Vitrail de l’église Saint-Roch à Paris.
O Genovefa, respice nos pietatis oculo, consors lucis angelicæ, cœlesti clara titulo, regis assistens vultui, nos regi reconcilia: da nobis sponso perfrui, sponsa sponsique filia.
O Geneviève! regardez-nous d'un œil de bonté, vous qui participez à la lumière angélique, qui brillez d'un titre céleste, qui êtes en présence du souverain roi, réconciliez-nous avec lui; donnez-nous de jouir de votre Epoux, vous qui êtes l'épouse et la fille de l'Epoux.
Ce texte est donné par dom Guéranger comme une antienne extraite « des anciens livres d’offices de l’Eglise de Paris ». C’est la 11e et dernière.
Mais on la trouvait aussi comme antienne de communion de la messe de sainte Geneviève. Et si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit qu’il s’agit de vers : ce sont les deux dernières strophes d’une hymne à sainte Geneviève, que l’on trouve par exemple dans le livre d’« Heures nouvelles dédiées à madame la Dauphine » publié en 1689 à Paris « chez Jean Pohier, à l’entrée de la Gallerie des Prisonniers, à la Vérité Royale, au Palais » (page 418).
O Genovefa, respice
nos pietatis oculo,
consors lucis angelicæ,
cœlesti clara titulo,
regis assistens vultui,
nos regi reconcilia:
da nobis sponso perfrui,
sponsa sponsique filia.
Commentaires
Péguy n'est pas mal non plus.
Nous serons menés au paradis, dit-il, par les mains légères de deux antiques bergères, Geneviève et Jeanne :
Et l'une est morte un soir, et le trois de janvier,
Tout un peuple assemblé la regardait mourir.
Le bourgeois, le manant, le pâtre et le bouvier
Pleuraient et se taisaient et la voyaient partir.
L'éblouissant manteau d'une sévère neige
Couvrait les beaux vallons du pays parisis
L'amour de tout un peuple était tout son cortège.
Et ce peuple c'était le peuple de Paris.
Et la neige éclatait , tunique grave et blanche.
On avait fabriqué comme une estrade en planche.
L'histoire préparait un immense destin.
La gloire se levait dans un jeune matin.
Et l'une est morte ainsi d'une mort solennelle
Sur ses 90 ou 92 ans
Et les durs villageois et les durs paysans
La regardant vieillir l'avaient crue éternelle.
Et j'oubliais Claudel :
Tout descend vers la Mère du Peuple, Geneviève, et vers cette Ile sacrée
Qui divise sans bruit le courant comme une barque entre les osiers.
Regarde ce peuple à pleines routes débordantes,
Geneviève, qui s'en vient se jeter entre tes bras !
Stérile, et qui n'a pas engendré, admire ! et d'où te viennent par tous les sentiers ces enfants qui ne sont pas à d'autres qu'à toi ?
(...) Geneviève n'a plus de visage avec nous mais ses reliques sont à Saint-Etienne-du-Mont...
(suit un couplet contre Victor Hugo qui a pris leur place dans "cette triste chose qu'on appelle le Panthéon")
Immense poème de 300 versets composé entre 1915 et 1918.
Notez l'allusion au dernier verset du Psaume 112 que nous chantons ce dimanche à Vêpres : Qui habitare fecit sterilem in domo, matrem filiorum laetantem (Que Robert Bresson fait entendre aussi dans LES ANGES DU PÉCHé)