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La persécution

Samedi, à 6h du matin, des clercs de l’Eglise du pouvoir ont brisé les serrures de l’église du village d’Ivankiv (région de Kiev) et en ont pris possession, empêchant les fidèles d’y accéder. L’opération a été organisée par les autorités locales, sous la direction du chef de district. Le 5 juin 2022, les autorités avaient organisé une réunion pour le « transfert » de la paroisse. Mais au même moment les fidèles s’étaient réunis pour confirmer leur loyauté à l’Eglise orthodoxe ukrainienne, et avec leur recteur avaient empêché les voleurs d’entrer dans la cour de l’église

Ils voulaient aussi saisir la maison du recteur et de sa famille, qui est harcelée depuis des mois. Mais les fidèles ont gardé la maison toute la nuit.

Hier les fidèles ont célébré la liturgie dans la maison attenant à l’église. Les activistes de l’Eglise du pouvoir ont coupé l’électricité, et ont crevé les pneus de la voiture du recteur. Les policiers sur place ont laissé faire.

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Samedi, vers 8h du matin, des activistes de l’Eglise du pouvoir ont pris possession de l’église de Petropavlovskoe, village de la région de Kiev. Les portes de l'église ont été bloquées par des militants en uniforme et cagoulés qui ont empêché le curé d’entrer. Les paroissiens ont commencé à s'approcher de l'église et ont tenté d'entrer. Les militants de l’Eglise du pouvoir les ont attaqués et plusieurs ont été blessés. Comme à Ivankiv, l’affaire du « transfert » illégal est toujours pendante devant la justice.

Hier dimanche ils ont prié dehors sous la direction du curé.

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Hier, les milliers de fidèles réunis à l’église de la Nativité de la Vierge de Khmelnytskyï ont réaffirmé leur loyauté envers l’Eglise orthodoxe ukrainienne, en présence des avocats du diocèse, qui ont souligné que « l'assemblée générale autorisée de la communauté religieuse s'est tenue en stricte conformité avec les exigences de la loi ukrainienne sur la liberté de conscience et les organisations religieuses, ainsi que les explications du service d'État ukrainien sur l'ethnopolitique et la liberté de conscience ». Le 5 avril dernier, des habitants de Khmelnytskyï avaient organisé une réunion clandestine de « transfert » de la paroisse à l’Eglise du pouvoir.

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Hier, des habitants de Volnoye, dans la région de Dnipropetrovsk, ont décidé le « transfert » de la paroisse Saint-Pantaleimon à l’Eglise du pouvoir. La fausse « réunion paroissiale », à la Maison de la Culture, était dirigée par une journaliste, et y participaient des habitants d’autres villages. La paroisse avait prévenu la veille les autorités locales et la police qu’une réunion illégale allait être tenue. Auparavant, les fidèles s’étaient réunis et avaient réaffirmé leur loyauté à l’Eglise orthodoxe ukrainienne.

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Extraits d’une interview de l’évêque Irénée de Bačka, porte-parole de l’Eglise orthodoxe serbe.

il n’était jamais venu à l’idée de quiconque de diviser l’Église ou de décider de son sort, de son organisation et de sa structure, sur la base que la majorité de chacun des pays impliqués dans le conflit armé professait son enseignement. C’est malheureusement ce qui se passe actuellement en Ukraine, où les autorités se sont senties autorisées à déclarer ennemie, en plus de la Russie, l’Église, ou plutôt l’Église orthodoxe ukrainienne, qui a un statut autonome et est presque totalement indépendante du patriarcat de Moscou, avec lequel, en même temps, elle est en communion et en unité normales, comme avec toutes les autres Églises, y compris notre Église orthodoxe serbe. Dans le même temps, les autorités ukrainiennes soutiennent une “Église” schismatique, totalement illégale et inexistante, en l’imposant à la population du pays et en essayant de la transformer, comme je l’ai dit récemment, en une Église d’État et une sorte de structure inquisitoriale, qui mène des procès, procède à des arrestations et se comporte généralement d’une manière qui ne sied pas du tout à l’Église. L’Église ne peut recourir à aucune forme de violence, ne peut saisir les églises et les monastères par la force, ne peut insulter les gens ou arrêter le clergé. Il est inacceptable d’arrêter le supérieur d’un monastère et l’higoumène d’environ 250 moines, c’est-à-dire l’une des plus grandes fraternités monastiques du monde, dont le seul tort est de ne pas vouloir tenir un discours de haine. Il n’y a pas de monastère ou de centre spirituel qui prêche la guerre et ne prône pas la paix, le dialogue et l’amour compatissant pour tous ceux qui souffrent, quels qu’ils soient. Nous ne pouvons pas, comme certains politiciens, dire : “Nous sommes pour ce côté – disons le côté ukrainien – et pour nous, il n’y a pas de sacrifice, pas de souffrance, pas de gémissement de l’autre côté”. Nous ne pouvons pas non plus dire le contraire. Mais nous pensons que la justice dans cette guerre est – entièrement ou presque – du côté de la Russie, parce que la Russie n’a pas cherché la guerre ; la guerre a été voulue et imposée par l’Occident. Pour autant que je sache, cette opinion est celle qui prévaut dans le monde orthodoxe. J’ose dire que c’est mon opinion la plus sincère.

