ancien Premier ministre Elisabeth Borne conspuée par la gauche notamment pour son gouvernement dictatorial à coups de 49-3, cible de nombreuses motions de censure de gauche, et réélue avec le soutien actif de cette même gauche…
En pourcentage il en est évidemment de même : le RN a obtenu 37,4% des voix, le ramassis des gauches modérées, extrêmes et vertes dont on chante la victoire : 26,8%.
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Une autre histoire se déroule à Bruxelles. Sous l’égide de l’étonnant Viktor Orban. Il y a une semaine, il lançait un nouveau groupe au Parlement européen (puis il se rendait à Kiev, à Moscou, à Pékin pour faire la paix en Ukraine…) intitulé « Les patriotes pour l’Europe ». Il s’agissait de ses 10 députés Fidesz, de 6 autrichiens (FPÖ), et de 7 tchèques (ANO). Or il faut 23 députés de sept pays pour constituer un groupe. Une semaine plus tard, Orban (le banni du PPE que les médias disaient plus isolé que jamais) a rallié les Espagnols de Vox, les Belges du Vlaams Belang, les Néerlandais du parti de Wilders, les Portugais de Chega, les Danois du parti populaire, et, ce matin, la Ligue de Salvini, et... le gros bataillon du Rassemblement national (30 députés). Ce qui devrait constituer un groupe de 84 députés, le troisième du Parlement européen… Dont la présidence devrait revenir à un Français du parti de Marine Le Pen (Bardella ?)…
Addendum
Oui, ce sera Bardella.
Commentaires
La France, c'est le Titanic !!!
Grosses vagues et perturbations en vue...
Que les dirigeants et cadres du RN cessent d'avoir peur de leur ombre, de vouloir à tout prix être lisse et fréquentable, de se soumettre à des lobbys, et on pourra considérer qu'ils ont un corpus doctrinal au moins sur certains points et le défendront une fois aux affaires.
MLP a viré nombre de cadres ayant déjà de l'expérience et des idées claires, entre autre des catholiques, qu'ils osaient affirmer sans peur, elle en a dégouté d'autres, forcément pour trouver des candidats à la députation ils ont pris ceux qu'ils restaient.
Sans croire à la démocratie, je pense que la politique reste l'art du possible et que plutôt que de se plaindre que nos adversaires aient le pouvoir, il faut se demander pourquoi et comment et si nous pouvons rester spectateurs de notre destin sous prétexte de garder les mains propres.
J'ai personnellement voté sans conviction ni illusion comme tous ceux autour de moi. Et la situation s'aggravant de façon potentiellement irréversible concernant les droits fondamentaux et le destin de notre pays et de notre peuple, j'ose espérer que la fontion va rendre du courage et des convictions pour le bien commun aux élus RN.
J'en connais dont je ne doute pas, mais seront-ils laissés libres par le parti?
La gauche alliée à la macronie va nuire à la France et à un possible redressement. Espérons que le RN, ou un autre qui vienne à émerger, tire les conclusions de son relatif échec et se pose les bonnes questions pour que les prochaines fois il soit motivé, prêt et tienne fermement ses positions plutôt que celles qui devraient lui permettre de plaire en vue d'être élu.
Espérons qu'il tirera des conclusions, posera des questions, tiendra ses positions...
Ce n'est pas à vous que j'en veux, cher DM, mais à une invasion du subjonctif depuis quelques décennies, qui supprime les nuances de la langue française, entre fait et hypothèse, espérance et souhait, etc.
Sauvons l'indicatif !
Vous avez entièrement raison.
Une histoire vieille comme la République ce scrutin manipulateur, pardon majoritaire, à deux tours : https://x.com/StanislasBerton/status/1810288286113341901
Image qui peut se trouver aussi ici : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Le_suffrage_%C3%A0_2_tours_vaincra_la_r%C3%A9action.jpg
Bardella qui a brillé par son absence lors de la précédente mandature. "Nous v'là sauvés"
Encore un qui collectionne les titres de présidence comme d'autres les jetons de présence en conseil d'administration.
"Quand certains candidats peuvent retirer leur candidature pour barrer la route aux, comme ils..."
Il doit manquer un mot ou une expression après "aux".
OK, c'est plus clair, et plus correct, si j'enlève les articles.
A propos de manipulations:
Sur le site même du ministère de l'Intérieur:
1er tour: 49 millions d'inscrits
2e tour: 43 millions d'inscrits
Oû sont passés 6 millions d'inscrits, dont 4 millions de votants?
Dans les dictatures "démocratiques" on raye d'un trait de plume ceux qui pourraient "mal" voter. Toutes les démocraties actuelles sont des dictatures, les plus subtiles et les plus perverses.
Et le découpage électoral bidouillé pour qu'un parti qui a 1,5 millions de voix en plus ait moins de députés.
@Luc'
Pour surenchérir, je rappelle le surnom de Bardella parmi ses collègues députés du Parlement européen où il siège depuis 2019 : Barde-est-pas-là.