Sur demande du SBU, le tribunal a prolongé d’un mois l’assignation à résidence (la nuit, avec bracelet électronique) du métropolite Luc de Zaporojié. L’évêque a invité les fidèles à participer aux offices « pour partager avec vous tous - avec le clergé et le troupeau qui m'est confié, la joie de la communion eucharistique ».
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« Le SBU a recueilli de nouvelles preuves de l'existence du réseau d'agents du FSB qui, sous couvert de l'EOU-MP, tentait de déstabiliser la situation en Ukraine ».
Il s’agit d’une nouvelle preuve censée accabler les journalistes orthodoxes emprisonnés : une vidéo de 7 minutes mise en ligne le 11 novembre 2023, intitulée « Des église vides en Ukraine : ce qui arrive aux églises saisies à l’Eglise orthodoxe ukrainienne ». Le SBU a donc découvert cette vidéo plus de sept mois après sa diffusion sur le site des journalistes et trois mois après leur arrestation… Or les « agents du FSB », ce sont les journalistes orthodoxes qui tentent de faire leur travail. « Sous couvert de l'EOU-PM », mais ils ne dépendent pas de l’Eglise orthodoxe ukrainienne, qui d’ailleurs n’a jamais ajouté « PM » (patriarcat de Moscou) à son nom. Tout est ridicule dans cette accusation, sauf la dernière expression, qui est une inversion accusatoire : ce n’est pas une vidéo constatant ce qui se passe qui « tente de déstabiliser la situation », c’est le fait de voler des églises, frapper des fidèles, et mettre les évêques en prison.
Il n’y a toujours aucune réaction des organisations occidentales de défense des journalistes et de la liberté de la presse…
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La cour d’appel de l’ouest a annulé la décision du tribunal économique en faveur de l’Eglise orthodoxe ukrainienne et prive donc celle-ci du droit d’utiliser la cathédrale des martyres Foi, Espérance et Charité de Ternopil.
En avril 2023 le conseil municipal de Ternopil avait décidé à l’unanimité (40 sur 40) de retirer à l’Eglise orthodoxe ukrainienne droit d'utiliser le terrain situé sous la cathédrale de l’Eglise orthodoxe ukrainienne au motif que « la guerre fait rage en Ukraine et il est surprenant qu'il y ait encore de telles cellules du FSB russe dans l'ouest de l'Ukraine ». Sic.
L’Eglise avait poursuivi le conseil municipal et elle avait eu gain de cause en première instance.
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Le chef de la commission de la politique humanitaire (sic) du Parlement ukrainien, Nikita Potouraïev, déclare qu’il ne comprend pas pourquoi certains députés n’ont pas encore signé en faveur de l’examen en seconde lecture du projet de loi interdisant l’Eglise orthodoxe ukrainienne. Il manquerait une vingtaine de signatures, ce qui explique que le texte soit toujours en panne. « Franchement, je suis surpris par l'absence de signatures de personnes qui, par exemple, ont soutenu le projet de loi en première lecture », dit Potouraïev.
Commentaires
En Occident, il est bien difficile sûr de se faire une idée exacte de ce qui se passe en Ukraine en ce qui concerne les persécutions religieuses:
- d’un côté l’église officielle orthodoxe kiévienne qui persécute les orthodoxes tradis, pour faire court, une église qui semble souvent mettre en avant les nouvelles “valeurs” de l’Occident et du mondialisme inspiré par les États-Unis et leurs Ilotes européens, pour plaire à l’actuel régime kiévien (toujours pour faire court);
- de l’autre les persécutions par les Russes des gréco-catholiques et notamment deux prêtres gréco-catholiques Ivan Levitsky (originaire de Lvov et qui a vécu de 2008 à 2012 en Espagne, au service de la communauté ukrainienne gréco-catholique de Barcelone et Tarragone) et Bohdán Geleta natif de Ivano-Frankivsk. Tous deux rédemptoristes, furent arrêtés en 2022 à Berdyank près de Zaparojie quand la ville prise par les forces russes. Ils viennent d’être libérés.
Certes, l’histoire des gréco-catholiques de ce qui est aujourd’hui l’Ukraine a été ponctuée de périodes de persécution terribles et notamment sous les régimes communistes. Néanmoins les déclarations de Mgr Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur de Kiev et primat des gréco-catholiques d’Ukraine, - même si l’on peut penser que sa position est actuellement extrêmement délicate car il doit essayer de protéger au mieux ses fidèles et se montrer fidèle au régime de Kiev, laissent souvent s’interroger sur ce qui relève du César et ce qui est à Dieu.
Mais il est vrai qu’en Europe occidentale, les évêques catholiques latins font aussi des déclarations qui posent question…