Graduel
Exsúrge, Dómine, fer opem nobis : et líbera nos propter nomen tuum. ℣. Deus, áuribus nostris audívimus : et patres nostri annuntiavérunt nobis opus, quod operátus es in diébus eórum et in diébus antíquis.
Levez-vous, Seigneur, donnez-nous le secours et libérez-nous à cause de votre nom. ℣. O Dieu, nous avons entendu de nos oreilles : nos pères nous ont annoncé l’œuvre que vous avez faite en leurs jours, et aux jours anciens.
Le graduel de la messe de ce jour est pris du psaume 43. Il commence par le dernier verset de ce psaume, mais dans une version très originale. Le psautier du bréviaire a :
Exsurge Domine adjuva nos et redime nos propter nomen tuum.
Le psautier romain est très proche :
Exsurge Domine adjuva nos et libera nos propter nomen tuum.
Il y a ici, comme dans le graduel, « libera » au lieu de « redime ». Les deux mots traduisent le grec litrossai : libère contre rançon. Donc « libère », ou « rachète ».
On voit que dans le premier stique il y a, dans les deux versions du psautier : « adjuva nos ». Aide-nous.
La formule du graduel : « fer opem nobis », a le même sens : « apporte-nous une aide ». Mais on ne la trouve dans aucun manuscrit des psaumes en latin. Le « psautier pourpré de Saint-Germain » (des Prés, début du VIe siècle) est le seul qui a quelque chose de proche : « fers opem nobis ». Mais le verbe est au présent, au lieu d’être à l’impératif : « Tu nous apportes de l’aide. »
Enfin, dans son livre sur « l’erreur des religions profanes » (païennes), le très peu connu Juilius Firmicus Maternus, citant les derniers versets de ce psaume, écrit : « opem fer nobis ». C’est presque le graduel, mais avec le verbe et le complément intervertis…
Voici la fin du psaume dans le « psautier pourpré », où les textes sont en lettres d’argent et les titres, ainsi que les mots Dieu et Seigneur, sont en lettres d’or : Fers opem se trouve juste après dme (Domine) en lettres d’or. Ci-dessus le graduel dans le codex 338 de Saint-Gall (XIe siècle), entre l’introït Exaudi et l’offertoire Exspectant.
Commentaires
Grec LUTRÔSAI plutôt que LITROSSAI (l'upsilon s'écrivant Y bien sûr).
Car délivrer contre rançon, c'est le verbe LUTROÔ.
Même racine en latin dans SOLVERE (participe SOLUTUS), dissoudre les liens)
J'ai retranscrit selon la prononciation (c'est pourquoi je ne l'ai pas mis en caractères grecs).
Pour pouvoir vraiment affirmer qu'aucun manuscrit n'a une version, il faut consulter l'édition major de la Vulgate, la Weber-Gryson ne suffit pas.
Je ne parlais pas de la Vulgate mais de la Vetus Latina, en m'appuyant sur celle qui est disponible en ligne (Sabatier), et sur Google qui déniche souvent des versions introuvables.
Cela dit je reconnais que j'aurais dû écrire que JE n'ai pas trouvé, et non qu'on ne trouve pas.