Extrait du discours de Jean XXIII lors de la canonisation de saint Grégoire Barbarigo, le 26 mai 1960.
Le soin que Barbarigo apportait à la parfaite préparation ecclésiastique de ses prêtres profitait avant tout à la glorieuse Université de Padoue, ce qui nous fait comprendre la place qu'il occupait dans la défense et la diffusion de la vraie culture, pour laquelle il est encore le seul à se distinguer. Et cela aussi était de la charité : une charité exquise, qui fournissait à l'Église et à l'humanité des trésors éternels de l'esprit.
Les biographies soulignent à juste titre cet aspect le plus intéressant de sa personnalité, mais nous ne pourrions pas les suivre dans l'énumération de ses mérites. Il suffit de penser à ce qu'il fit pour doter la bibliothèque du Séminaire d'ouvrages précieux, qu'il avait fait rechercher en Europe par des personnes de confiance avec une libéralité princière ; pour fonder une imprimerie bien équipée - ce qui était admirable à son époque - en la dotant de machines et de caractères rares ; pour établir des bibliothèques, et enfin des pensionnats pour les jeunes gens de bonne famille et les gens du peuple. Le développement de l'étude des langues et des sciences mathématiques est également mentionné à juste titre, de sorte qu'à partir de ce moment-là commence une magnifique floraison de savants et de scientifiques qui honorent les lettres et la culture italiennes et européennes de l'époque.
Il ne s'agissait pas pour lui d’une vague reconnaissance humaine ou d'un exercice intellectuel froid, mais d'une recherche vivante de relations humaines pour la diffusion de la vérité, dans un effort continu d'apostolat authentique. En introduisant dans sa typographie les polices de caractères orientales les plus diverses et les plus coûteuses, il pensait, en bon Vénitien, expert des routes maritimes, à établir des relations culturelles entre les peuples d'Europe et d'Orient, avec un regard attentif au rapprochement et à l'union religieuse de ces populations séparées de Rome.
Cette dernière touche de la figure accomplie de Barbarigo nous fait maintenant comprendre pleinement sa grandeur, sur laquelle résonne la profondeur de la parole de Dieu : Neminem enim diligit Deus, nisi eum qui cum sapientia inhabitat. Est enim haec peciosior sole et super omnem dispositionem stellarum, luci comparata invenitur prior.... « Car Dieu n'aime personne d'autre que celui qui habite avec la sagesse. Car elle est plus belle que le soleil et surpasse tout ordre d'étoiles, et comparée à la lumière, elle la précède. » (Sagesse, 7,28-29.)