Ecce, Deus adjuvat me, et Dóminus suscéptor est ánimæ meæ : avérte mala inimícis meis, et in veritáte tua dispérde illos, protéctor meus, Dómine.
Voici que Dieu vient à mon aide, et que le Seigneur est le soutien de ma vie. Détourne les maux sur mes ennemis et extermine-les dans ta vérité, Seigneur, mon protecteur.
Le texte de l’antienne d’introït de ce dimanche vient du psaume 53 : versets 6 et 7, avec l’ajout final de trois mots qui reprennent l’idée du début. On notera que le verset 7 fait partie de ceux qui ont été censurés par la néo-liturgie. Pourtant l’introït, qui est devenu celui du 16e dimanche per annum, n’a pas été modifié… Il est vrai qu’on ne l’entend que dans si rares endroits que cela ne porte pas vraiment préjudice à la censure.
Dans cet introït je demande en effet à Dieu de détourner les maux qui me menacent sur mes ennemis et de les détruire, de les anéantir, de les réduire en bouillie. Jusqu’au stupide XXe siècle on a toujours su que dans les psaumes les ennemis sont les démons qui me tentent, et mes propres tentations. Et c’est pourquoi les psaumes supplient Dieu de les anéantir, et c’est pourquoi il est non seulement scandaleux mais proprement gravissime de les censurer. Si je ne demande plus à Dieu d’écraser les démons qui m’assaillent, ils n’en sont que plus forts. Mais c’est vrai que la nouvelle religion n’y croit plus.
La vidéo ci-dessus, mise en ligne par une personne au nom polonais qui ne donne jamais aucune référence, illustre le chant par un tableau aussi impressionnant que profane de Jean-Baptiste Jouvenet, peint en 1707, l’année où l’artiste devenait recteur perpétuel de l’Académie royale de peinture. Il s’agit de Jésus chassant les marchands du Temple, et c’est une scène incontestablement violente, qui est dans l’évangile de ce dimanche, mais ce n’est pas à cela que l’introït fait allusion. Si l’on veut trouver une correspondance, c’est plutôt avec l’épître, qui évoque la lutte contre les tentations. (Mais la néo-liturgie a supprimé le mot "tentation" du texte de saint Paul !)
Et si l’on veut trouver une correspondance avec l’évangile, ce sera plutôt avec l’annonce de la destruction de Jérusalem. C’est l’autre éventuelle signification des versets « imprécatoires », si c'est le Christ qui les prononce : ils prophétisent ce qui arrivera aux ennemis de Dieu « parce qu’ils n’ont pas connu le temps de sa visitation ».
L’interprétation est celle des moines de Triors.