L’évangile de ce dimanche illustre ce que je disais sur pænitentia. On y trouve trois fois le mot, qui traduit deux fois le verbe construit sur μετάνοια (μετανοέω, métanoéo, faire pénitence), et une fois le mot μετάνοια (métanoia, repentir). Trois falsifications en quelques lignes dans la traduction française officielle qui élimine pénitence et repentir.
Je lisais ce matin le 72e discours ascétique d’Isaac le Syrien, l’un des plus beaux, qui se termine ainsi :
« De même qu’il n’est pas possible de traverser sans navire la grande mer, de même nul ne peut sans la crainte parvenir à l’amour. La mer nauséeuse qui nous sépare du paradis spirituel, nous ne pouvons la traverser que sur le navire du repentir dirigé par les rameurs de la crainte. Mais si ces rameurs de la crainte ne gouvernent pas le navire du repentir, par lequel nous traversons la mer de ce monde pour aller à Dieu, nous sommes engloutis dans les eaux nauséeuses. Le repentir est le navire. La crainte est son pilote. Et l’amour est le port divin. La crainte nous embarque donc sur le navire du repentir, elle nous fait traverser la mer nauséeuse de cette vie et nous mène au port divin, qui est l’amour, où vont tous ceux qui se dirigent tous ceux qui par le repentir se sont donnés de la peine et ont pris sur eux leur charge. Or quand nous parvenons à l’amour, nous sommes parvenus à Dieu. Nous sommes allés au bout de notre chemin, nous avons traversé la mer pour atteindre l’île qui est au-delà du monde, où se trouve Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. A Lui la gloire et la puissance. Puisse-t-il nous rendre dignes de sa gloire et de l’amour que donne sa crainte. Amen. »