Omnia, quæ fecísti nobis, Dómine, in vero judício fecísti, quia peccávimus tibi et mandátis tuis non obœdívimus : sed da glóriam nómini tuo, et fac nobíscum secúndum multitúdinem misericórdiæ tuæ.
Tout ce que vous avez fait, Seigneur, c‘est par un juste jugement que vous l’avez fait : car nous avons péché contre vous, et à vos commandements nous n’avons pas obéi. Mais donnez gloire à votre Nom et traitez-nous selon l’immensité de votre miséricorde.
Voici l'introït de ce dimanche, selon le Graduel du roi Matthias (1480, Bibliothèque nationale de Budapest), par le chœur hongrois Saint-Ephrem.
Le texte de l’introït est un résumé de la longue prière d’Azarias au chapitre 3 du livre de Daniel. La miniature de la lettrine, a priori très mystérieuse, est censée en illustrer la partie qu’on peut appeler pénitentielle, résumée dans la première moitié de l’introït.
Au centre il y a le globe du cosmos, avec les eaux du dessus et du dessous, et la terre habitée. Dans la partie supérieure c’est le ciel divin, et entre les deux une horloge, qui peut symboliser le temps qui passe et donc les fins dernières (la mort est très présente), mais sans doute davantage « l’horloge de la sagesse », selon le titre d’un livre d’Henri Suso alors célèbre : l’horloge de la sagesse divine qui règle l’univers, et elle se trouve en effet entre Dieu et le cosmos. Du monde divin sortent trois flèches de la colère divine, des punitions infligées aux hommes pécheurs. Sur la première est inscrit : Ira Dei, la colère de Dieu. Sur la deuxième : Furor principis, la fureur de l’empereur qui jette les jeunes Hébreux dans la fournaise. Sur la troisième a priori Mutatio populi, mais il faut sans doute lire « imminutio », qui se trouve dans la prière d’Azarias : « imminuti sumus plus quam omnes gentes, sumusque humiles in universa terra hodie propter peccata nostra », nous sommes diminués plus que tout autre peuple, nous sommes humiliés sur toute la terre aujourd’hui à cause de nos péchés.
Le soldat représente le fléau de la guerre (et il porte précisément un fléau), la femme représente la misère et le chagrin, et le tableau est complété par un cadavre.