Clotilde, fille du roi Chilpéric, après le meurtre de ses parents, fut élevée par son oncle Gondebaud, roi de Bourgogne, qui la donna en mariage à Clovis encore païen. Étant devenue mère, elle fit baptiser son premier-né, avec la tolérance plutôt que l’assentiment de Clovis. L’enfant, à qui on avait donné le nom d’Ingomer, étant venu à mourir lorsqu’il portait encore la robe blanche des néophytes, Clovis se plaignit vivement à Clotilde, attribuant la perte de son fils à la vengeance des dieux de ses pères irrités du mépris qu’on avait fait de leur divinité. Mais Clotilde disait : Je rends grâces au tout-puissant Créateur de toutes choses, de ce qu’il ne m’a pas jugée indigne de mettre au monde un fils appelé à partager son royaume.
Ayant mis au monde un second fils, elle voulut aussi qu’il fût baptisé ; on lui donna le nom de Clodomir. L’enfant étant tombé malade, le roi affirmait déjà qu’il allait avoir le même sort que son frère, lorsqu’il fut guéri par les prières de sa mère. Cependant la reine ne cessait d’exhorter son époux à repousser l’idolâtrie pour adorer le Dieu unique en trois personnes ; mais Clovis se tenait attaché aux superstitions des Francs, jusqu’à ce qu’un jour, dans une expédition contre les Allemands, ayant vu son armée fléchir, il se souvint des conseils de Clotilde, et implora le Christ qui lui donna la victoire. Clotilde, pleine de joie, vint au-devant de lui jusqu’à Reims, ayant su la manière dont tout s’était passé. Appelé par elle, saint Rémi instruisit Clovis des mystères de la foi, le baptisa et lui conféra l’onction du saint chrême.
Après la mort de Clovis, Clotilde se fixa à Tours, où elle passa le reste de sa vie au tombeau de saint Martin, se livrant aux veilles, à l’aumône et aux autres œuvres de la piété, exerçant sa munificence envers les églises et les monastères. Clodomir ayant été tué dans la guerre de Bourgogne, elle éleva près d’elle ses petits-fils, Théobald, Gontaire et Clodoald. Enfin, pleine de jours, elle rendit son âme au Seigneur, à Tours, et son corps fut transféré à Paris, escorté des chœurs qui chantaient des psaumes. Les rois Childebert et Clotaire ses fils l’ensevelirent à côté de Clovis, dans le sanctuaire de la basilique de Saint-Pierre qui a reçu depuis le nom de Sainte-Geneviève.
Bréviaire
« Vivières, en lisière de la forêt de Villers-Cotterêts, est un de ces hauts lieux de la foi presque totalement ignorés des touristes, qu'il est émouvant de redécouvrir. Les reliques de sainte Clotilde, celle à qui la France dut de devenir chrétienne, y furent transférées au IXe siècle, pour les mettre à l'abri des incursions normandes. Vivières possédait alors une puissante abbaye, solidement fortifiée. Le culte de sainte Clotilde s'y instaura rapidement, et les pèlerinages affluèrent. En 1134, l'abbaye de Vivières restitua la châsse à l'église Saint-Leu-Saint-Gilles à Paris. Les reliques de sainte Clotilde devaient être brûlées à la Révolution. Mais ses cendres, précieusement recueillies sont encore vénérées dans l'église parisienne. Plus heureuse, celle de Vivières a pu conserver le chef et un bras de la sainte, qui lui avaient été laissés en reconnaissance de son hospitalité. Un pèlerinage est organisé depuis Paris chaque année. Il groupe surtout des royalistes attachés à la double tradition monarchique et chrétienne de la France, symbolisée par la sainte épouse de Clovis. »
Guide de la France religieuse et mystique, par Maurice Colinon, Tchou, 1969.
Mais c’est un pèlerinage parfaitement inclusif : depuis sa création en 1947 il accueille même les républicains…