Cibávit eos ex ádipe fruménti, allelúia : et de petra, melle saturávit eos, allelúia, allelúia, allelúia.
Exsultáte Deo, adjutóri nostro : jubiláte Deo Jacob.
Il les a nourris de la fleur du froment, et il les a rassasiés du miel sorti du rocher, alléluia, alléluia, alléluia.
Exultez en Dieu notre protecteur : jubilez en l’honneur du Dieu de Jacob. (Psaume 80)
Le début de ce morceau est marqué par une profonde crainte et un profond respect pour la véritable Manne, mais il sonne comme un joyeux tintement de cloches. Cette Manne est la nourriture de nos âmes ! Telle est la pensée de la première phrase, qui ne dépasse jamais la teneur, mais descend à deux reprises jusqu'au la grave. La syllabe accentuée de ádipe ne porte qu'une seule note, tandis que la syllabe suivante, non accentuée, a une tristropha. Cette construction est assez fréquente. Comparez, par exemple, l'introït du quatrième dimanche après la Pentecôte (Illuminátio), l'offertoire du quinzième dimanche après la Pentecôte (Dóminum), l'offertoire du seizième dimanche après la Pentecôte (Dómine), la communion du dix-septième dimanche après la Pentecôte (Dómino).
La deuxième phrase fait monter le motif initial de la première phrase : la-do-ré-fa devient do-ré-fa-sol sur melle ; et, comme développement ultérieur, ré-sol-fa-fa-sol-la. C'est à juste titre que saturávit marque le sommet de la pièce. Cependant, avant que la mélodie ne l'atteigne, il y a un motif retardateur (cf. dolo du dimanche de Quasimodo), incliné vers le bas, ce qui rend le développement de saturávit d'autant plus brillant. Cette deuxième phrase parle de la douce consolation que nous apporte la Sainte Eucharistie, de la satiété spirituelle qui nous fortifie contre tous les attraits du monde. Les trois alléluias peuvent être considérés comme une phrase indépendante. A la quarte ascendante sur saturávit répond ici une quarte descendante. Le deuxième alléluia se termine sur do, comme eos au début ; en raison de son mi, il peut très efficacement moduler jusqu'à un ton entier en dessous de la tonique. Ce chant doit provenir d'un cœur où la joie règne en maître.