Jésus laisse les scribes et les pharisiens calomniateurs et passe dans la région de Tyr et de Sidon pour guérir les Tyriens et les Sidoniens. Mais voilà qu’une Cananéenne sort du pays qui fut jadis le sien afin d’obtenir par ses cris la santé de sa fille. A noter que la guérison de la fille de la Cananéenne se place en quinzième lieu. « Ayez pitié de moi, Seigneur, fils de David ! » Si elle avait appris à invoquer le fils de David, c’est qu’elle avait déjà quitté son pays, et avait renoncé à l’erreur des Tyriens et des Sidoniens en changeant de lieu et de foi.
« Ma fille est tourmentée par un démon. » Pour moi, je pense que la fille de la Cananéenne représente les âmes des croyants qui étaient tourmentées par le démon tant qu’elles ne connaissaient pas le Créateur et adoraient la pierre. « Mais il ne lui répondit pas un mot. » Ce n’est pas orgueil de pharisien, ce n’est pas dédain de scribe ; mais il ne voulait pas donner l’impression que lui-même contrevient à son ordre : « Ne prenez pas le chemin des nations païennes et n’entrez pas dans les villes des Samaritains. » En effet, il ne voulait pas donner prise à ses calomniateurs et réservait la plénitude du salut des nations païennes au temps de la Passion et de la Résurrection.
« S’approchant de lui, ses disciples lui demandaient : Renvoie-la, car elle crie derrière nous. » Les disciples, qui à ce moment ignoraient encore les mystères du Seigneur, intercédaient en faveur de la Cananéenne, – qu’un autre évangéliste appelle Syro-Phénicienne –, soit que la compassion les touche, soit que le désir d’être débarrassé de son importunité les anime ; car elle redoublait ses cris comme pour un médecin non pas clément, mais impitoyable. Quant à lui, voici la réponse qu’il fait : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Non qu’il n’ait pas été envoyé aussi vers les nations païennes, mais il l’a d’abord été en Israël et comme ceux-ci n’ont pas accueilli l’Évangile, son passage vers les nations païennes se justifie.
Saint Jérôme, leçon des matines.