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Il s’agit d’une attaque contre le cœur même de l’Orthodoxie russe au sens le plus large du terme, que nous pouvons ressentir avec une clarté particulière dans notre propre histoire. L’Ukraine est malgré tout un terme nouveau et, en tant que construction, elle est nouvelle à tous points de vue : en tant qu’identité nationale, c’est un phénomène très jeune et, en tant qu’État, elle n’avait jamais existé avant Lénine. Le véritable fondateur de l’Ukraine est Lénine. Il n’y a rien à faire. Il est impossible de changer cela.

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La grande majorité des croyants en Ukraine sont des Ukrainiens, pas des Grands Russes, et ils ne sont pas arrivés là de nulle part, mais y vivent depuis longtemps. En même temps, le premier État russe et l’Église russe en tant que structure organisée séparément ont été créés dans ce pays. Ce que le Kosovo-Métochie est pour nous, avec les lieux saints qui s’y trouvent, Kiev l’est pour l’ensemble du monde russe, et peut-être plus encore. Le monde russe est un terme que chacun interprète à sa manière : certains dans un sens positif, d’autres dans un sens négatif ; mais c’est un fait que nous parlons d’un ensemble organique, qui s’est divisé au fil du temps en trois branches, qui, jusqu’à une date relativement récente, n’étaient pas considérées comme absolument distinctes et encore moins comme des nations et des États ennemis. Et je crois personnellement que les processus en Ukraine n’ont pas été spontanés, mais qu’ils ont été déclenchés avec beaucoup d’habileté.

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L’Église est simplement l’Église ; l’Église n’est pas en guerre, ne peut pas être en guerre et ne devrait certainement pas être en guerre. Dans ce contexte, on assiste à une persécution directe de l’Église, qui n’est pas plus douce que pendant les pires années de la période soviétique, lorsque, dans toute l’Ukraine, il n’y avait que deux églises où l’on célébrait des offices : l’une à Kiev, et pas même dans la ville, mais dans le cimetière, et une autre à Odessa. Toutes les autres étaient fermées, détruites et profanées. Dans la partie la plus sacrée du sanctuaire, il y avait généralement un café pour les membres du KGB, ou quelque chose de similaire, et il y a eu des choses encore pires, que nous n’allons pas détailler maintenant. Mais tout cela a été surmonté, restauré au prix de grands efforts et de sacrifices. Et ces gens, qui sont aujourd’hui persécutés, ont fait revivre tout cela et l’ont remis dans un état magnifique. Quelle propreté, quelles pelouses, quels parterres de fleurs ! – Je n’ai jamais vu cela dans aucun de nos monastères, sauf peut-être dans un de nos couvents féminins.

Commentaires

  • "Ce que le Kosovo-Métochie est pour nous, avec les lieux saints qui s’y trouvent, Kiev l’est pour l’ensemble du monde russe, et peut-être plus encore." Pour ceux qui ont du mal à comprendre le traumatisme pour les Russes de voir l'Ukraine sortir de leur sphère culturelle commune pour se jeter dans les bras de leurs ennemis.

  • Il ne se jettent pas mais on les y jette car le projet est tout simplement de détruire la foi. Satan est à l'oeuvre et nous sommes du mauvais côté.

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